La Bourse sur une perspective de 100 ans (partie III)

Publié le 25/09/2020 à 10:24

La Bourse sur une perspective de 100 ans (partie III)

Publié le 25/09/2020 à 10:24

Une boutique Apple

(Photo: Getty Images)

BLOGUE INVITÉ. Dans cette série portant sur une perspective historique de 100 ans de la Bourse inspirée du livre «Triumph of the Optimists», j’ai parlé du changement de la taille relative des marchés de divers pays et de l’évolution de la composition des marchés boursiers par secteur au cours du 20e siècle.

Dans ce blogue, je traiterai d’un sujet qui me paraît particulièrement d’actualité – le niveau de concentration de divers marchés mondiaux ainsi que l’évolution de la tendance de cette concentration à travers le monde et plus particulièrement aux États-Unis. Les statistiques citées dans ce blogue proviennent encore une fois de «Triumph of the Optimists», dont les auteurs sont MM. Elroy Dimson, Paul Marsh et Mike Staunton (Princeton University Press, 2002).

Le sujet de la concentration des marchés boursiers me semble contemporain. À preuve, voici les 10 plus grandes sociétés de l’indice S&P 500 (en incluant les deux classes d’actions d’Alphabet) en date du 31 août dernier:

 

 

Il s’agit à mon avis d’un niveau de concentration inquiétant. Pensez-y: 10 sociétés, soit moins de 2% des entreprises du S&P 500, accaparent près du tiers de sa valeur.

Comment une telle situation s’inscrit-elle dans une perspective historique et comment la comparer à celle d’autres pays?

Les auteurs de «Triumph of the Optimists» ont analysé 17 pays et comparé leur niveau de concentration à la fin de 2000. Prenez note que cette date correspond à peu près au sommet de la bulle technologique et qu’elle a sûrement quelque peu gonflé l’évaluation et le poids de certains titres de ce secteur dans plusieurs pays. Par exemple, le titre de Nortel dominait toujours le marché canadien à la fin de 2000 avec un poids de 15% de la valeur du marché canadien.

 

 

 

Toujours avec le bémol que ce sont des statistiques datant de la fin de l’année 2000, vous noterez que le marché américain était alors sensiblement moins concentré que les marchés boursiers des autres pays. C’est un peu normal lorsqu’on sait qu’il s’agit du plus grand marché boursier de la planète. Les marchés d’autres pays sont sensiblement plus concentrés, dont le Royaume-Uni où le titre de Vodaphone représentait 9% de son marché boursier. Et que dire de la Finlande où le titre de la société Nokia accaparait 70% de son marché! Pas facile pour un investisseur indiciel d’obtenir une diversification adéquate dans de tels marchés.

Quant à la tendance historique de l’évolution de la concentration au cours du 20e siècle, voyons ce qui s’est produit dans le marché américain pendant la période:

 

 

 

On constate que la tendance générale au cours du siècle a été une diminution de la concentration du marché américain: les 10 plus importants titres représentaient près de 38% du marché boursier américain en 1900 contre près de 11% en 2000.

La tendance des 20 dernières années va donc à l’encontre de la tendance historique des 100 années précédentes. L’histoire semble nous indiquer qu’une telle situation n’est pas soutenable à long terme, mais j’ajouterais qu’elle pourrait prendre bien des années avant de se corriger.

La semaine prochaine, dans la dernière partie de cette série de blogues sur l’évolution de la Bourse au 20e siècle, j’aborderai le sujet qui interpelle tous les investisseurs: les rendements obtenus par les Bourses de divers pays au cours du 20e siècle.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA, chef des placements chez COTE 100

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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