C’est ce qu’ils ont fait. Et ils ont découvert que les deux sortes de dilemmes n’attirent pas l’attention des participants sur les mêmes points. Ceux à la Ritov et Baron mettent en avant le choix moral à faire, alors que ceux à la Connolly et Reb amènent à réfléchir sur la limite de nos valeurs morales. Grosso modo, les premiers portent surtout notre attention sur la moralité de nos décisions, et les seconds, sur les conséquences de nos décisions. La nuance est de taille, et expliquerait la différence de réactions, d’après les deux chercheurs.
Que déduire de cette trouvaille en matière de management et de leadership? Que les choix moraux que nous sommes amenés à faire dans la vie comme au travail sont grandement influencés par la manière dont nous sont présentés les choix à faire. Bref, tout est dans la forme, et pas franchement dans le fond.
Un exemple… Prenons le cas d’un PDG qui doit amener ses managers à accepter l’idée de sabrer dans le personnel dont ils ont la responsabilité directe. Un geste, on s’en doute bien, difficile à faire, qui peut même être traumatisant pour celui qui le fait. La meilleure manière de procéder est donc de leur présenter le choix à la Ritov et Baron, et non à la Connolly et Reb…
Comme le disait subtilement le penseur espagnol du 17e siècle Baltasar Gracian : «Il faut être tel que l’on n’ait pas à rougir devant soi-même»…