CP ou pourquoi une « bonne business » pardonne souvent

Publié le 31/01/2014 à 15:36, mis à jour le 02/02/2014 à 10:27

CP ou pourquoi une « bonne business » pardonne souvent

Publié le 31/01/2014 à 15:36, mis à jour le 02/02/2014 à 10:27

BLOGUE. La société de chemin de fer Canadien Pacifique, qui est issue d’une scission du conglomérat Canadien Pacifique Limitée, a été inscrite en bourse en 2001. Jusqu’à cette date, elle faisait partie d’un vaste conglomérat qui a été divisé en cinq sociétés distinctes : Chemin de fer CP, PanCanadian Energy, Les Charbons Fording, Les Hôtels Canadien Pacifique et CP Navigation.

Or, en examinant les états financiers de 2001, on constate que la société Chemin de fer CP n’était pas l’entreprise la plus rentable de son secteur, loin de là. De 1997 à 2001, son ratio d’exploitation, la mesure la plus utilisée pour évaluer l’efficacité d’un chemin de fer (plus ce ratio est bas, plus la société est efficace), avoisinait les 78 % (81,4 % en 1997 et 77,3 % en 2001). De tels ratios étaient largement inférieurs à ceux des entreprises les plus efficaces telles que le Canadien National. Au cours de la même période, le ratio d’exploitation du CN atteignait en moyenne 72,8 %, s’établissant à 68,5 % en 2001. CP était reconnue comme le « cancre » de l’industrie ferroviaire.

Pourtant, les actionnaires qui ont investi dans CP en 2001 ont fait beaucoup d’argent. Selon Yahoo, d’un cours de près de 31,00 $ au moment de son entrée en bourse en juillet 2001, la valeur du titre de la société de chemin de fer Canadien Pacifique a été multipliée par 5,5. Pas si mal pour un cancre!

Toutefois, la majeure partie de cette appréciation est survenue au cours des dernières années, à la suite d’une bataille entre actionnaires qui a mené à la nomination de M. Hunter Harrison à titre de p.d.g. en juin 2013. Ce dernier avait été l’un des architectes du succès opérationnel et boursier du Canadien National dans les années 2000.

Tout récemment, CP a annoncé ses résultats financiers de 2013 et ils démontrent à quel point M. Harrison a donné un vigoureux coup de barre dans les activités de la société. En effet, l’exercice 2013 s’est soldé par des profits record pour CP alors que son ratio d’exploitation a atteint 65,9 % au quatrième trimestre, en nette amélioration par rapport à celui de 74,8 affiché au même trimestre de 2012! La société s’est fixé comme objectif de ramener son ratio d’exploitation à 65 % ou moins, ce qui la rapprocherait vraisemblablement du meilleur opérateur de l’industrie, CN.

Or, si CP a réussi à traverser une longue période d’apathie sans que ses activités ne soient trop affectées par la concurrence, c’est parce que le secteur des chemins de fer est relativement à l’abri des ravages de la concurrence. En effet, ce secteur est caractérisé par des barrières à l’entrée particulièrement élevées : compte tenu des investissements massifs que nécessiterait la mise en place d’un nouveau réseau ferroviaire, il est très improbable de voir émerger un nouveau concurrent. CP a donc eu le luxe de tergiverser.

Dans la majorité des autres secteurs, les entreprises n’ont pas ce luxe. La compétition y est trop féroce. La leçon pour les investisseurs à long terme comme nous est d'être très patient avec les titres d'entreprises telles que CP. qui exercent leurs activités dans des secteurs attrayants et qui jouissent d’avantages concurrentiels difficilement attaquables.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. COTE 100 détient des actions de Canadien National dans certains de ses comptes sous gestion.

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