Un truc ultrasimple pour tirer profit d'un échec

Publié le 09/05/2016 à 07:28

Un truc ultrasimple pour tirer profit d'un échec

Publié le 09/05/2016 à 07:28

Il y a toujours un bout aux tunnels... Photo: DR

Au travail, vous venez d'essuyer un revers. Un revers à nul autre pareil. Un vrai, un grand, un dramatique fail. Du coup, jour et nuit, la question ne cesse de tourbillonner dans votre crâne : «Est-ce qu'un jour je vais pouvoir m'en remettre?»

C'est que le regard des autres à changé du tout au tout à votre égard. Vous y lisez maintenant la déception, le mépris, peut-être même la haine. Si bien que vous n'avez plus qu'une envie : fuir, le plus loin possible, là où la honte ne vous rongera plus aussi intensément; et ce, même si vous savez qu'une telle fuite est totalement illusoire. Pas vrai?

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Je suis convaincu que cela vous voyez ce que je veux dire. Mieux, que cela vous est déjà arrivé. Et surtout, que vous n'avez pas su comment vous y prendre pour réagir au mieux; et même, que vous ne le savez toujours pas.

Comme moi, jusqu'à ce que je sois tombé sur une étude sensationnelle intitulée Super champions, champions, and almosts: Important differences and commonalities on the rocky road. Celle-ci est signée par : Dave Collins, directeur de l'Institut de coaching et de performance de l'Université du Lancashire central à Preston (Grande-Bretagne); Aine MacNamara, professeure de performance au même Institut; et Neil McCarthy, directeur de l'Académie du club de rugby de Gloucester (Grande-Bretagne). Et elle met au jour ce qui fait que les grands champions parviennent, eux, à tirer des leçons vraiment profitables des revers qu'ils connaissent, et pas les autres...

Passionnés de sport, les trois chercheurs britanniques ont noté que tous les champions - aussi bien les grands champions, soit les stars qui décrochent des médailles aux compétitions internationales que les champions, soit ceux qui figurent dans les tops (10, 20, 50,...) des palmarès internationaux sans pour autant jamais empocher de médailles - connaissaient toujours des hauts et des bas durant leur carrière sportive. Les exemples sont à foison : cela peut notamment être une blessure grave les empêchant de participer à des compétitions durant plusieurs semaines; une défaite d'autant plus cuisante qu'elle était inattendue; ou encore, un drame familial qui sape leur moral pour un bon bout de temps. Et ils se sont demandé s'il y avait des différences de réaction à ces revers-là entres les grands champions et les autres.

Pour s'en faire une idée, ils ont tout bonnement procédé à des entrevues poussées auprès de 54 athlètes - des grands champions comme des champions - oeuvrant dans toutes sortes de disciplines : soccer, rugby, course à pied, curling, ski, karaté, judo, boxe, etc. Puis, ils ont analysé les propos des uns et des autres. Ce qui leur a permis, l'air de rien, de faire deux belles trouvailles :

> Une froide analyse. Les grands champions présentent la particularité de toujours «chercher un sens» à chaque mésaventure, pour ne pas dire drame, qui leur arrive. C'est-à-dire qu'ils prennent le temps d'analyser le plus honnêtement possible les événements qui se sont produits, en regardant comment ils ont réagi et en cherchant comment ils auraient dû réagir. L'idée n'est pas de chercher une faute ou un coupable, mais de voir ce qu'il est possible d'en tirer comme leçon, histoire de mieux réagir à l'avenir, lorsqu'une prochaine embûche similaire se présentera à eux. En revanche, les champions, eux, ont plutôt le réflexe de vite passer à autre chose, dans l'espoir d'écarter de leur esprit ces «ondes parasites».

> Un froid réalisme. Les grands champions s'attendent à ce qu'un revers survienne un jour ou l'autre, et sont donc peu surpris lorsque cela se produit. En revanche, les champions, eux, tombent des nues lorsque «le ciel leur tombe sur la tête» : ils n'avaient rien anticipé, ni même imaginé, de tel.

Autrement dit, les grands champions se distinguent par leur attitude pragmatique face à l'adversité. Ils savant que le pire les attend, sans que cela ne les fasse trembler pour autant. Et lorsqu'il survient, ils veillent à en tirer les leçons qui s'imposent. C'est tout.

D'où leur vient une telle froideur? Ou, pour le dire différemment, un tel «calme olympien» face aux coups durs? «Il semble que cette attitude-là découle en grande partie du propre calme des parents et/ou du coach qu'ont connu les grands champions. Ceux-ci ont su se montrer souples, et non pas rigides, face à l'échec : au lieu de tenter de minimiser, ou au contraire de dramatiser, le revers du grand champion en devenir, ils ont su l'aider à en tirer des leçons, voire à le positiver», expliquent les trois chercheurs dans leur étude.

Et d'ajouter : «En résumé, ce qui fait vraiment la différence entre un grand champion et un champion, c'est juste son attitude pragmatique, voire positive, face à l'échec».

Fascinant, n'est-ce pas? Car, vous l'avez saisi comme moi, j'imagine, on peut en tirer un riche enseignement pour notre quotidien au travail :

> Qui entend tirer profit d'un échec au travail se doit d'adopter un calme olympien face à celui-ci. Il lui faut dès à présent prendre conscience qu'un jour ou l'autre il connaîtra l'échec. Puis, se préparer à l'idée qu'il lui faudra se contenter d'en prendre acte, pour ensuite chercher froidement - de préférence avec son boss et ses collègues - ce qu'il peut en tirer de positif. C'est que plus le choc est violent, plus il peut tirer de cette violence-là une force susceptible de le propulser encore plus loin et plus haut. Un peu à l'image des arts martiaux, où l'on se sert de la force de son adversaire pour le terrasser. Dès lors, il sera en mesure de devenir - qui sait? - un grand champion dans son domaine de prédilection!

En passant, l'entraîneur de football Paul Bear Bryant aimait à dire : «Garde la tête haute; conduis-toi en champion!».

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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