La révolution dans le transport urbain (1)

Publié le 29/01/2014 à 08:00

La révolution dans le transport urbain (1)

Publié le 29/01/2014 à 08:00

Premier billet d'une série sur la révolution dans le transport urbain

Les start-ups sont à vos portes!

« On n’a pas su s’adapter à la vitesse d’Internet ». Ce constat vient de Joe Spratt, présidente d’Allo-Stop Québec et cofondatrice du service, pour expliquer le déclin et la fermeture de la compagnie en janvier 2014, après plus de 30 ans d'opérations1.

Cette annonce est représentative d'une nouvelle réalité dans le secteur du transport urbain :

- L'introduction des technologies mobiles à bas coûts accélère la transformation de tous les secteurs du transport urbain : l'auto-partage, le taxi, le co-voiturage, le transport en commun, le vélo, les chauffeurs amateurs et l'autobus voyageur;

- Le changement majeur des comportements de déplacement des usagers/citoyens, plus soucieux aujourd'hui que jamais de l'environnement et de l'optimisation des ressources existantes (d'où la consommation collaborative).

La mission d'Allo-Stop visait juste mais la compagnie n'a pas su prendre le virage technologique assez rapidement (là où a réussi Amigo Express) et innover dans la façon d'offrir ses services auprès des membres. De nombreuses compagnies existantes dans le secteur du transport auront besoin de s'adapter rapidement (et radicalement) pour répondre à ces nouveaux comportements, si elles ne souhaitent pas être poussées vers la voie de garage.


L'innnovation pour lutter contre la "voiture solo" 

Pour ce billet (no 1 d'une série sur le transport urbain), je m'attarde d'abord au travail de certaines start-ups qui mettent en oeuvre des solutions pour améliorer la qualité du transport urbain. J'ai donc eu une discussion avec certains de mes confrères-entrepreneurs et il en est ressorti un thème majeur : le problème numéro 1 à résoudre est la "voiture solo" (ie. la voiture avec un seul passager à bord). Et chacun des entrepreneurs aborde la résolution du problème (ou du moins une partie) par une innovation dans son secteur.

Je vous les présente donc :

- Marc-Antoine Ducas, Président et co-fondateur de Netlift

- Louis-Philippe Maurice, Président et co-fondateur de Busbud

- Sam Vermette, Président et co-fondateur de Transit App

Quand on pense à l'innovation (terme souvent galvaudé), on pense trop souvent à une technologie ou à une "patente" inventée. Or, le consensus dans mes discussions avec les entrepreneurs, c'est que l'innovation est étroitement reliée à la capacité de retirer la friction qui peut exister dans une expérience ou dans une transaction qui existe déjà.

Avec la croissance d'utilisation des smartphones, qui permet la géolocalisation à portée de main, le nombre de services visant à optimiser les déplacements urbains s'est multiplié. Ces services ont aussi dérangé l'ordre établi dans un secteur qui ne bouge pas toujours très vite. Le problème évident qui survient est la capacité qu'ont les entreprises établies à s'adapter aux nouvelles technologie et surtout, aux nouveaux modes de consommation et de déplacements des gens.

"On est rendu à une ère où le prix des services mobiles est bas et la quantité de valeur est énorme. Ça crée un élément majeur de rupture (ou "destruction innovatrice"). Les barrières à l'entrée sont pulvérisées." explique Marc-Antoine Ducas de Netlift. En effet, il est aujourd'hui possible de démarrer la mise en marché d'un service ou d'un produit en quelques mois grâce aux méthodes de développement rapides et aux infrastructures technologiques dont le coût, d'année en année, tend vers 0$.

L'innovation au service d'une meilleure qualité de vie urbaine

La base de l'innovation est donc la réduction de la friction dans l'expérience d'un service et dont le premier bénéficiaire est l'utilisateur. Dans le cas des entrepreneurs cités ici, les services qu'ils offrent permettent aux utilisateurs d'avoir une expérience plus simple, plus rapide, plus efficace ou plus économique. Dans l'ordre, voici un résumé des solutions proposées au problème de la voiture solo :

- Netlift : une application de covoiturage spécialisée dans les déplacements (urbains et sub-urbains) quotidiens qui met en contact des passagers et des conducteurs disposés à partager les places disponibles dans leur véhicule pour aller travailler ou simplement se déplacer. Le service permet de connecter un trajet en automobile avec un trajet en transport en commun.
Le problème auquel Netlift s'adresse? Le gros enjeux, selon Marc-Antoine Ducas, est le suivant : "comment sommes-nous capables de redistribuer le transport des personnes? C'est par l'utilisation et l'optimisation du parc de voitures et par la lutte à la voiture solo. La scénario idéal c'est la multi-modalité. Une portion en auto et une portion en transport en commun." Le modèle économique de Netlift est donc de prélever une part de chaque transaction (et il y a un potentiel de plusieurs millions par jour par centre urbain).

- Busbud : déjà implantée dans 69 pays, 4299 villes, l'entreprise offre un service web et mobile d'achat de billets d'autobus interurbains qui facilite grandement l'expérience de bout en bout. Busbud simplifie au maximum le processus en mettant à la disposition de ses utilisateurs un outil qui permet de franchir les barrières de la langue et de faire des transactions dans plusieurs devises peu importe où on se trouve dans le monde. L'entreprise s'adresse pour l'instant surtout au segment de voyageurs de 18 à 24 ans.
Le problème auquel Busbud s'adresse? L'idée de BusBud, m'a conté Louis-Philippe Maurice, lui est venue de son voyage au Brésil. "Je me suis rendu compte à quel point c'était compliqué d'acheter un billet d'autobus, à cause principalement de la langue, du site web peu performant des compagnies d'autobus et de la transaction (souvent impossible) par carte de crédit. BusBud vise donc à réduire les barrières de paiement, de langue, de la mobilité et de la transaction."

- Transit App : implantée dans près de 60 villes Nord-Américaines, Transit est une application mobile qui permet à un utilisateur du transport en commun d'optimiser ses déplacements en tout temps. Un service et une interface simples et élégants, l'application nous offre instantanément des options de déplacements en autobus ou en metro, en fonction de la position fournie par notre smartphone.
Le problème auquel Transit s'adresse? Pour Sam Vermette, "le défi c'est d'optimiser le déplacement des gens. Si tu permets aux gens de se déplacer de façon fluide, tu améliores leur qualité de vie. Transit veut réduire la friction en incitant les gens à prendre le transport en commun et changer leur perception." Son meilleur témoigne d'un client : "This app (Transit) makes me want to ride the bus."

Je conclue en citant une ancienne collègue et experte en Expérience Utilisateur (UX)2 : "l'innovation prend sa source dans l'usage". Ici, dans le transport urbain, on voit que l'usage du smartphone (et sa fonctionnalité de GPS) a joué un rôle majeur dans le changement de comportements des déplacements urbains. Les compagnies émergentes telles que Netlift, Busbud et Transit on su tirer avantage de la technologie mobile (entre autres) pour développer et mettre en marché des services hautement pertinents.

Mon prochain billet sur le transport portera sur les technologies de rupture ("disruptive technologies") qui font des ravages importants dans plusieurs secteurs du transport urbain dont l'auto-partage et le taxi (avec ses déclinaisons : chauffeurs amateurs, limousines, voitures de luxes, etc.).

Avez-vous des innovations dans le secteur urbain à me communiquer?

1 Allo-Stop déclare faillite, Le Devoir, 22 janvier 2014
2 Érika Roberts, Consultante UX senior

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