Air Canada, la pire industrie qui soit?

Publié le 14/02/2014 à 15:47

Air Canada, la pire industrie qui soit?

Publié le 14/02/2014 à 15:47

Je parle souvent du genre d'entreprises que nous recherchons en tant qu'investisseurs à long terme. Mais si je retournais la lorgnette de côté, quelle serait la pire industrie au monde pour un investisseur à long terme?

À mon avis, elle aurait la plupart des caractéristiques suivantes :

Elle est très cyclique, c'est-à-dire qu'elle est particulièrement affectée par tout soubresaut économique. Les consommateurs perdent un peu confiance? Les résultats de cette industrie en sont aussitôt affectés par une baisse quasi-immédiate de la demande.

Ses activités sont à la merci de nombreuses variables qui sont hors du contrôle de ses dirigeants mais peuvent avoir un impact très négatif sur elles et sur sa rentabilité.

Par exemple, la baisse récente du dollar canadien lui coûte très cher parce qu'une partie importante de ses dépenses sont libellées en dollars américains. La hausse récente de ce dernier depuis quelques mois lui coûte donc très cher et fait particulièrement mal à ses résultats. D’autre part, une partie significative de ses dépenses d’exploitation est liée aux variations souvent brutales et imprévisibles d’une matière première. Lorsque les prix de cette matière première grimpent, les sociétés de l’industrie ont beaucoup de difficultés à refiler les coûts plus élevés à leurs clients. Une autre variable importante est qu'elle est ni plus ni moins à la merci de certains de ses employés clés qui peuvent la tenir en otage afin de lui soutirer des conditions salariales et des avantages sociaux très généreux.

D'autre part, les barrières à l'entrée sont relativement peu élevées, ce qui permet à peu près à n'importe qui de tenter sa chance dans cette industrie. C'est d'ailleurs ce qui se passe depuis de nombreuses années. Il semble bien que le caractère plutôt prestigieux de cette industrie attire de nombreux entrepreneurs qui oublient trop souvent la difficulté d’y réussir.

Le produit vendu aux consommateurs est une véritable « commodité ». Aucune offre ne réussit à se démarquer réellement des autres, ce qui fait que les consommateurs sont davantage intéressés par les plus bas prix offerts que par le niveau de service.

En outre, les coûts fixes de cette industrie sont très élevés, en bonne partie en raison des coûts associés à la location d'importantes immobilisations. C'est d'ailleurs pourquoi les concurrents de ce secteur n'hésiteront généralement pas à vendre leur produit à perte pendant un certain temps afin de couvrir à tout le moins une partie de leurs coûts fixes.

Vous aurez fort probablement reconnu les caractéristiques de l'industrie aérienne. Les baisses récentes des titres d'Air Canada et de Transat m'ont rappelé pourquoi nous avons opté de ne plus investir dans cette industrie qui regorge de sociétés ayant échoué et qui ne compte que très peu de véritables succès commerciaux. Les spéculateurs ont toujours été attirés par les titres de cette industrie car ils sont notoirement volatils. Les investisseurs à long terme devraient s’en tenir le plus loin possible.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100.

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