Un truc carrément génial pour atteindre un objectif audacieux!

Publié le 31/07/2017 à 06:06

Un truc carrément génial pour atteindre un objectif audacieux!

Publié le 31/07/2017 à 06:06

Rien d'impossible à qui sait faire preuve d'audace... Photo: DR

La rentrée approche à grands pas, et avec elle, de nouveaux objectifs. À n'en pas douter, des objectifs plus audacieux que jamais. Et donc, des objectifs aussi séduisants que périlleux.

Les atteindrez-vous? Y arriverez-vous? Ou vous apprêtez-vous à foncer droit dans le mur?

C'est clair, il va vraiment vous falloir adopter une stratégie gagnante pour briller, une fois de plus, au travail. Une «stratégie gagnante», à même de vous permettre de rester motivé du début à la fin, en dépit des inévitables écueils que vous croiserez en chemin.

Quelle «stratégie gagnante», me direz-vous? Eh bien, sachez que j'ai une grande et belle nouvelle pour vous : je viens en effet de tomber sur une étude passionnante à ce sujet. Intitulée How goal progress influences regulatory focus in goal pursuit, elle est signée par deux professeurs de marketing : Olya Bullard, de l'Université de Winnipeg (Canada), et Rajesh Manchanda, de l'École de commerce Asper à Winnipeg (Canada). Regardons-la ensemble...

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Les deux chercheurs ont eu l'idée de se pencher sur la théorie de l'ajustement motivationnel (regulatory focus theory, en anglais) concoctée en 1997 par Edward Tory Higgins, professeur de psychologie et de management à Columbia. Pas de panique, je vais vous indiquer sommairement de quoi il retourne...

Cette théorie considère grosso modo que la motivation d'une personne découle non pas de l'objectif qu'elle vise, mais plutôt de la manière qu'elle adopte pour atteindre son but. Autrement dit, la clé du succès consiste à se concentrer sur chacun des petits pas à accomplir en direction du but visé, et surtout pas à avoir constamment en tête l'objectif ultime. Par exemple, ce qui motive vraiment un marathonien accompli, ce n'est pas de penser tout le temps à la médaille d'or, mais bel et bien de pousser ses capacités physiques et psychiques au maximum supportable, kilomètre après kilomètre. Car ne l'emporte, en vérité, non pas celui qui court après l'or, mais celui qui court après lui-même – n'importe quel champion vous le confirmera.

Les travaux de M. Higgins montrent que la motivation repose, au fond, sur deux piliers fondamentaux :

> Progression. On peut être motivé par l'idée de gagner quelque chose (un avancement, un accomplissement,...). Il s'agit là d'une approche positive du défi à relever : on ne voit que son beau côté, celui qui peut nous permettre d'enregistrer un progrès.

> Régression. On peut être motivé par l'idée de perdre quelque chose (une perte financière, une détérioration de sa réputation,...). Il s'agit là d'une approche négative du défi à relever : on ne voit que son mauvais côté, celui qui risque de nous faire connaître un recul.

Point important à souligner, des travaux menés en 2001 par Jennifer Aaker, de Stanford, et Angela Lee, de Northwestern, ont mis au jour le fait qu'en Amérique du Nord les gens se reposaient, en général, sur le premier pilier de la motivation, à savoir celui de la progression. C'est-à-dire que, vous comme moi, nous avons a priori tendance à voir d'emblée l'aspect positif du défi que nous entendons relever, l'inconvénient étant que, dès que les aspects négatifs se mettent à nous sauter aux yeux, notre motivation se met aussitôt à flancher dangereusement, parfois même au point de nous faire abandonner (réfléchissez-y bien, et je suis sûr que des exemples vécus pour viendront à l'esprit...)

Bref, Mme Bullard et M. Manchanda ont eu une géniale intuition... Ils se sont dit que, face à un défi audacieux, s'appuyer sur un seul pilier ne suffisait probablement pas, et donc, que cette stratégie pouvait être à l'origine de nombre d'échecs. Pourquoi? Parce qu'on s'accroche à celui-ci désespérément, en dépit du fait qu'on le sent s'effondrer à la vitesse V. D'où l'idée de changer de stratégie, et de passer d'un pilier à l'autre dès lors qu'on sent le premier vaciller. Car cela pourrait nous procurer un nouvel élan, une nouvelle source d'énergie pour aller jusqu'au bout, jusqu'à l'objectif tant désiré.

