Leaders, voici pourquoi vos employés ne tripent pas au travail!

Publié le 11/03/2019 à 06:06

Leaders, voici pourquoi vos employés ne tripent pas au travail!

Publié le 11/03/2019 à 06:06

L'ennui, ce fléau insoupçonné au travail... Photo: DR

Chers leaders, j’ai une question à vous poser. Une question qui tue : «À votre avis, combien de vos employés donnent leur 110% jour après jour?»

Tous ? Hum… peut-être plutôt deux ou trois ? Hum, soyons honnêtes… zéro ? Oui, zéro, c’est bien ça?

Bon, je vais être un peu plus gentil avec vous : «Durant votre carrière, avez-vous déjà eu la responsabilité des employés qui ont bel et bien donné leur 110% jour après jour?»

Deux ou trois, peut-être ? Ou, toujours pour être honnête… un seul ? Voire carrément zéro ? Oui, zéro, c’est bien ça?

Maintenant, j’aimerais que vous vous posiez une question fondamentale : «Comment se fait-il, d’après vous, que vous en ayez croisé si peu, pour ne pas dire aucun?»

Prenez vraiment le temps de bien y réfléchir...

C’est fait ? Parfait ! J’imagine que votre réponse est la suivante : «Ces employés n’ont tout simplement pas eu les conditions nécessaires pour triper au quotidien». Et si vous êtes vraiment honnêtes : «Je n’ai pas su offrir à ces employés les conditions nécessaires pour triper au quotidien».

Bien. Nous sommes d’accord.

Que faire à présent, maintenant que nous avons réalisé ça ? Eh bien, on corrige le tir. C’est aussi bête que ça.

Oui, mais comment ? C’est là que j’ai une grande nouvelle à vous annoncer : j’ai trouvé, je crois bien, le moyen de faire désormais triper vos employés au quotidien ; mieux, tous vos employés, absolument tous, aussi différents soient-ils les uns des autres. Si, si…

Ce moyen tient en une seule infographie, tirée de l’étude Global talent trends 2019 du cabinet-conseil en ressources humaines Mercer. La voici :

Que ressort-il de cette infographie ? Qu’il suffit de combler les trois attentes principales des employés pour les voir donner leur 110% au travail. Et surtout, que ces trois attentes-là diffèrent en fonction du pays d’origine de chaque employé. Ce qui est un point crucial dont les cadres tiennent malheureusement trop peu souvent compte dans leur façon de piloter les équipes dont ils ont la responsabilité. Prenons quelques cas concrets pour bien saisir de quoi il s’agit:

> 100% Québécois. Votre équipe est composée à 100% de Québécois nés ici même ? Très bien, votre priorité doit être de combler pour chacun d’eux les trois attentes suivantes, présentées ici par ordre d’importance :

1. Reconnaissance. Vos employés veulent avant tout que leurs efforts – et non pas leur performance! – soient reconnus à leur juste valeur. Ils attendent de vous au minimum une tape dans le dos lorsqu’ils redoublent d’efforts par rapport à d’habitude, même si les résultats ne sont pas à la hauteur de vos espoirs. Et au-delà de la tape dans le dos, peut-être la possibilité d’être plus autonomes à l’avenir dans leur travail (ex. : prendre eux-mêmes certaines décisions, sans à avoir l’obligation d’obtenir mille feux verts avant de pouvoir passer à l’action), ou encore l’obtention de nouvelles responsabilités, plus en lien avec leurs talents propres.

2. Équilibre travail/vie privée. Vos employés veulent également travailler pour vivre, et non plus vivre pour travailler. Autrement dit, ils entendent avoir une vie aussi épanouissante au bureau qu’au domicile. Ce qui signifie qu’il convient de veiller à ce que le travail n’empiète plus sur la vie privée : par exemple, vous pouvez envisager d’arrêter une bonne fois pour toutes d’envoyer des courriels ou de passer des coups de fil à vos employés en-dehors des heures régulières de travail, ou encore inciter fortement vos employés à ne plus emmener le laptop du travail à la maison, le soir comme les fins de semaine. Car cela leur permettra de souffler un peu, en décrochant alors vraiment du travail.

3. Sentiment d’appartenance. Vos employés veulent enfin sentir qu’ils font partie intégrante de l’équipe, mieux, du destin de l’organisation pour laquelle ils travaillent. Ils ont besoin de réaliser qu’ils en sont l’un des rouages majeurs, et que tous ensemble, ils oeuvrent à une réalisation collective enthousiasmante.

> 1 ou 2 Français. Votre équipe est riche d’un ou deux Français fraîchement immigrés ? Très bien, il vous faut alors tenir compte du fait que leurs trois attentes principales ne sont pas identiques à celles des Québécois nés ici même:

– Leur plus grande attente, c’est d’avoir… du fun ! Ils veulent non seulement que le lieu de travail soit agréable à vivre (ex. : design, localisation…), mais aussi que l’ambiance de travail soit débridée (ex. : possibilité de faire des blagues, surtout si elles sont «politiquement incorrectes», breaks durant la journée permettant de s’aérer l’esprit…). Sans quoi, ils auront vite la sensation d’étouffer.

– À part ça, ils sont grosso modo comme les autres, ayant soif de reconnaissance ainsi que d’un sain équilibre entre le travail et la vie privée.

> 1 ou 2 Africains. Votre équipe est riche d’un ou deux employés originaires d’Afrique ? Très bien, voici ce dont vous devez tenir compte les concernant :

– Leur plus grande attente, c’est d’apprendre continuellement. Oui, d’avoir des occasions répétées de cultiver leurs talents propres ainsi que d’autres talents à même de les aider à progresser sur le plan professionnel. Voilà pourquoi il est on ne peut plus judicieux de leur proposer des programmes de formation.

– À part ça, ils sont grosso modo comme les autres, ayant soif de reconnaissance ainsi que d’un sain équilibre entre le travail et la vie privée.

> 1 ou 2 Chinois. Votre équipe est riche d’un ou deux Chinois originaires d’une mégapole comme Hong Kong ? Voici dès lors vos priorités à leur égard en tant que cadre, par ordre d’importance :

1. Leur attente principale concerne la possibilité de concilier au mieux travail et vie privée. D’où l’intérêt de veiller à leur offrir de belles conditions à ce sujet (ex. : des horaires de travail flexibles permettant d’avoir du temps de qualité en famille…).

2. Ils s’attendent ensuite à être pilotés par un leader visionnaire, c’est-à-dire par quelqu’un qui sait où il s’en va, et donc, où il emmène son équipe. Une fois la direction et la ligne d’arrivée indiquées avec clarté, ils entendent prendre les choses en mains eux-mêmes pour y parvenir au mieux. Et ce, en oeuvrant de manière collective, et non pas individualiste.

3. Ils veulent enfin apprendre sans cesse. L’idée de toujours progresser sur le plan professionnel est essentielle à leurs yeux. D’où l’importance de leur confier des missions en adéquation avec leurs talents propres ainsi que de les inviter régulièrement à acquérir de nouvelles compétences grâce à différents programmes de formation.

> 1 ou 2 Arabes. Votre équipe s’est enrichie des talents d’une ou deux personnes d’origine arabe ? Fort bien, sachez dès lors que:

– Leur attente principale concerne la possibilité de progresser sur le plan professionnel. Ils ont soif de connaissances et de compétences. À vous, par conséquent, d’y répondre au mieux.

– L’équilibre entre le travail et la vie privée est crucial à leurs yeux. D’où la nécessité absolue de tenir compte de certaines réalités, surtout si les personnes concernées sont particulièrement pratiquantes (ex. : horaires de prière, ramadan…).

– