Oui, la canicule rend bête. Surtout au travail!

Publié le 01/08/2018 à 06:06

Oui, la canicule rend bête. Surtout au travail!

Publié le 01/08/2018 à 06:06

Un peu d'air frais n'a dès lors pas de prix... Photo: DR

Cet été, il fait chaud. Très chaud. Trop chaud, disent certains. Et ce n'est pas fini!

Du coup, vous comme moi, nous courons après les lieux dotés de l’air climatisé, si bien qu’aller au bureau est devenu, comme par magie, un véritable soulagement. Car on se sent mieux, moins écrasé par la chaleur et l’humidité. On respire enfin…

Mais voilà, est-ce si vrai que ça? Allons-nous franchement mieux dès lors que nous mettons les pieds là où règne l’air climatisé? Retrouvons-nous d’un seul coup toute notre énergie, voire nos capacités cognitives? Eh bien, en vérité, ce n’est pas si simple que ça. L’air climatisé du bureau peut nous jouer de sales tours, comme je l’ai découvert grâce à une étude fascinante à ce sujet.

Cette étude est intitulée Reduced cognitive function during a heat wave among residents of non-air-conditioned buildings : An observational study of young adults in the summer of 2016. Elle est signée par six chercheurs en santé environnementale et toxicologie de Harvard, sous la houlette du professeur Jose Guillermo Cedeño-Laurent. Regardons ensemble de quoi il retourne…

Il a été demandé à 44 étudiants d’une université de Boston d’effectuer différents tests en ligne sur une période de 12 jours du mois de juillet 2016, sachant que ces deux semaines-là ont été marquées par plusieurs vagues de chaleur caniculaires. Ces tests visaient à évaluer la mémoire, l’attention et la vivacité d’esprit de chaque participant, sachant que la moitié d’entre eux passaient la journée dans une tour à bureau climatisée contrairement à l’autre moitié qui, elle, se trouvait toute la journée dans des espaces de travail non-climatisés.

Résultats ? Ils sont clairs comme de l’eau de roche :

> 22-23 degrés Celsius. C’est lorsque les bureaux étaient exactement entre 22 et 23 degrés Celsius que les participants ont affiché les meilleures performances cognitives. Il existe, donc, une température idéale pour travailler ; celle-ci se situe à 22-23 degrés Celsius.

> Une souffrance. Plus on s’écarte de la température de travail idéale, plus nos capacités cognitives et notre productivité diminuent. Travailler devient dès lors une souffrance. Deux graphiques tirés de l’étude l’illustrent à merveille :

a) Un temps de réaction plus long. L’un des tests mesurait le temps de réaction des participants face à de nouvelles données. Or, on constate que la courbe est en U, si bien qu’il leur fallait nettement plus de temps pour saisir une nouvelle information lorsqu’il faisait 25 degrés que lorsqu’il faisait 22-23 degrés. Et que la situation devenait carrément catastrophique lorsqu’il faisait, par exemple, 30 degrés…

b) Un rythme de travail en berne. Un autre test mesurait le rythme de travail des participants. Or, la courbe est en U inversé, si bien qu’il suffisait que la température dépasse les 23 degrés pour voir la cadence littéralement chuter. C’est bien simple, pour certains, il a suffi que la température atteigne les 30 degrés pour les voir arrêter complètement de travailler…

Bref, nos capacités cognitives fondent à la chaleur et à l’humidité. Il n’y a pas que notre corps qui se met à suffoquer en cas de canicule, il y a aussi – surtout, peut-être même – notre cerveau qui se met à manquer désespérément d’air frais. Et par suite, ça entraîne notre productivité vers des profondeurs qui peuvent se révéler abyssales.

Mine de rien, l’impact de ces résultats est considérable sur notre quotidien au travail. Un employeur digne de ce nom a ainsi tout intérêt à veiller à ce que ses bureaux soient invariablement à 22-23 degrés Celsius ; sans quoi il doit s’attendre à une inévitable chute de la productivité de ses équipes. Mieux, il doit se soucier du confort de ses employés qui travaillent à distance ou à domicile (ex. : télétravail,…), en s’informant en particulier de la température ambiante des lieux ; le cas échéant, peut-être devrait-il songer à trouver une solution avec l’employé en question (ex. : un coup de pouce financier pour s’équiper d’un climatiseur, une incitation à travailler dans un espace de coworking climatisé,…). Vous voyez ?

Que retenir de tout ça ? Ceci, à mon avis :

> Qui entend se montrer heureux et efficace au travail en période de canicule se doit de se soucier de la température du bureau. Cette dernière doit idéalement être de 22-23 degrés Celsius. Sans quoi, ses capacités cognitives et sa productivité vont se mettre à chuter à mesure que la température va s’élever, le cerveau manquant cruellement d’air à mesure que la température grimpe. D’où l’intérêt d’œuvrer dans un lieu à la fois frais et ventilé, que ce soit au bureau, dans un espace de coworking ou – rêvons un peu – à une terrasse délicatement ombragée…

En passant, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche a dit dans Aurore : «Le bonheur, quel qu’il soit, apporte air, lumière et liberté de mouvement».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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