Le Blanc - Les entreprises devraient-elles mettre leur régime d'options aux poubelles? C'est ce qu'a fait Mediagrif

Publié le 12/04/2013 à 12:09, mis à jour le 12/06/2013 à 10:44

Le Blanc - Les entreprises devraient-elles mettre leur régime d'options aux poubelles? C'est ce qu'a fait Mediagrif

Publié le 12/04/2013 à 12:09, mis à jour le 12/06/2013 à 10:44

BLOGUE. Les régimes d’options d’achat d’actions existent depuis de nombreuses années. Par contre, c’est vraiment au cours des années 90, pendant les belles années techno, qu’ils sont réellement devenus populaires. À cette époque, les sociétés versaient des options à leurs dirigeants comme des bonbons en oubliant souvent leurs coûts réels puisque ces octrois n’occasionnaient aucune dépense comptable immédiate.

Heureusement, les règles comptables forcent désormais les sociétés à passer les octrois d’options à la dépense, ce qui, en plus de l’éclatement de la bulle techno, a considérablement refroidi l’ardeur des sociétés à émettre des options. Il reste que la grande majorité des sociétés que je connaisse continuent de verser des options à leurs dirigeants. En général, les actions qui seraient émises si les options d’achat en circulation des sociétés représentent entre 5 % et 10 % de leurs actions en circulation. Ces options représentent donc une dilution potentielle non négligeable pour les actionnaires de ces sociétés.

Qui plus est, de plus en plus de gens expriment des doutes quant à l’efficacité des options à aligner les intérêts des dirigeants d’entreprises avec ceux des actionnaires. Prenons l’exemple concret d’un pdg qui se voit octroyer par le conseil d’administration une option qui lui permettra d’acheter 500 000 actions à 10 $ d’ici cinq ans. Au moment, de cet octroi, le titre de la société vaut 10 $ par action. Évidemment, ce dirigeant aura tout intérêt à faire augmenter la valeur du titre au cours des cinq prochaines années afin de maximiser la valeur de son option. Si cinq ans plus tard le titre vaut 20 $, il exercera son option en achetant 500 000 nouvelles actions à 10 $, pour un profit de 5 M$. Au contraire, si au bout de cinq ans le titre vaut toujours 10 $, voire moins que 10 $, il n’exercera pas son option et celle-ci n’aura plus aucune valeur.

Mais les actionnaires existants de la société sont-ils réellement favorisés par l’attribution d’une telle option au pdg de leur entreprise? Pas si sûr. En effet, avec de telles options, le dirigeant n’encourt aucun risque : il gagne si le titre s’apprécie mais ne perd pas s’il baisse. De fait, même s’il faisait un travail médiocre, les probabilités sont élevées que le cours du titre de l’entreprise se soit apprécié au cours des cinq années subséquentes, ne serait-ce que par l’action de l’inflation ou d’une hausse des marchés boursiers.

D’autre part, ces options peuvent inciter un dirigeant à prendre des risques élevés afin de tenter d’augmenter le cours d'un titre à court terme. Il pourrait par exemple endetter exagérément la société afin de maximiser ses profits. Il pourrait aussi faire des acquisitions risquées. Je me demande aussi si, au cours des dernières années, les généreux octrois d’options aux dirigeants n’ont pas encouragé les décisions axées sur le court terme, aux dépens du développement durable d’une entreprise…

Enfin, de tels programmes d’options résultent souvent en une augmentation significative du nombre d’actions en circulation d’une société.

Une autre solution

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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