Ces damnés biais psychologiques qui bousillent nos rendements

Publié le 16/12/2022 à 11:00

Ces damnés biais psychologiques qui bousillent nos rendements

Publié le 16/12/2022 à 11:00

(Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. J’ai remarqué un phénomène au fil des ans: lorsque les marchés sont à la baisse, comme c’est le cas depuis le début de 2022, les investisseurs hésitent à changer de gestionnaire de portefeuille.

Avec le temps, j’en suis venu à croire que la raison derrière un tel comportement est principalement d’ordre psychologique. Quand les marchés boursiers sont à la baisse, de nombreux investisseurs sont insatisfaits de leur gestionnaire, mais ils hésitent à le remplacer par un autre, du moins aussi longtemps que la valeur de leur portefeuille n’a pas remonté à ce qu’elle était avant la baisse.

À mon avis, quelques biais psychologiques sont derrière cette apparente paralysie des investisseurs. 

Le premier est celui de l’ancrage. Ce biais survient lorsque notre prise de décision est fortement influencée par une parcelle d’information que nous avons reçue au début de notre processus décisionnel. Ainsi, dans l’exemple qui nous intéresse, je conçois facilement que plusieurs investisseurs hésitent à changer de gestionnaire alors que la valeur de leur portefeuille est inférieure à ce qu’elle était au début de leur collaboration. Peut-être ont-ils aussi en tête la valeur de leur portefeuille au 31 décembre 2021. Imaginez ce scénario : votre portefeuille atteignait la valeur record de 1,0 M$ au 31 décembre dernier et il vaut maintenant 875 000 $. Attendrez-vous encore quelque temps que la valeur se rapproche de 1 M$ avant de procéder à un changement de gestionnaire?

Le deuxième biais est probablement associé à notre aversion aux pertes. Les études démontrent que la souffrance psychologique associée aux pertes est deux fois plus grande que le plaisir associé à un gain équivalent. Ainsi, une perte de, disons, 1 000 $, fait deux fois plus mal qu’un gain équivalent procure de plaisir. Or, dans l’esprit de nombreux investisseurs, une perte n’en est pas vraiment une tant qu’ils ne l’ont pas concrétisée en vendant ou en transférant leur portefeuille à un autre gestionnaire.

Voilà selon moi un bel exemple de décision irrationnelle fondée sur des biais psychologiques.

Il existe de nombreux biais psychologiques qui affectent la performance des investisseurs. De fait, j’en dénombre au moins 35. 

Mais tout n’est pas perdu: il existe des trucs pour contrer les biais psychologiques. Le premier est de bien comprendre que ces biais existent et qu’ils influencent fort probablement nos propres décisions. 

Dans le cas qui nous occupe, un investisseur devrait tenter de prendre une décision fondée sur les faits et non pas sur les émotions. La décision devrait reposer sur une seule question: un changement de gestionnaire améliorera-t-il mes rendements potentiels à long terme? 

Je prendrai congé de blogue pendant la période des Fêtes et serai de retour le 6 janvier 2023. Permettez-moi donc de vous souhaiter de Joyeuses fêtes et une Bonne année 2023! 

Je vous remercie de lire mes blogues. N’hésitez pas à communiquer avec moi pour me faire part de vos commentaires, questions ou suggestions. Vos courriels sont souvent une source d’inspiration pour de futurs blogues.

Merci et bons succès boursiers à long terme!

 

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Chef des placements chez COTE 100

Auteur du livre Avantage Bourse

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