20 actions pour les 25 prochaines années

Publié le 12/05/2023 à 11:15

20 actions pour les 25 prochaines années

Publié le 12/05/2023 à 11:15

Quelle serait votre démarche de sélection? (Photo: 123RF)

Quelques-uns de mes collègues et moi-même avons assisté à l’assemblée annuelle de Berkshire Hathaway samedi dernier. Je compte écrire prochainement un blogue à ce sujet pour revenir sur quelques faits saillants de cet événement.

En marge de cette assemblée, nous avons assisté à une présentation de l’équipe de direction de Markel, un titre que nous détenons dans certains de nos portefeuilles sous gestion.

Seriez-vous prêt à acheter 15 à 20 titres boursiers pour les conserver tels quels, sans aucune transaction, pendant les 25 prochaines années?

C’est le défi qu’a lancé la famille de M. Thomas Gayner, président de Markel, une société d’assurance américaine. La famille offre en effet 30 000$ US par année pendant 25 ans à deux clubs de placement de deux universités américaines. Chaque club devra choisir et acheter entre 15 et 25 titres boursiers – et les conserver sans faire aucune transaction subséquente – pendant 25 ans. À compter de l’an 26, la moitié de la valeur du premier portefeuille sera versée des bourses d’études, l’autre moitié sera réinvestie de la même manière pour les 25 années suivantes, et ainsi de suite, année après année.

Je trouve le concept fort intéressant! Il existe déjà de nombreuses compétitions étudiantes de placement, mais la plupart visent à obtenir les meilleurs rendements pendant une année scolaire, un horizon de quelques mois tout au plus. L’exercice est formateur, car il permet aux étudiants qui y participent de se familiariser avec la Bourse, mais on ne peut pas dire qu’il favorise l’investissement à long terme. Pourtant, s’il y a des investisseurs qui devraient adopter une perspective vraiment pour le long terme, ce sont bien les étudiants qui disposent de près de 50 ans d’investissement devant eux!

Si vous étiez à la place des étudiants qui devront choisir 20 titres pour les 25 prochaines années, quels seraient vos critères de sélection?

J’imagine que chacun aura sa propre démarche de sélection – d’où l’intérêt didactique d’un tel exercice.

Pour ma part, je procéderais d’abord par élimination.

Je commencerais par exclure les entreprises qui ne réalisent pas de bénéfices. Les chances qu’une entreprise déficitaire survive pendant 25 ans sont selon moi trop minces.

Ensuite, j’éliminerais les sociétés œuvrant dans des secteurs qui font face à des changements radicaux et imprévisibles. Si on n’a pas une bonne idée où sera une entreprise dans trois à cinq ans, imaginez l’incertitude sur une période de 25 ans.

J’exclurais aussi les sociétés trop endettées parce que, sur un horizon de 25 ans, le risque financier est trop grand pour de telles sociétés.

Enfin, j’éliminerais les titres appartenant à des secteurs très cycliques. À long terme, la majorité des sociétés de ces secteurs n’arrivent pas à créer beaucoup de valeur pour leurs actionnaires.

Il resterait donc les sociétés rentables (idéalement depuis longtemps et affichant une croissance robuste depuis plusieurs années), peu cycliques, évoluant dans des secteurs «relativement» stables et prévisibles et en bonne santé financière.

Parmi ces sociétés, j’aurais tendance à favoriser les sociétés bien établies, mais dont la taille n’est pas trop grande. Wal-Mart fait probablement partie des sociétés qui ne seraient pas éliminées, mais peut-on entrevoir une croissance élevée pour les 25 prochaines années dans le cas d’une société qui réalise aujourd’hui des revenus de plus de 600 milliards $ US?

Aussi, je privilégierais les sociétés dont le modèle d’affaires est protégé par des barrières à l’entrée élevées. Vingt-cinq ans, c’est long, et on veut mettre toutes les chances de son côté que le plus grand nombre des sociétés sélectionnées survivent et progressent pendant ce quart de siècle.

Enfin, bien que l’évaluation d’un titre perde passablement de son importance quand on pense en termes d’un horizon de 25 ans (la qualité du modèle d’affaires et de l’équipe de direction devient cruciale), elle est néanmoins incontournable. Je m’assurerais de ne pas payer des ratios d’évaluation trop élevés pour les titres sélectionnés.

Voilà comment je m’y prendrais. Il s’agit d’une analyse de surface. Je peux très bien concevoir qu’un groupe d’étudiants puisse passer toute une session universitaire à faire la sélection des 15 à 20 titres pour les 25 prochaines années!

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Chef des placements chez COTE 100 et auteur du livre Avantage Bourse

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