Désaffection pour les titres défensifs

Publié le 25/05/2018 à 15:39

Désaffection pour les titres défensifs

Publié le 25/05/2018 à 15:39

Photo:123rf

Dans la gestion de nos portefeuilles sous gestion, nous avons toujours porté une attention particulière à la préservation du capital. C’est pourquoi, au fil des ans, nous avons eu une prépondérance de titres dits «défensifs» en portefeuille. Règle générale, un titre défensif est celui d’une entreprise dont les activités sont peu cycliques, c’est-à-dire que ses bénéfices ne sont pas affectés outre mesure par les cycles économiques. Aussi, les titres défensifs sont souvent ceux de sociétés qui versent des dividendes relativement importants. En outre, ces titres ont tendance à subir de moins fortes baisses lors des corrections de marché.

Règle générale, les titres des sociétés de quelques industries sont considérés comme défensifs. C’est le cas notamment des titres des secteurs de la consommation de base, de la santé, des services de communication et des services publics.

Or, la performance de trois de ces secteurs figure parmi les pires du S&P 500 au cours de la période:

Une autre information provenant de Standard & Poor’s confirme cette relative désaffection des investisseurs pour les titres défensifs. On peut ainsi voir que les ratios cours-bénéfices prévus de 2018 des secteurs défensifs sont à escompte par rapport à celui du S&P 500:

Pourquoi ces titres sont-ils sous pression?

On peut à mon avis évoquer plusieurs facteurs. D’une part, on constate une baisse du pouvoir de négociation des fabricants de produits de consommation de base et alimentaires en raison de la consolidation du secteur du commerce de détail. Il est difficile d’imposer une hausse de prix à Walmart ou à Costco. D’autre part, le commerce en ligne est de plus en plus important, ce qui a tendance à diminuer l’attrait des produits de marque, car l’Internet augmente la transparence des prix. En outre, les grands détaillants préconisent de plus en plus le développement de leurs propres marques privées. On peut notamment penser à l’arrivée d’un détaillant comme Aldi aux États-Unis ou d’un joueur comme Trader Joe’s qui n’offrent que des produits de marques maison. Aussi, la hausse du coût du pétrole exerce probablement une pression sur les marges des fabricants de produits de consommation, tant pour les coûts des matériaux que pour la distribution de ces produits. Enfin, les investisseurs craignent sans doute la présence de plus en plus lourde d’Amazon dans de nombreux segments du détail.

Cela dit, malgré les pressions omniprésentes, nous sommes d’avis qu’il y a de belles sociétés dans les divers secteurs défensifs et qu’il ne faut pas mettre tous les titres de ces secteurs dans le même panier.

Il me semble que beaucoup d’investisseurs sont à la recherche de sociétés de croissance et de rendements potentiels élevés. Les titres techno, des titres que j'estime plus risqués, ont davantage la cote que les titres défensifs depuis quelque temps. Ce ne sera pas toujours comme ça; un jour ou l’autre, les investisseurs seront à nouveau attirés par les qualités des titres défensifs. Entre-temps, j’estime que les investisseurs en quête d’occasions devraient jeter un sérieux coup d’œil aux divers titres des secteurs défensifs.

 

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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