Pourquoi a-t-il accepté, lui qui adore travailler en solitaire devant son ordinateur pour concevoir des formes géométriques complexes? Pourquoi se lancer, du jour au lendemain, dans la gestion d’une organisation qui compte près de 500 employés, plus de 2 000 étudiants et un budget annuel de quelque 300 millions de dollars? Sa réponse est originale, comme toujours : «Ue ni wa ue ga aru», ce qui correspond à un vieux dicton japonais qu’on peut traduire grosso modo par « Plus haut, il y a toujours quelque chose plus haut». «L’idée n’est pas de signifier qu’il y a dans la vie des buts inatteignables, mais plutôt qu’il est dans la nature humaine de vouloir constamment s’améliorer», explique-t-il.
John Maeda a donc voulou relever un défi incroyable. Il a voulu apporter aux autres ses connaissances et les aider à aller plus loin, à progresser. Et ce, même si cela l’oblige à jouer un rôle inédit pour lui. «Les artistiques aiment l’inconfort, c’est là qu’ils se sentent le plus à l’aise, je n’avais donc aucune crainte particulière à avoir. De toutes façons, qu’avais-je à craindre? De me planter? Et alors?», ajoute-t-il.
D’emblée, il s’est mis à innover en matière de leadership, sans même s’en rendre compte. 2007 est l’année où il a véritablement découvert Twitter, et il s’est pris de passion pour ce média social. Comme les étudiants sont des personnes généralement jeunes et branchées, il s’est dit que le meilleur moyen pour enter en contact avec eux et établir un dialogue constructif, c’était de continuer à tweeter, en s’adressant à eux en particulier. Et il est vite devenu le «président Twitter»…
Bonne idée? Pas du tout! Et cela lui a pris du temps avant de le comprendre. L’une des raisons, c’est que 140 caractères, ça ne suffit pas pour établir une bonne communication. John Maeda tweetait toutes les pensées qui lui venaient, souvent à saveur philosophique, pensées qui laissaient bien entendu une trop grande marge à l’interprétation. C’est d’ailleurs pour pallier ce problème qu’il a rédiger son dernier ouvrage : ce dernier est, en effet, composé de certains de ses tweets, auxquels il donne quelques explications, souvent par l’entremise d’une petite anecdote personnelle.