On le voit bien, même conduire ne fait pas nécessairement appel à des choix personnels. Laisser son cerveau s’occuper de tout à votre place suffit. Il décide sans vous. Ou plutôt, le cheminement d’informations neuronales satisfait aux besoins pour une bonne conduite, sans que vous ayez à décider de quoi que ce soit.
Bizarre, non?
Une telle vision de nous-mêmes semble contredire notre croyance farouche dans le libre arbitre. D’ailleurs, un sondage mené en 1998 auprès de 40 000 personnes dans 34 pays demandait «Avons-nous notre destin entre les mains?», ce à quoi 70% des gens ont répondu par l’affirmative. Et pourtant…
Le hic avec l’approche des neuroscientifiques, c’est qu’on se trouve alors confronté au paradoxe de l’hypothèse du physicien américain Hugh Everett — hypothèse selon laquelle il existerait des univers parallèles (ce qui n’est bien entendu pas établi…). Dès lors, tous les futurs possibles (ou plus exactement un nombre de futurs possibles ayant la constante de Planck en dénominateur commun) se produiraient effectivement : si une particule de matière semble devoir choisir au hasard entre deux directions, en réalité il existerait un univers dans lequel la particule prendrait à gauche et un autre dans laquelle elle prendrait à droite. Si bien qu’il n’y aurait plus de hasard, d’un point de vue global : tout, absolument tout, serait prédestiné.