Pour vérifier leur intuition, les deux chercheurs établis au Canada ont procédé à cinq expériences. Ils ont notamment demandé à 95 personnes volontaires de corriger les erreurs souvent complexes (orthographe, ponctuation,...) présentes dans une série de phrases, sachant que moins ils laisseraient de fautes, plus ils empocheraient d'argent. Pour certains, la série consistait en 7 phrases; pour les autres, en 17 phrases.

Ce que les participants ne savaient pas, c'est qu'ils seraient interrompus à l'instant-même où ils auraient corrigé la 5e phrase, puis contraints d'écouter un petit discours. Le principe était très simple :

> Même stratégie. Pour ceux à qui il ne restait plus que 2 phrases à corriger, leur attention était alors portée sur le fait qu'ils étaient tout proches du but et que l'idéal était de poursuivre sur leur lancée. Autrement dit, on renforçait leur assise sur le pilier de la progression, même si celui-ci pouvait commencer à osciller.

> Changement de stratégie. Pour ceux à qui il restait 10 phrases à corriger, leur attention était alors portée sur le fait que les efforts à fournir pour réussir étaient encore conséquents et qu'ils risquaient de perdre beaucoup d'argent s'ils flanchaient en cours de route. Autrement dit, on les faisait passer du pilier de la progression à celui de la régression.

Résultat? Il est lumineux :

> Avantage au changement de stratégie. Ceux qui ont changé de stratégie en cours de route ont affiché une performance nettement supérieure à celle de ceux qui se sont accrochés tout du long à la même stratégie.

La question saute maintenant aux yeux : «Quand faut-il changer de stratégie?» Les deux chercheurs ont fouillé dans leurs données, et ont découvert que l'idéal était d'effectuer ce changement... tout juste avant les premiers signes de vacillement du premier pilier.

Difficile à anticiper, n'est-ce pas? Comment peut-on savoir que le pilier qui nous paraît jusqu'à présent si solide est, en réalité, sur le point de se fissurer? Impossible à dire, pensez-vous sûrement. Eh bien, détrompez-vous. Car l'étude de Mme Bullard et M. Manchanda montre que le meilleur moment survient, en général, lorsqu'on se trouve à mi-chemin entre notre point de départ et notre point d'arrivée. Par conséquent, dès que vous avez la sensation d'avoir fait la moitié du chemin, dîtes-vous que c'est probablement le bon moment pour passer d'un pilier à l'autre.

Les deux chercheurs prennent l'exemple concret de quelqu'un qui va au gym pour perdre 15 kg de graisse et qui, pour ce faire, recourt aux services d'un coach. ce dernier a, par conséquent, tout intérêt à établir avec son client un plan de match en deux étapes :

1. Un programme d'exercices bihebdomadaires reposant sur le pilier de la progression, où l'on tient notamment compte du poids perdu au fur et à mesure que les semaines s'écoulent.

2. Un autre programme d'exercices bihebdomadaires reposant, lui, sur le pilier de la régression, où l'on tient notamment compte du poids que le client risque de regagner s'il relâche ses efforts. Ce programme-là sera, comme on l'a vu, présenté au client à l'instant-même où le coach sent que le client est à mi-parcours par rapport à l'objectif visé. Et le tour sera joué!

Fascinant, vous ne trouvez pas? J'imagine que vous voyez d'ores et déjà comment appliquer tout ça à votre quotidien au travail : il suffit de remplacer le terme «coach» par «manager» et celui de «client» par «employé»...

«En Amérique du Nord, nous vivons dans une culture où performance se doit de toujours rimer avec souffrance. Ce qui est absurde, car ce n'est pas là la meilleure façon d'atteindre un objectif audacieux : souffrir pour réussir, c'est rester sur un même pilier du début à la fin; mieux vaut, comme l'indiquent nos travaux, changer de stratégie en cours de route, en sautant d'un pilier à l'autre, le moment venu», disent en substance les deux auteurs de l'étude.

Que retenir de tout ça? Ceci, à mon avis :

> Qui entend atteindre un objectif audacieux se doit de faire évoluer sa motivation en cours de route. Il lui faut saisir que la motivation évolue au gré des efforts fournis et de la distance qu'il lui reste à accomplir. Puis, il doit changer de stratégie motivationnelle en cours de route (la plupart du temps, à mi-parcours), en sautant d'un pilier à l'autre. Car il aura ainsi la garantie de bénéficier d'un nouvel élan, pour ne pas dire d'un second souffle à même de lui permettre de franchir les derniers obstacles avec brio.

En passant, l'empereur français Napoléon Bonaparte aimait à dire : «L'art d'être tantôt très audacieux et tantôt très prudent est l'art de réussir».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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