De la futilité du «market timing»

Publié le 18/11/2016 à 08:35

De la futilité du «market timing»

Publié le 18/11/2016 à 08:35

Photo:123rf

BLOGUE. J'ai été le premier à tomber de ma chaise (ou plutôt de mon lit), il y un peu plus d'une semaine, lorsqu'il est devenu clair que M. Trump était en voie de remporter les élections présidentielles américaines. Qui aurait pu y croire? Bien que je n'aie pas suivi la campagne présidentielle de près, je gardais un oeil intéressé sur les sondages et sur les manchettes, qui dans la grande majorité donnaient Mme Clinton gagnante. On m'a toujours dit de ne pas croire tout ce que je lis!

De fait, j'avais pris l'habitude de consulter le site du New York Times qui présentait l'agrégation d'une dizaine de sondages sérieux sur les intentions de vote des Américains pour le (ou la) président. Globalement, ce site calculait une probabilité de 84% que Mme Clinton remporterait l'élection et ce, jusqu'à la dernière heure... Oups. N'avait-on pas eu notre leçon avec Brexit?

Mais la question que je me pose est la suivante: un investisseur aurait-il pu anticiper le résultat des élections et se positionner pour en profiter?

Pour ce faire, il aurait fallu qu’il ait raison à au moins deux niveaux: qui gagnerait les élections et comment réagirait le marché boursier par la suite.

Or, si je suis tombé en bas de ma chaise le soir des élections, j'en suis retombé encore plus lourdement le lendemain matin! Qui aurait pu croire que le marché boursier réagirait positivement à l'élection de Trump? De fait, lorsque je me suis endormi la veille, les futures du marché boursier américain accusaient un recul de près de 6%! Dans les semaines menant au vote, la grande majorité des observateurs prévoyaient les pires scénarios advenant une victoire de Trump. Pourtant, le S&P 500 a terminé la journée qui a suivi le vote en hausse de 1,1%. Sept séances après le vote, cet indice affiche une hausse de 2,2%, une hausse modeste, j'en conviens, mais combien éloignée des pires scénarios appréhendés!

Pour moi, cette élection, et la réaction du marché qui l'a suivie, démontrent clairement qu'il est futile de tenter de faire du «market timing», de jouer au plus fin avec le marché boursier. Car comme je l'ai dit plus haut, pour réussir à profiter des élections ou pour s'en protéger, il fallait avoir raison à au moins deux niveaux. Même si vous aviez eu une chance sur deux de prévoir qui gagnerait les élections (ce qui me semble irréaliste, compte tenu de ce que les sondages prévoyaient), il fallait aussi avoir raison quant à la direction que prendrait le marché au lendemain de ces élections; soyons très généreux et disons que vous aviez une chance sur deux, là aussi. Cela veut dire que vous aviez une chance sur quatre, ou 25% (50% * 50%), d'avoir raison et de profiter de la victoire de Trump. La réalité, vous en conviendrez, était probablement bien loin de cette probabilité.

Au fil des ans, nous avons ajouté un P, à la devise des trois P de notre société de gestion de portefeuille : «prévoyance, prudence et patience» est ainsi devenue «prévoyance, prudence, patience et présence». Pour paraphraser La Fontaine, «rien ne sert de transiger, il faut rester présent».

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est président et chef des placements chez COTE 100, une boutique de gestion de portefeuille. Il est également éditeur de la Lettre financière par COTE 100, publiée mensuellement depuis 1988.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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