Cependant, malgré les succès commerciaux retentissants de la société, vous ne pouvez vous empêcher de vous poser quelques questions concernant votre investissement dans RIM. D’une part, la société sera-t-elle en mesure de garder son avance technologique face à la concurrence qui se fait de plus en plus présente? Vous savez par exemple que le marché de consommation est particulièrement fragile et influencé par les modes.
Vous savez aussi que si la société veut poursuivre sa croissance, elle devra sans cesse développer et commercialiser de nouveaux téléphones de plus en plus performants et attirants pour ses nombreux usagers. En 2008 seulement, elle a lancé 8 nouvelles variantes de son BlackBerry. Par ailleurs, en examinant les états financiers de 2008, vous constatez que plus de 79 % des revenus de la société proviennent de la vente d’appareils alors que les revenus davantage récurrents provenant du service et de la vente de logiciels comptent pour seulement 21 % de son chiffre d’affaires.
D’autre part, vous vous demandez si la marge bénéficiaire après impôt de 21,5 % qu’a dégagée la société en 2008 est soutenable à long terme?
Enfin, un autre élément non négligeable est qu’à son cours de près de 120 $, le titre se vend à plus de 50 fois les profits par action de 2,26 $ réalisés au terme du plus récent exercice…
Tous ces éléments vous trottent dans la tête alors que vous considérez l’important profit que vous avez obtenu avec le titre de RIM… Mais la question que vous devriez vous poser en tant qu’investisseur à long terme est la suivante : ai-je une bonne idée d’où sera la société dans cinq ans?
La suite des choses est tragique et connue de tous. Certains blâmeront la direction pour le déclin de l’entreprise au cours des dernières années en disant par exemple qu’elle a été arrogante et qu’elle a perdu son focus. Pour ma part, compte tenu du modèle d’affaires de RIM, j’estime que ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne se fasse rattraper par ses concurrents. Les barrières à l’entrée de son secteur n’étaient tout simplement pas assez élevées.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100.