Pourquoi Kadhafi est-il mort comme un chien?

Publié le 21/10/2011 à 07:07, mis à jour le 21/10/2011 à 07:57

Pourquoi Kadhafi est-il mort comme un chien?

Publié le 21/10/2011 à 07:07, mis à jour le 21/10/2011 à 07:57

«Il est encore un autre moyen pour ramener les esprits lorsqu’ils sont aliénés et pour assoupir les mécontentements : c’est de faire jouer à Prométhée le rôle d’Épiméthée, car il n’est point de remède plus efficace. Dès qu’Épiméthée, dit la fable, vit que tous les maux étaient sortis de la boîte de Pandore, il laissa tomber le couvercle, et par ce moyen l’espérance resta au fond de la boîte. En effet, amuser les hommes en les berçant d’espérances, et les mener avec dextérité d’une espérance à l’autre, est le plus sûr antidote contre le poison du mécontentement. (…)

«Une autre méthode, fort connue, mais qui n’en est pas moins sûre, c’est de n’épargner aucun moyen pour empêcher que le peuple ne se porte vers quelque personnage distingué qui puisse lui servir de chef, en former un corps régulier et diriger tous ses mouvements. J’entends par chef un homme d’une naissance illustre, jouissant d’une grande réputation, assuré de la confiance du parti mécontent, ayant lui-même des sujets particuliers de mécontentement, et vers lequel par conséquent le peuple tourne naturellement les yeux. Lorsqu’un personnage si dangereux se trouve dans un État, il faut tout faire pour le gagner, l’engager à se rapprocher du gouvernement, et l’y attacher, non pas en passant, mais fortement et par des avantages solides qu’il ne puisse espérer du parti opposé; ou, si l’on n’y peut réussir, il faut lui opposer quelque autre sujet distingué dans le même parti, et qui puisse, en partageant avec lui la faveur populaire, balancer son influence. C’est la méthode de diviser et de morceler. (…)

«Enfin, les princes doivent avoir toujours auprès d’eux, à tout événement, un ou plusieurs personnages distingués par leur courage ou leurs talents militaires et d’une fidélité éprouvée, pour étouffer les séditions dès le commencement. Sans cette ressource, une cour prend trop aisément l’épouvante lorsque les troubles viennent à éclater. (…) Il faut que ces généraux soient d’une fidélité plus assurée que ceux du parti populaire; autrement le remède serait pire que le mal.»

Des conseils, j’en suis sûr, que parlent au leader que vous êtes, ou du moins qui sommeille en vous… Pas vrai?

Pour finir, un tout dernier extrait des Essais de Francis Bacon, tiré du chapitre intitulé «De la souveraineté et de l’art de commander» : «Les princes sont assiégés de difficultés sans cesse renaissantes et quelquefois insurmontables, mais la plus grande de toutes est dans leur propre caractère; car le défaut le plus ordinaire des princes, comme l’observent Tacite et Salluste, c’est d’avoir en même temps des volontés contradictoires : c’est là le solécisme le plus fréquent du souverain; il ne peut souffrir l’exécution de l’ordre qu’il vient de donner lui-même, il veut la fin et ne peut endurer le moyen»… Tout bonnement prodigieux d’intelligence! Chapeau bas.

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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