Télétravailleurs, n'oubliez pas de souffler un peu!

Publié le 25/03/2020 à 08:00

Télétravailleurs, n'oubliez pas de souffler un peu!

Publié le 25/03/2020 à 08:00

Souvent prendre l'air est un truc de «pros»... (Photo: Tuce/Unsplash)

BLOGUE. Cela fait maintenant une semaine et demie que vous travaillez de chez vous, et vous commencez à ressentir une curieuse fatigue. Oui, une fatigue que vous ne connaissiez pas vraiment auparavant. Une fatigue que vous vous expliquez mal.

De quoi s’agit-il, au juste? De vos proches qui commencent à vous taper sur les nerfs (ex.: les enfants qui font les fous toute la journée; le repas à préparer le midi; etc.)? De l’absence de lien social véritable (ex.: les collègues avec qui vous aimiez jaser de manière inopinée, etc.)? De vos horaires de travail explosés (fini, le bon vieux 9@5: comme vous réalisez que vous êtes un peu moins efficace que d’habitude, vous vous y remettez le soir, après 20h, quand les enfants sont couchés)?

Sûrement un peu de tout ça, c’est vrai. Mais aussi, fort probablement, d’un détail auquel vous n’avez même pas songé une seconde : depuis que vous travaillez à la maison, vous ne prenez plus de pauses comme vous le faisiez au bureau! Non, vous n’allez plus jaser dix minutes à la distributrice de café, vous n’allez plus voir vos collègues préférés à leur bureau, vous ne prenez même plus le temps de respirer un peu (dès que vous avez un peu de temps à vous, vous réalisez qu’il y a le lavage à faire, une ampoule à changer, ou encore les courses à faire, pas vrai?)

D’où l’importance - vitale - de réapprendre à souffler un peu…

«Je travaille depuis longtemps pour des employeurs qui approuvent le télétravail, et une de mes recommandations pour ceux qui se retrouvent à devoir en faire est de s’assurer de bouger pendant la journée. Parce qu’il est facile de passer de 7 à 8 heures assis devant son ordinateur sans s’en échapper un instant, et ça, ce n’est pas bon», dit Anne-Julie Gratton, conseillère principale, relations médias, de Manuvie Québec.

«Il est tout à fait normal de quitter son poste de travail à la maison comme on le fait au bureau, ajoute-t-elle. Moi, ce que je fais, je regarde le matin quels appels je peux faire au cellulaire en marchant dehors (ex.: ceux qui n’ont pas besoin a priori de prise de notes), et je me prends toujours 15 à 20 minutes de marche durant lesquelles je passe ces appels-là. Même chose l’après-midi, je vais dehors pendant une vingtaine de minutes, ou à tout le moins je fais des étirements dans le salon.»

«Ça m’aide à rester concentrée et productive toute la journée», affirme-t-elle.

Prendre l’air, donc. À l’image de ce que préconise Gilles de Fraguier, président, du Lézard Créatif Canada : «Marcher dehors me fait le plus grand bien. Chaque jour, j’effectue deux sorties, de préférence dans un parc afin d’éviter la foule : une courte de 15-20 minutes, le midi, après avoir mangé; une plus longue, en fin de journée, pour me dire «Voilà, le journée de travail est terminée»».

Même chose pour Émilie Michaud, rédactrice technique, d’Optel : «Moi, je sors de chez moi sur l’heure du lunch, dit-elle. Pour manger à l’extérieur. Pour faire de la course à pied. Ou encore, tout simplement pour prendre l’air.»

Véronique Paradis, conseillère principale, relations de travail et avec les employés, de l’Université McGill, en fait une question de discipline : «Mon truc, c’est de faire bien attention à prendre des pauses, à sortir prendre l’air, à prendre le temps de manger et à déterminer avec précision mes heures de disponibilité et celles d’indisponibilité, dit-elle. Pourquoi? Parce que sinon on effectue rapidement trop d’heures de travail, on se fatigue, on devient moins productif. Et ça, personne ne le veut. Ni l’employeur ni l’employé.»

Stéphanie Sauvé, consultante en coaching d’affaires et en expérience-employé & candidat, de STES Services Conseils, est sur la même longueur d’ondes : «La clé, c’est de travailler seulement sur les priorités, en accord avec son boss et le reste de l’équipe, dit-elle. Et de veiller alors à bien séparer les périodes de travail et celles de pause. Car il est primordial d’atteindre un équilibre sain entre les deux.»

«Le danger quand on travaille de la maison, c’est de passer trop de temps devant l’écran de son ordinateur, considère Davender Gupta, fondateur et stratège d’affaires du Scaleup Project ainsi que professeur d’entrepreneurship à l’ESG-UQÀM. Maintenant qu’il est aisé de tenir des réunions en ligne et de travailler aussi bien qu’au bureau, il est facile de passer 12 heures devant son laptop sans même s’en rendre compte. Voilà pourquoi, me concernant, je me fais une obligation de sortir dehors à plusieurs reprises durant mes journées de télétravail.»

Marie-Josée Potvin, conseillère, politique de respect de la personne, de la Ville de Montréal, va un cran plus loin : «Il faut profiter du fait que nous sommes à la maison pour utiliser autrement le temps récupéré à, par exemple, ne pas se rendre au bureau, dit-elle. Le récupérer pour l’investir dans notre qualité de vie : faire du sport, méditer, ou tout simplement respirer.»

D’après elle, nous gagnerions donc à faire plus que des pauses et à consacrer une ou deux heures de nos journées à mener une activité zen. À nous faire du bien. Pour le bienfait de tous.

Par conséquent, chers télétravailleurs, soufflez. Oui, réapprenez à souffler pour être ne mesure de bien télétravailler. Cela pourrait bel et bien suffire à transformer votre nouveau quotidien au travail. Pour le meilleur, ça va de soi.

En passant, le pasteur américain Martin Luther King a dit dans The Measure of a Man : «Rien n’est plus tragique que de rencontrer un individu à bout de souffle, perdu dans le labyrinthe de la vie».

PLUS : «Télétravailleurs, voici 10 autocollants pour vous automotiver!»

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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