Investissement responsable: penser «gagnant-gagnant»

Publié le 22/11/2019 à 14:05

Investissement responsable: penser «gagnant-gagnant»

Publié le 22/11/2019 à 14:05

Des plantes qui poussent sur des monticules de pièces de monnaie.

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. J'ai reçu récemment plusieurs questions d'investisseurs concernant l'investissement responsable, particulièrement en ce qui concerne l'environnement. De toute évidence, un nombre croissant d'investisseurs sont interpellés par ces questions et désirent faire une différence en orientant leurs investissements vers des entreprises responsables. Je ne peux qu'applaudir cette prise de conscience.

On nous demande comment nous orientons nos investissements afin d'être plus responsables.

En premier lieu, je ne crois pas qu'un investisseur devrait se fermer quelque porte que ce soit. Ce n'est pas une bonne idée, selon moi, de s'ériger des carcans qui limiteront passablement, et parfois de manière déraisonnable, les possibilités d'investissement.

Un exemple. Nous pourrions décider que nous n'investirons pas, de près ou de loin, dans le secteur pétrolier en raison de sa lourde empreinte écologique. C'est, je crois, ce que certains importants fonds de pension ont décidé de faire. Or, je suis récemment tombé sur une petite entreprise du secteur qui fabrique des équipements utilisés par les producteurs de pétrole et de gaz pour réduire de manière appréciable les polluants atmosphériques créés par la technique du «flaring» (brûlage à la torche). Même si cette société fait partie de l'industrie pétrolière, ses produits pourraient contribuer substantiellement à rendre l'industrie plus verte. Est-ce une bonne idée de l'exclure de son univers de placements potentiels simplement parce qu'elle est une membre de l'industrie pétrolière?

J'estime que chaque cas est une question de jugement. Des carcans trop rigides réduisent sensiblement les occasions pour l'investisseur et pourraient leur faire rater de belles occasions de faire beaucoup d'argent tout en investissant de manière responsable.

Pour notre part, nous croyons que chacun de nos investissements doit être ce qu'on appelle une situation gagnant-gagnant pour tous les intervenants: actionnaires, clients, employés et société en général.

Puisque nous sommes des investisseurs à très long terme, nous cherchons des entreprises dont le modèle d'affaires est soutenable pendant de nombreuses années. Si un des intervenants est exploité ou lésé par les activités d'une entreprise, nous croyons que ce n'est qu'une question de temps avant que son modèle d'affaires s'effondre. Si la société fait de l'argent sur le dos de l'environnement, si elle sous-paye ses employés ou si elle exploite l'ignorance de ses clients, je suis d'avis qu’un jour ou l’autre, elle frappera un mur.

Cette question du «gagnant-gagnant» influence toutes nos décisions. C'est une des raisons pour lesquelles nous n'investissons pas (ou rarement) dans les secteurs pétrolier et minier. C'est aussi pourquoi nous éprouvons des réticences à investir dans le cannabis. Et c'est pourquoi nous n'avons pas investi par le passé dans les fabricants de cigarettes, de fusils ou d'armements. Ce ne sont pas des modèles d'affaires «gagnant-gagnant».

J'admire les principes de l'investissement responsable. Je crois également que les investisseurs doivent faire leur part, aussi bien pour l'environnement que la société, en choisissant des entreprises responsables qui créent de la valeur pour tous les intervenants. Qui plus est, je crois que chaque consommateur devrait faire sa part en optant autant que possible pour des produits écologiques et responsables.

Je ne suis toutefois pas un adepte des formules réductrices qui servent souvent de plateformes publicitaires aux firmes d'investissement. En adoptant une approche pragmatique fondée sur les principes «gagnant-gagnant» et de l'investissement à long terme, on peut faire sa part tout en se donnant toute la flexibilité requise pour obtenir de bons rendements.

À long terme, je suis convaincu que ce sont les entreprises responsables qui, tout en tenant compte du bien de la société et de la planète, créeront le plus de valeur pour leurs actionnaires. Comme on dit, «les bonnes actions font les bonnes affaires».

Philippe Leblanc, CFA, MBA

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