Quand un faux pas devient une opportunité de dialoguer

Publié le 30/09/2021 à 10:55

Quand un faux pas devient une opportunité de dialoguer

Publié le 30/09/2021 à 10:55

Deux mains

Reconnaître qu’on a été gauche s’avère nécessaire, mais la réflexion personnelle qui s’en suit l’est plus encore! (Photo: Luis Quintero pour Unsplash)

BLOGUE INVITÉ. S’il est vrai qu’on apprend de ses erreurs, laissez-moi vous raconter avec humilité comment un exercice, à première vue inoffensif, a eu un jour l’effet d’une bombe lors d’une conférence sur la diversité et l’inclusion…

Au passage, je vous mets au défi de trouver ce qui a cloché.

Il y a quelques années, notre équipe de médiateurs-formateurs-consultants chevronnés a été invitée par une grande organisation à s’adresser à une centaine d’employés de professions diverses.

La journée se déroulait à merveille jusqu’à ce qu’on lance un défi tout simple visant à illustrer l’apprentissage de nouvelles compétences. Les droitiers devaient utiliser leur main gauche et les gauchers, leur main droite.

Croyez-le ou non, cet exercice, on ne peut moins tendancieux, a provoqué dans la salle une réaction vive et inattendue !

Voyez-vous le problème ? Non ? Il vous manque encore quelques détails. Je poursuis…

Dans l’explication du défi, on avait lâché le terme main dominante sans penser un seul instant qu’il pouvait, aux yeux de certains, évoquer l’asservissement. Dans le cadre d’une conférence touchant indirectement à la place des minorités, il avait heurté.

Cette réaction vous paraît exagérée ?

Vous n’avez ni raison ni tort, mais on peut convenir ici d’une vérité : des mots sans apparente portée ont choqué. Point.

Oui, on appuie parfois sur des boutons sensibles sans le vouloir. Notre interlocuteur ne nous en tiendra peut-être pas rigueur, mais il aura temporairement senti la brûlure et réagit en conséquence.

Parlez-en à cette collègue qui assume maintenant ses cheveux blancs et que, candidement, vous félicitez d’assumer son vieillissement ! Il y a fort à parier que votre compliment provoquera chez elle une petite implosion…

Direz-vous alors à la collègue en question que son visage empourpré et son regard glacial vous semblent des manifestations disproportionnées ? Je ne vous le suggère pas.

Quand on heurte la sensibilité d’une personne, quel que soit l’enjeu et son importance à nos yeux, ayons au moins l’humilité de ne pas invalider ce qui vient de se produire en elle !

***

Reconnaître qu’on a été gauche s’avère nécessaire, mais la réflexion personnelle qui s’en suit l’est plus encore !

Comme vous l’aurez sans doute deviné, ce faux pas d’il y a quelques années, si surprenant au cœur d’une formation longuement réfléchie, réglée au quart de tour et axée sur la bienveillance, de surcroît, a eu l’heur de nous sensibiliser encore davantage au choix des mots, nous, les experts en inclusion.

Imaginez, et c’est là que je veux en venir, le nombre de gestionnaires et d’employés bien intentionnés qui redoutent de commettre pareille maladresse ! D’expérience, je vous dirais qu’il y en a plusieurs…

Et si une situation au travail commande, en plus, d’aborder une question délicate ou de revenir sur un incident, le terrain, en contexte de diversité, peut sembler doublement glissant.

Évitons alors de paralyser devant de telles idées en posant des gestes simples qui permettront de diminuer d’éventuelles tensions et nourriront une confiance mutuelle.

– Nommer son intention réelle:

Je souhaite réellement que nous soyons à l’aise et efficaces dans notre collaboration.

 

– Vérifier ses perceptions:

J’ai l’impression que ça te rend nerveuse de parler à Maryse. Est-ce que tu vis un inconfort lors de tes conversations avec elle ?

 

– Faire preuve de vigilance et d’indulgence:

Ce que je comprends c’est que c’est acceptable pour toi, alors que moi ça me heurte.

 

Rappelons-nous que ce qui est irrespectueux pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre. Ainsi, il est naturel pour certains de fouiller dans le réfrigérateur des beaux-parents !

– Analyser avant de réagir

Ce collègue ne me dit jamais bonjour. Dois-je vraiment me sentir visé ?

Ici, il peut être bon de considérer aussi différentes hypothèses : est-il possible que ce collègue vive quelque chose qui le préoccupe ? Est-ce un grand timide ?

***

Pour la petite histoire, lors de la conférence à la tournure explosive, notre équipe s’est immédiatement mise en mode accompagnement. S’en est suivie une conversation riche qui a, c’est le moins qu’on puisse dire, captivé la plupart des participants. Comme quoi, même si on préfère de loin l’éviter, le faux pas est parfois le début d’un dialogue constructif.

Et si c’était à votre tour de vous lancer ? Parions que vous n’allez même pas trébucher !

À propos de ce blogue

Directrice en résolution de conflits à l’Institut Pacifique, Patricia Doss est également médiatrice accréditée (IMAQ). Avec l’Institut Pacifique, elle aide de nombreuses organisations à favoriser une saine communication interne et à mieux composer avec la différence. Actif dans la communauté depuis 1976 et reconnu du milieu universitaire, l’Institut Pacifique accompagne des milliers de personnes chaque année. En milieu de travail, il développe des outils et moyens éprouvés pour gérer la diversité de façon inclusive et en reconnaître toute la richesse. (Photo: Felix Renaud)

Patricia Doss
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