CGI : Patience et longueur de temps...

Publié le 01/05/2015 à 16:10

CGI : Patience et longueur de temps...

Publié le 01/05/2015 à 16:10

Selon la fable de La Fontaine, « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ».

C’est ce dicton qui m’est venu à l’esprit en lisant la réponse de M. Roach, président de Groupe CGI, quand on lui a demandé quand surviendrait la prochaine acquisition de l’entreprise. Je paraphrase mais voici ce qu’il a répondu: « Nous ne nous sentons pas forcés de faire une acquisition non rentable afin de réaliser notre objectif de doubler les revenus de CGI au cours des 5 à 7 prochaines années. Nous ne faisons pas d’acquisitions pour accroître la taille de la société mais pour créer de la valeur pour ses clients et pour ses actionnaires ». De toute évidence, toute acquisition devra rencontrer les critères stratégiques et financiers de la direction.

Plusieurs grands succès québécois et canadiens des dernières années ont résulté d’acquisitions. Des entreprises telles que Groupe CGI, Alimentation Couche-Tard, Stella-Jones, Quincaillerie Richelieu et Enghouse Systems ont créé beaucoup de valeur pour leurs actionnaires grâce à une stratégie reposant sur des acquisitions bien réalisées et ensuite bien intégrées.

CGI a effectué sa dernière acquisition en 2012 en se portant acquéreur de Logica pour la somme de 3,3 G$. Près de deux ans plus tard, le titre de la société a pratiquement doublé et ses profits par action sont passés de 1,45 $ en 2012 à un montant prévisionnel de 3,15 $ pour l’exercice 2015. En outre, la dette nette de la société est passée de 3,1 G$ après l’acquisition de Logica à la fin de l’exercice 2012, à moins de 2,0 G$ à la fin du plus récent trimestre, ce qui laisse croire à plusieurs analystes qu’une autre acquisition s’en vient.

Mais ce serait à mon avis une erreur de croire que les dirigeants de CGI sont prêts à faire une acquisition à n’importe quel prix. L’historique de CGI démontre clairement que son objectif n’est pas simplement de faire grandir la société, mais de créer de la valeur pour ses actionnaires, par le biais d'acquisitions ou autrement. Je crois que son principal souci est de bien allouer le capital de l’entreprise, d’investir ce capital là où le rendement potentiel (en tenant compte du risque) est le plus attrayant.

De fait, si vous jetez un coup d’œil à cet historique, vous remarquerez qu’avant les acquisitions des dernières années, la société avait plutôt investi des sommes substantielles dans le rachat de ses propres actions. De 2003 à 2011, le nombre de ses actions en circulation a diminué de près de 35 % par la suite de rachats d’actions. Au cours de cette période, soit dans les années qui ont suivi l’éclatement de la bulle techno, le titre de CGI s'est échangé à des ratios d’évaluation relativement bas – les rachats d’actions devaient paraître plus attrayants (et moins risqués) aux dirigeants de l’entreprise que les acquisitions.

Dans son livre The Outsiders, que je recommande chaudement, William N. Thorndike présente huit présidents de société qui ont su créer énormément de richesse pour leurs actionnaires pendant des périodes de plusieurs années. Dans la plupart des cas, ces présidents ont connu du succès en attendant patiemment que se présentent des occasions d’acquisition ou de rachat d’actions à des prix très attrayants pour leurs actionnaires. De fait, ils ont su à la fois être très patients et très opportunistes, n’hésitant pas à investir une partie substantielle du capital de leur entreprise dans de telles occasions.

Je crois que ce sont ces mêmes qualités qui caractérisent les dirigeants des entreprises telles que CGI, Couche-Tard ou Richelieu.

À bien y penser, les investisseurs ne devraient-ils pas s'inspirer de cette façon de faire pour constituer leur portefeuille boursier?

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100, une boutique de gestion de patrimoine, et éditeur de la Lettre financière COTE 100 depuis 1988.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

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