Olivier Schmouker - Est-il vraiment utile de donner du feedback?

Publié le 25/05/2011 à 09:25, mis à jour le 26/05/2011 à 14:06

Olivier Schmouker - Est-il vraiment utile de donner du feedback?

Publié le 25/05/2011 à 09:25, mis à jour le 26/05/2011 à 14:06

Pour trouver cela, les quatre chercheurs ont procédé à une série d’expériences visant à mesurer l’évolution de l’estime de soi de 656 étudiants en université, en fonction des feedbacks reçus. Pour commencer, ils ont demandé à chacun d’eux de répondre correctement au maximum de questions possibles à un test de QI de 30 questions, en l’espace de quatre minutes. Des questions du type «Un argument fallacieux est (a) perturbant, (b) valide, (c) faux, (d) nécessaire» et «LIVED est à DEVIL ce que 6323 est à (a) 2336, (b) 6232, (c) 3236, (d) 3326, (e) 6332». Pour chaque bonne réponse, la personne empochait 25 cents.

Le plus important était qu’avant le test, les personnes devaient dire si elles croyaient qu’elles allaient figurer ou non dans la moitié supérieure du palmarès des participants qui serait établi à la toute fin. Et une fois le test effectué, elles devaient refaire leur pronostic.

Puis, l’opération a été répétée quatre autres fois, mais avec certaines modifications dans la procédure destinées à voir si le feedback fourni pouvait influencer les pronostics des gens relativement à leurs performances futures et à leur estime de soi. Chacun a ainsi reçu à chaque fois qu’on leur demandait de faire une prévision un avis qui, en réalité, était le fruit du hasard : les étudiants avaient alors 75% de chances de recevoir un message affirmant que leur dernier test de QI les avait fait figurer dans la première moitié du palmarès des meilleurs participants, et 25%, l’inverse.

Résultat? De manière stable, 36% des participants ne changeaient pas d’opinion à leur égard par rapport à leur avis précédent. Et pas loin de 16% d’entre eux n’ont jamais changé d’opinion durant les quatres tests où il leur était donné du feedback. Quant à ceux qui se sont laissés influencer par le feedback, leur proportion est allée en diminuant, test après test, à raison respectivement de 13, 9, 8 et 7%.

Les conclusions de cette expérience sont multiples, d’après les quatre chercheurs. L’une d’entre elles est qu’on assiste à une forme d’auto-protection face au feedback, c’est-à-dire que les participants écoutent de moins en moins ce qui leur est dit à leur propos, et ce, peu importe que la critique soit positive ou négative. Une autre est que ceux qui reçoivent un feedback positif sont ceux qui sont les plus prompts à revoir le jugment qu’ils portent sur eux-mêmes; et inversement, ceux qui ont un feedback négatif sont les moins enclins à reconsidérer leur opinion d’eux-mêmes. Bref, nous avons tendance à devenir überconfiants, c’est-à-dire à avoir une immense confiance en soi, face à des critiques positives répétées, et à faire la sourde-oreille quand nous sommes confrontés à des critiques négatives.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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