Trop de pression au travail? Voici une solution géniale!

Publié le 21/03/2019 à 06:06

Trop de pression au travail? Voici une solution géniale!

Publié le 21/03/2019 à 06:06

Anders Indset est surnommé le «Platon rock'n'roll du management»... Photo: DR

Deadlines serrés, objectifs audacieux, changements stratégiques… Vous comme moi, nous sommes sous pression au travail. Sous grosse pression. Parfois même, écrasés sous une pression dingue. Pas vrai ?

Comment ne pas en ressortir pulvérisés en mille morceaux ? Oui, comment échapper à l’épuisement professionnel, pour ne pas dire au burn-out ? Eh bien, j’ai une bonne nouvelle pour vous à ce sujet. Si, si…

Connaissez-vous Anders Indset ? Probablement pas, alors laissez-moi le plaisir de vous le présenter, en deux mots.

Le Norvégien est une véritable star aux yeux du milieu des affaires européen, étant souvent présenté comme le «Christ du capitalisme», la «réincarnation de Sénèque», ou encore le «Platon rock’n’roll du management». Après avoir été un athlète de haut niveau, puis un investisseur dans des start-ups couronné de succès, il a tout plaqué pour se frotter à… la philosophie. Il s’est plongé dans le monde des Idées, et en est ressorti avec la furieuse envie de partager ses découvertes avec les gens d’affaires, par l’entremise d’articles et de conférences. Car, venant de ce milieu-là, il savait combien les enseignements des philosophes pouvaient leur être précieux, surtout en cette période économique et politique aussi trouble que turbulente.

C’est ainsi que je suis récemment tombé sur ses billets de blogue et autres articles qu’il signe dans le quotidien allemand Handelsblatt. Et que m’est venue l’envie de partager avec vous l’une de ses idées, plus précisément l’un de ses conseils pratiques à l’attention «des cadres qui, par la force des choses, ne sortent plus du mode réaction».

«La plupart des cadres sont motivés par la résolution de problèmes, l’avancement de projets, l’obtention de résultats, bref, la gestion des choses, dit-il. Du coup, ils travaillent non-stop. Comme des drogués. Ils sont perpétuellement en mode réaction, et finissent par avoir une capacité d’attention à peine supérieure à celle d’un poisson rouge!

«Que font-ils pour surmonter la pression sans cesse grandissante ? Ils compensent. Ils vont au gym, ils font du sport, ils s’entraînent pour courir un marathon. Ils accumulent les kilomètres sur un home trainer. Ils gonflent leurs muscles, histoire de se sentir forts, de se considérer à la hauteur de tous les défis. Mais en vérité, ils ne font que renforcer leur armure, alors qu’ils feraient mieux de développer l’intérieur, en particulier leur esprit!

«Voilà pourquoi je fais systématiquement une suggestion aux leaders qui me demandent conseil : accorde-toi une heure de réflexion par semaine. Une heure à toi, que tu consacreras exclusivement à réfléchir, de tout et de rien.

«On peut alors penser à quelque chose de nouveau, qui a récemment attiré notre attention. On peut aussi en profiter pour affronter une de nos peurs. On peut encore songer à la meilleure façon de développer notre réseau de connexions au bureau. Libre à chacun de réfléchir à ce qui lui chante.

«Il s’agit alors de former notre cerveau. D’être curieux. D’élargir notre champ de réflexion. De nous poser de profondes questions. De puiser dans toutes les ressources inexploitées de nos pensées.

«Car, intelligence artificielle (IA) oblige, l’avenir appartiendra sous peu aux seules personnes qui seront en mesure de réfléchir, de poser les bonnes questions : il est clair que demain les «experts autoproclamés» deviendront obsolètes, les algorithmes étant bientôt en mesure d’assumer totalement ce rôle-là. Oui, ça ne fait pas de doute, nous sommes sur le point de passer d'homo sapiens à homo obsoletus, à moins d’avoir l’intelligence d’anticiper dès à présent ce changement, et donc de prendre le temps de réfléchir à ce qui nous emprisonne dans notre quotidien au travail et à ce qui pourrait nous en libérer avant qu’il ne soit trop tard.

«Bien entendu, cette heure hebdomadaire de réflexion est loin d’être de tout repos. Elle impose de s’exposer aux pensées dangereuses, voire taboues. De se confronter à ce qui fâche. De se battre mentalement avec soi-même et ses idées reçues. Il est donc question d’accepter sa propre vulnérabilité. Ce qui est loin d’être chose aisée, j’en conviens. Surtout, dirais-je, pour les cadres, la plupart d’entre eux détestant se sentir incertains, à plus forte raison si cela implique d’exposer un sentiment à fleur de peau.

«Mais cette heure-là est absolument vitale.

«Pour ma part, j’y consacre beaucoup plus qu’une heure par semaine. Ça peut aller jusqu’à une journée entière. L’idée, c’est d’y aller progressivement. Comme pour un entraînement sportif (les cadres qui fréquentent les gyms savent de quoi je parle).

«Il m’arrive de réfléchir à voix haute, en compagnie d’un interlocuteur en qui j’ai entière confiance. Car l’échange qui se produit me permet de trier mes idées, et même d’explorer de nouveaux territoires. À noter qu’il ne s’agit pas toujours d’une personne présente physiquement, mais parfois de philosophes : je prends avec moi certaines de leurs pensées profondes, et je les décortique, en regardant notamment ce qu’elles impliquent dans mon quotidien. L’air de rien, ce genre d’exercice permet de faire des pas de géant!

«Prenons un exemple, Martin Heidegger. Le philosophe allemand est à l’origine du concept du dasein, «être présent», qui veut que chacun de nous vive une sorte de paradoxe : nous sommes conscients d’être à la fois «un» – unique au monde, et donc, enfermé en nous-mêmes – et «plusieurs» – un modeste élément au sein d’un vaste réseau de connexions sans lequel nous ne pourrions être.

«Notre défi à tous? Devenir authentiques en dépit de ce paradoxe existentiel. Ce qui peut se faire, à mon avis, à partir du moment où l’on fait le choix de vivre sa propre vie, et non plus celle «imposée» par le regard et les considérations des autres. Et donc, à condition de s’harmoniser avec l’écosystème dans lequel chacun de nous évolue ; par exemple, en arrêtant de penser «Moi vs eux» pour adopter le «Nous».

«Ce qui revient, je pense, à apprendre à faire preuve d’humilité pour nombre de cadres... D’ailleurs, j’aime bien partager avec eux une citation du philosophe français Michel de Montaigne, lorsque j’aborde ce sujet : «Et au plus eslevé throne du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul», a-t-il écrit, soit, en français contemporain «Sur le plus beau trône du monde, on n’est jamais assis que sur son cul».»

Voilà. Vous venez d’avoir une idée de la fascinante personne qu’est Anders Indset. Et surtout, d’obtenir un précieux conseil pratique pour subir de moins en moins la pression du bureau et de votre quotidien au travail : prenez votre agenda et fixez-vous une heure à vous, dès la semaine prochaine. Oui, faites-le maintenant. Et appelez-la, si vous le voulez, «l’heure Indset». Qui sait? Elle pourrait bien changer votre vie…

En passant, le penseur catholique Saint François de Sales disait: «Une demi-heure de méditation est essentielle, sauf quand on est très occupé. Alors une heure est nécessaire».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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