Qui entre M. Bull et M. Bear aura raison?

Publié le 05/10/2018 à 14:18

Qui entre M. Bull et M. Bear aura raison?

Publié le 05/10/2018 à 14:18

Photo:123rf

BLOGUE INVITÉ. En lisant les journaux ce matin, cette conversation fictive m’est venue à l’esprit:

M. BULL: «Le marché boursier américain atteint de nouveaux records. L’indice Dow Jones se rapproche dangereusement des 27 000 points. L’économie américaine devrait croître à un rythme de 3,1 % en 2018, le taux de croissance le plus rapide depuis la crise financière de 2008-2009.»

M. BEAR: «Oui, mais ces gains sont un peu artificiels. Ils sont en grande partie alimentés par une forte coupure du taux d’imposition des sociétés américaines. L’effet positif de cette baisse sera ponctuel et probablement de courte durée.»

M. BULL: «Ce n’est pas juste la baisse du taux d’imposition. La diminution du niveau de réglementation dans de nombreux secteurs a aussi un impact positif sur le niveau d’investissement des entreprises et sur le sentiment général.»

M. BEAR: «Peut-être bien, mais il reste que la situation du plein emploi en Amérique du Nord est la cause d’une pénurie sans précédent de main d’œuvre. Les entreprises ne pourront plus croître aussi rapidement, car elles ne trouvent pas de personnel qualifié. Les salaires commencent d’ailleurs à augmenter un peu partout, ce qui causera tôt ou tard un retour de l’inflation.»

M. BULL: «Les sociétés sont présentement très rentables et leurs marges bénéficiaires atteignent des niveaux record. Elles peuvent aussi rapatrier leur encaisse qui était en quelque sorte gelée à l’étranger depuis des années. Elles investiront davantage, notamment dans l’automatisation, ce qui réduira l’impact négatif de la pénurie de main-d’œuvre ainsi que la pression sur leurs marges bénéficiaires.»

M. BEAR: «Quoiqu’il en soit, le marché boursier arrive à presque 10 ans de hausse sans correction majeure. En termes de ratio cours-bénéfices, son évaluation est plus élevée que la moyenne historique.»

M. BULL: «Il faut voir l’évaluation des marchés en relation avec les taux d’intérêt. Or, les taux, même s’ils ont monté et qu’ils continueront probablement de monter au cours des mois à venir, sont tout de même à des niveaux historiquement bas. Sur cette base, les marchés ne sont pas nécessairement chers.»

M. BEAR: «La situation géopolitique est particulièrement volatile. Trump est une boîte à surprise et qui sait où nous mènera la guerre commerciale avec la Chine. Brexit n’est pas encore réglé. Les élections américaines de mi-mandat s’en viennent. Le marché boursier tient-il compte de tous ces risques potentiels?»

M. BULL: «Trump va régler la guerre commerciale avec la Chine, comme il vient de le faire avec le Canada. Ses paroles (et ses tweets) ne sont que des moyens d’exercer de la pression sur un pays qui a grandement besoin du marché des États-Unis.»

Qui a raison? J’ai bien peur que ce ne soit les deux. C’est précisément ce qui fait un marché boursier: pour chaque transaction, il y a un acheteur et un vendeur, un optimiste et un pessimiste. Il y toujours de très bonnes raisons d’investir, comme il y a toujours des raisons très valables de rester sur les lignes de côté.

Ma façon de voir les choses est simple: faisons abstraction de la macroéconomie et de la géopolitique et concentrons-nous sur nos entreprises en portefeuille.

Personne ne peut prévoir les mouvements à court terme des marchés boursiers. Qui peut dire si le prochain plateau de l’indice Dow Jones, aujourd’hui tout près de 27000 points, sera de 28000 ou de 26000? Mais à long terme, en dépit des corrections, des récessions, des catastrophes naturelles et attentats terroristes, le marché boursier poursuivra sa progression. Je prédis que le prochain mouvement de 20000 points du Dow sera à la hausse.

Il importe d’avoir une vision à long terme et de rester présent en Bourse. À long terme, M. Bull aura raison de M. Bear.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

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À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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