Un truc génial pour ne plus jamais crouler sous le travail!

Publié le 09/05/2017 à 06:06, mis à jour le 09/05/2017 à 06:14

Un truc génial pour ne plus jamais crouler sous le travail!

Publié le 09/05/2017 à 06:06, mis à jour le 09/05/2017 à 06:14

Il suffit d'un cahier et d'un crayon... Photo: DR

Jour après jour, semaine après semaine, mois après mois... Il n'y a pas un instant où vous ne sentez pas le poids du travail peser sur vos épaules. Peser lourdement. Peser de manière, parfois, écrasante. Et pourtant vous continuez à avancer, un pas après l'autre, sans trop y penser, de peur de trébucher, de tomber, de ne pas pouvoir vous relever...

Est-ce que je me trompe? Est-ce que j'exagère? Non, vous le savez bien. Vous comme moi, nous croulons sous le travail. En silence...

Mais que pourrions-nous donc faire pour mettre fin à ce supplice, une bonne fois pour toutes? Eh bien, la bonne nouvelle du jour, c'est qu'au détour d'un article du New York Times j'ai découvert, je crois bien, un truc génial de simplicité pour y remédier. Si, si...

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Le chroniqueur américain David Leonhardt a eu la chance de rencontrer George Shultz, l'ex-Secrétaire d'État de l'administration Reagan, durant les années 1980. Celui-ci lui a confié que le rythme de travail à tel poste était complètement dément, et pourtant il ne s'était jamais senti débordé à quelque moment que ce fut – je me permets de souligner qu'il s'agissait néanmoins d'une décennie exceptionnelle de par les bouleversements géopolitiques qu'elle a connus, avec notamment l'effondrement de l'URSS et du Rideau de fer.

M. Shultz exagérait-il? Aucunement. C'est qu'il avait une astuce pour ne jamais se sentir écrasé par ses tâches. Une astuce on ne peut plus simple : chaque semaine, il s'accordait une heure de travail entièrement à lui. Il s'enfermait alors dans son bureau, ne se munissant que d'un bloc de feuilles blanches et d'un stylo; et ce, après avoir pris soin de répéter à son adjointe la consigne stricte de ne le déranger en aucun cas, «sauf si le président ou ma femme appelle».

L'un des hommes les plus puissants de la planète jouissait ainsi d'une heure par semaine de solitude. Oui, une heure durant laquelle, dit-il, il pouvait «librement penser aux aspects stratégiques de (son) travail». Une heure durant laquelle il n'avait pas à éteindre les feux qui surgissaient de partout, sans répit. Une heure durant laquelle il pouvait enfin prendre du recul, faire le point sur les grands dossiers qu'il avait à gérer et avoir une perspective neuve sur les défis qu'il avait à relever. Bref, une heure d'une richesse et d'une profondeur prodigieuses – qui sait? sans cette heure-là, peut-être que l'URSS et le Rideau de fer, par exemple, seraient toujours là...

Bon. Je vous entends d'ici, en train de penser quelque chose comme «Mouais, trop beau pour être vrai. Je ne vois pas comment une heure par semaine à soi peut vraiment changer quoi que ce soit». Permettez-moi de vous détromper.

Amos Tversky est un psychologue israélien qui a longtemps travaillé de concert avec Daniel Kahneman, le "Prix Nobel" d'économie de 2002, une distinction obtenue six années après le décès de Tversky pour leurs travaux conjoints. Tversky et Kahneman ont été des pionniers en matière d'économie comportementale et de biais cognitifs. Ensemble, ils ont mis au jour des phénomènes fondamentaux, comme les difficultés particulières que nous avons à faire le bon choix alors que nous sommes dans l'incertitude, ou encore la théorie des perspectives, qui veut que nous ne regardons pas de la même façon un gain potentiel et une perte potentielle, au moment de prendre une décision risquée.

Or, qu'a confié, un beau jour, Amos Tversky à propos de la meilleure façon de travailler? Ceci : «Le secret de la réussite au travail, c'est de ne jamais être à plein régime, de savoir lever un peu le pied au lieu de sans cesse chercher à appuyer de plus en plus sur le champignon. Car on finit par perdre des années à force de ne pas savoir perdre une heure, de temps à autre.»

Ce n'est pas tout. Daniel Levitin est professeur de psychologie et de neuroscience comportementale à l'Université McGill à Montréal (Canada) ainsi qu'auteur du remarquable The organized mind: Thinking straight in the age of information overload. Ses travaux lui ont permis de découvrir que notre cerveau avait, au fond, deux modes de fonctionnement dominants :

> Le mode concentré (task-positive network, en anglais). Il survient lorsque nous nous investissons mentalement dans une tâche, avec la ferme intention d'en venir à bout. Dès lors, nous réfléchissons à plein régime.

> Le mode relâché (task-negative network, en anglais). Il survient lorsque nous laissons notre esprit errer où bon lui semble, par exemple lorsque nous rêvons éveillé. Dès lors, nous pensons sans jamais forcer, notre capacité cognitive est à ce moment-là, disons, en sous-régime.

Le point important, c'est que notre cerveau fonctionne soit dans un mode, soit dans l'autre, mais jamais dans les deux en même temps. Impossible d'à la fois raisonner et rêver.

«En mode relâché, nos pensées effectuent des connexions inusitées entre différentes idées, ce qui favorise une créativité débridée, parfois à même de résoudre d'épineux problèmes auxquels la raison pure n'était encore jamais venue à bout, explique-t-il. Ces pensées-là sont à l'origine des innovations, grandes comme petites. Et elles ne peuvent survenir qu'à condition de déconnecter du quotidien.»

Et d'ajouter : «Si vous désirez devenir plus créatif et plus productif que jamais au travail, ou si vous souhaitez tout bonnement gagner en énergie dans votre quotidien au travail, il vous suffit d'arrêter le multitâches et de subdiviser vos journées en différentes périodes de 30 à 50 minutes : certaines devront être dédiées à une tâche précise, abordée en mode concentré; d'autres, également à une tâche précise, mais cette fois-ci en mode relâché. Pourquoi? Parce que cela correspond justement à la façon dont notre cerveau fonctionne, et donc, à la façon idéale pour favoriser son efficacité maximale».

Autrement dit, vous comme moi, il nous faut absolument avoir une heure à nous par semaine, histoire de laisser nos idées vagabonder à propos de nos défis à relever au travail. Oui, il est impératif de bloquer une heure dans notre agenda de la semaine pour ne rien faire d'autre que de penser à notre travail de manière relâchée. Aucune excuse pour se défiler : si un Secrétaire d'État a pu le faire, il n'y a aucune raison valable pour que nous, qui n'avons pas un agenda de ministre, ne puissions pas le faire...

Voilà. Que retenir de tout cela? Ceci, à mon avis :

> Qui entend ne jamais crouler sous le travail se doit de... ne pas travailler pendant une heure par semaine! Il lui faut faire une habitude de bloquer une heure de sa semaine pour s'isoler, avec une rame de papier blanc et un stylo, et laisser ses idées vagabonder à propos des défis qu'il a à relever au travail. Car c'est ainsi que son corps et son cerveau s'aéreront, et qu'il sera à même de trouver de géniales solutions à des problèmes qui semblent a priori impossibles à résoudre.

En passant, l'écrivain français Antoine de Saint-Exupéry disait : «Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve, une réalité».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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