Pourquoi nous n'avons pas investi dans l'IPO d'Alibaba

Publié le 26/09/2014 à 09:54

Pourquoi nous n'avons pas investi dans l'IPO d'Alibaba

Publié le 26/09/2014 à 09:54

Photo: Bloomberg

À la blague, un ami me demandait cette semaine si nous avions participé au premier appel public à l’épargne (IPO) d’Alibaba. Le géant chinois du commerce électronique, fondé il y a seulement 15 ans, a fait son entrée en bourse jeudi dernier. Le cours de son titre à la fin de cette journée était de 93,89 $, en hausse de 38 % par rapport à son prix d’introduction (68,00 $). Il semble que la demande des investisseurs était telle que l’émission a été survendue 14 fois! Après avoir levé la somme record de 25 G$, la société affiche une valeur boursière de plus de 223 G$, ce qui en fait la 15ème plus importante société du marché boursier américain, devant IBM (192 G$).

J’avouerai bien humblement que nous n’avons même pas étudié l’IPO d’Alibaba. De fait, nous ne considérons que très rarement investir à l’occasion des premiers appels publics à l’épargne (à l’exception des émissions RÉA que nous évaluons systématiquement pour notre Fonds COTE 100 RÉA). En effet, nous sommes d’avis que les titres offerts dans le cadre de telles émissions sont généralement peu attrayants pour les investisseurs à long terme. Leurs prix sont habituellement élevés car les propriétaires des entreprises concernées attendent le moment opportun pour faire leur entrée en bourse – combien de fois avons-nous entendu qu’une entreprise avait reporté son projet de premier appel public à l’épargne parce que les « conditions du marché n’étaient pas propices »? Autrement dit, les propriétaires ont réalisé qu’il était peu probable qu’ils réussissent à obtenir le prix élevé qu’ils avaient contemplé.

Mais la principale raison pour laquelle nous n’avons pas considéré investir dans Alibaba est que la société sort de notre cercle de compétence. D’une part, le commerce électronique est un secteur appelé à connaître de grandes mutations au cours des années à venir. Est-ce qu’Alibaba sera encore un leader de ce marché de croissance dans cinq ou dix ans? C’est possible mais nous ne connaissons pas assez bien ce secteur pour pouvoir envisager ses perspectives avec un haut degré de confiance.

D’autre part, la majeure partie des revenus de la société provient de la Chine. C’est probablement une des caractéristiques qui attire les investisseurs vers le titre d’Alibaba. Comment ne pas être séduit par le potentiel d’un marché de près de 1,4 G de consommateurs? D’un autre côté, investir dans une entreprise chinoise comporte un certain nombre de risques liés notamment aux méthodes comptables utilisées, à l’évolution de la situation géopolitique et à la devise. En outre, la structure organisationnelle de la société est particulièrement complexe et comporte à mon avis son lot de risques et d’incertitudes. Enfin, la direction, en particulier son président et principal actionnaire, Jack Ma, a dans le passé fait des transactions qui allaient dans ses intérêts personnels au détriment de ceux des actionnaires minoritaires.

Il est certain que notre décision d’éviter d’investir dans la majorité des premiers appels publics à l’épargne nous fait manquer des occasions de faire des profits rapides. Par contre, il a été démontré qu’en moyenne les nouvelles émissions d’actions sont une proposition perdante pour les investisseurs. Je préfère prendre le temps d’examiner les titres de sociétés qui sont déjà en bourse depuis plusieurs années. C’est parmi ces titres que l’on est le plus susceptible de dénicher des occasions intéressantes d’acheter à prix raisonnable, en particulier lorsqu’une entreprise n’est plus sous les projecteurs d’un IPO. Je préfère aussi m’en tenir aux sociétés actives dans des secteurs que je comprends bien et dont les modèles d’affaires me paraissent soutenables à long terme. Les gains boursiers qui en découlent sont peut-être moins rapides que ceux offerts par un titre comme Alibaba, mais je crois que c’est la meilleure façon de s’enrichir à la Bourse à long terme.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
Sujets liés

Bourse

Blogues similaires

Vente à découvert: Reddit aura-t-elle besoin de sa propre armée?

Édition du 10 Avril 2024 | Denis Lalonde

EN ACTION. La première fois que j’ai porté une attention à Reddit (RDDT, 45,42 $US), ...

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

La baisse du PIB par habitant ne doit pas inquiéter, mais...

25/03/2024 | Pierre Cléroux

EXPERT. Depuis 2020, soit au début de la pandémie, le PIB par habitant a diminué de 1,3% par année au Canada.