Dans la première, il a été demandé à 150 internautes de participer à un jeu de réflexion permettant de gagner un bon d’achat chez Amazon. Chaque participant avait quatre minutes pour trouver le maximum de mots anglais à partir des sept lettres suivantes : A, D, E, R, S, T et W (note, il y en a 140 possibles). Toutefois, tous n’étaient pas dans les mêmes conditions de départ. Certains jouaient pour un montant fixe. D’autres, pour un montant variable : pour une partie d’entre eux, en fonction de leur performance; pour l’autre, leur performance permettait d’établir la récompense du prochain joueur, et leur propre performance avait été établie par «le participant précédent, Zach Burns, qui a trouvé 63 mots et vous a ainsi fait gagner d’office 12,60 dollars».
Résultats? Les plus performants ont été les participants qui oeuvraient pour autrui, ayant trouvé en moyenne 5 mots de plus que les autres. Oui, ceux-ci ont été plus efficaces que ceux qui étaient récompensés en fonction de leur performance personnelle! Surprenant, n’est-ce pas? La question saute dès lors à l’esprit : pourquoi ceux-là ont-ils travaillé plus fort que les autres, d’autant plus qu’ils n’avaient rien à gagner personnellement à agir de cette façon? D’où la deuxième expérience…
Cette fois-ci, 183 étudiants de Columbia ont dû s’atteler à la tâche fastidieuse de compter le nombre de 1 figurant dans d’interminables listes binaires (composées uniquement de 0 et de 1), en un temps limité. Le but était de s’approcher le plus possible du nombre exact de 1. Les conditions de départ ont été affinées, dans l’optique de déceler ce qui faisait que les plus altruistes étaient les plus performants. Et les deux chercheurs ont découvert que les participants ne faisaient preuve d’altruisme qu’à deux conditions complémentaires :
> S’ils savaient que le participant précédent avait travaillé pour eux;
> Et s’ils savaient que le candidat suivant – c’est-à-dire celui pour lequel ils oeuvraient – serait astreint, lui aussi, de travailler pour son prochain.
Pour en avoir le cœur net, les deux chercheurs ont décidé de renouveler l’expérience, auprès de 104 étudiants de l’University of Chicago. Avec une nuance : les participants rencontraient en personne celui ou celle pour qui ils oeuvraient, ou un intermédiaire (un des chercheurs). Et là, la rencontre face-à-face – tant avec l’autre participant qu’avec l’intermédiaire – a visiblement accru la motivation pour agir de manière altruiste.
Quelles leçons pratiques dégager de cette étude? J’en vois deux essentielles :