Acheter Amazon ou non?

Publié le 07/02/2014 à 15:25, mis à jour le 08/02/2014 à 09:36

Acheter Amazon ou non?

Publié le 07/02/2014 à 15:25, mis à jour le 08/02/2014 à 09:36

Avec les années, j’ai acquis le réflexe de surveiller les titres qui subissent des baisses importantes en bourse. N’est-ce pas dans ces listes de perdants qu’un investisseur à long terme est le plus susceptible de dénicher des aubaines?

Parmi les titres éclopés des dernières semaines, j’ai noté celui d’Amazon, cette méga-entreprise dont le modèle d’affaires est de vendre un peu de tout par Internet. La société a été un des plus grands succès de l’ère Internet des années 90 et une des rares de cette époque à avoir survécu et à avoir réellement enrichi ses actionnaires. Son titre ne valait que 1,55 $ en juin 1997 et il vaut présentement plus de 350 $. Pourtant, au cours des dernières semaines, il a perdu près de 15 % de sa valeur, passant de plus de 404 $ à son cours récent de 354,00 $...

J’ai donc jeté un coup d’œil à l’entreprise.

Ma première constatation est qu’Amazon est étonnamment peu rentable. Il semble bien que la stratégie de la direction depuis plusieurs années ait été de croître le plus rapidement possible, de devenir le plus grand détaillant en ligne, et de ne pas trop se préoccuper de la rentabilité. La vision de la direction semble être que, à long terme, les économies d’échelle gigantesques du plus gros détaillant en ligne le rendront à la fois indélogeable et très rentable. C’est un peu la théorie illustrée dans le film Field of Dreams : « Build it and he will come ».

Selon Value Line, les revenus d’Amazon sont passés de 5,27 G$ en 2003 à 74,5 G$ au cours de son plus récent exercice clos le 31 décembre 2013. Il s’agit d’un taux de croissance annuel composé de 30,3 %, ce qui représente une croissance phénoménale pour une entreprise d’une telle taille.

Au cours de la même période, les profits nets de l’entreprise sont passés de 168,3 M$ à 274 M$, un taux de croissance annuel composé de seulement 5 %. Ses profits par action sont passés de 0,40 $ à 0,59 $, ce qui n’est certainement pas le genre de progression qu’on espérerait d’une société en forte croissance. La marge bénéficiaire après impôt est passée de 3,2 % en 2003 à 0,4 % en 2013.

Ce phénomène me semble plutôt bizarre. N’était-ce pas une des grandes leçons de l’éclatement de la bulle techno que la croissance des revenus ne valait pas grand-chose si elle n’était pas éventuellement accompagnée par des profits et surtout par une croissance des profits? Le titre d’Amazon va directement à l’encontre de cette leçon.

179,0 fois les profits prévus

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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