En 1983, Mikhaïl Gorbatchev, en charge de l’agriculture, effectuait une visite officielle au Canada pour s’inspirer des méthodes occidentales appliquées dans un pays au climat «similaire» au sien. Il devait rencontrer son homologue canadien, Eugene Whelan, mais celui-ci a été retardé de trois heures par la manifestation en question. Résultat? M. Gorbatchev et l’ambassadeur russe du Canada, Alexander Yakovlev, ont ainsi eu l’occasion de parler ensemble, pour la première fois. Il se sont promenés seuls dans des champs et ont discuté à bâtons rompus de l’avenir sombre qui attendait leur pays, sans craindre d’être écoutés par autrui. Deux semaines plus tard, M. Yakovlev était rappelé en URSS pour agir comme l’éminence grise du plus jeune ministre soviétique.
3. Création d’une équipe de choc
Mikhaïl Gorbatchev est arrivé au poste de secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique en 1985 et a discrètement commencé à évoquer autour de lui l’idée qu’un nouvel élan doit être donné au pays, ne serait-ce que pour sauver le système en place. Et pour avoir des oreilles attentives, il s’est entouré de jeunes dirigeants ouverts d’esprit, même s’ils provenaient, comme lui, du moule du Parti. De jeunes qui voulaient du changement, sans savoir lequel au juste.
Et il s’est enlevé ses propres œillères en demandant les lumières de personnes «différentes», à l’image d’Alexander Yakovlev. Alexander Yakovlev? Peu se souviennent de lui. Pourtant, la glasnost comme la perestroïka, c’est lui. Oui, c’est lui qui a eu la conviction qu’il fallait impérativement faire preuve de plus de transparence (glasnost) pour pouvoir mener à bien une restructuration du système politique (perestroïka). Et qui a obtenu que le premier geste en ce sens soit, en novembre 1985, l’autorisation de publier Le Docteur Jivago de Boris Pasternak, jusqu’alors victime de la censure.
Bref, la vision de ce qu’il fallait accomplir est surtout venue d’Alexander Yakovlev. Et Mikhaïl Gorbatchev s’est donné pour mission de la mettre en œuvre…