Les nouveaux stresseurs au travail

Publié le 15/02/2018 à 06:06, mis à jour le 15/02/2018 à 06:19

Les nouveaux stresseurs au travail

Publié le 15/02/2018 à 06:06, mis à jour le 15/02/2018 à 06:19

Ces nouveaux stresseurs vont être de véritables fléaux demain... Photo: DR

Bien-être, mieux-vivre, épanouissement... Ces termes sont sur toutes les lèvres, ces temps-ci, dès lors qu'on parle de management. L'ennui, c'est qu'ils masquent l'essentiel, à savoir le mal-être qui sévit dans les milieux de travail. En particulier, les nouveaux stresseurs, ceux qui pointent le bout de leur nez aujourd'hui et qui sont appelés à devenir de grands problèmes demain dans les organisations.

Que sont ces nouveaux stresseurs ? Il y en a deux principaux, d'après une étude canadienne du cabinet-conseil en ressources humaines Morneau Shepell intitulée « Le stress et ses répercussions sur la santé mentale et physique des employés », dévoilée en janvier lors de la journée Santé psychologique au travail du Groupe Les Affaires.

1. L'hyper-stress des milléniaux

De nos jours, les milléniaux, c'est-à-dire les 18-34 ans, sont frappés de plein fouet par le stress. À tel point qu'on peut même parler d'hyper-stress. L'étude de Morneau Shepell montre en effet que près de deux milléniaux sur trois disent souffrir du stress lié au travail, et ce, en raison surtout de facteurs personnels (stress financier, conciliation travail-vie privée) ou interpersonnels (sentiment d'isolement, rythme de travail). Du coup, les moins de 30 ans prennent actuellement deux fois plus de congés de maladie liés à la santé mentale que les autres employés.

Ces résultats corroborent ceux d'un sondage du Barreau du Québec mené l'an dernier auprès des jeunes avocats : 46 % d'entre eux ont avoué qu'ils ne tenaient pas le rythme, que le stress était trop intense pour eux et qu'ils pensaient carrément changer de métier d'ici les cinq prochaines années si jamais la situation ne s'améliorait pas !

« Cela ne traduit pas le fait que les 18-34 ans sont plus fragiles que les autres, mais plutôt que les organisations ont du mal à s'adapter à eux, à leurs idées, à leurs façons propres de travailler. Et de cette rigidité naissent les maux des milléniaux », explique Émilie Lemire Auclair, consultante et fondatrice du cabinet-conseil en santé psychologique Les Points d'équilibre, à Verdun.

Leurs besoins ? Ils sont relativement simples, selon l'étude de Morneau Shepell :

> Une vraie communication. Ils souhaiteraient que les échanges au sein de l'équipe soient plus humains et plus fréquents.

> Un coach, pas un boss. Ils aimeraient que leur gestionnaire immédiat fasse preuve de plus d'empathie et de rétroaction. Qu'il arrête de commander et de contrôler pour enfin comprendre, conseiller et soutenir.

2. Le stress financier

Le stress financier est, de loin, la première source de stress des employés au Canada : il est cité par 62 % de ceux qui se disent stressés au travail, d'après le rapport de Morneau Shepell. D'autres études récentes abondent dans le même sens. Ainsi, le dernier Indice du mieux-être de la Financière Sun Life montre que 29 % des Canadiens se disent distraits au travail à cause de soucis financiers. À cela s'ajoute le fait que les employés en mauvaise situation financière affichent une productivité inférieure d'en moyenne 16 % à celle de ceux qui sont en bonne santé financière, selon une recherche de l'assureur Manuvie.

« Chacun de nous peut, du jour au lendemain, devenir stressé financièrement. À la suite d'un divorce, d'un pépin de santé majeur, ou encore d'un emprunt contracté d'urgence pour régler un problème immobilier. D'où l'importance de ne plus en faire un sujet tabou, mais bel et bien un sujet qu'on peut aborder franchement avec son gestionnaire ou les RH », estime Amine Chbani, consultant et fondateur du cabinet-conseil en finance FinEduc Performance, à Brossard. Et d'ajouter : « L'idéal, ce serait d'en parler ouvertement aux nouvelles recrues, dès le premier jour d'embauche. De leur indiquer qu'il y a une oreille attentive à ce sujet. Un peu comme on parle sans gêne d'autres sujets, comme la santé physique, avec la possibilité de bénéficier d'une réduction à l'inscription à un gym », dit-il.

La solution ? Braver le tabou, mine de rien, comme l'explique Benoît Brunel, président de l'entreprise bouchervilloise de services technologiques Tootelo Innovation :

> La stratégie des « petites roches ». « Chez nous, chaque gestionnaire est chargé de trouver les "petites roches" qui empêchent les membres de leur équipe d'évoluer normalement. Vous savez, la gravelle qui se glisse dans nos chaussures et nous fait si mal à chaque pas, dit-il. Le gestionnaire et l'employé doivent régulièrement s'arrêter un instant et détecter une petite roche - par exemple, un stress financier particulier -, puis la retirer ensemble. C'est super simple et ça donne des résultats qui dépassent l'entendement. »

Bref, la bonne nouvelle, c'est qu'il est possible d'anticiper le mal-être des employés de demain, donc, d'éviter que les nouveaux stresseurs qui se profilent à l'horizon n'en viennent à paralyser les activités des organisations.

WEBINAIRE : Milléniaux en burnout, stress financier, dopage au travail…

 

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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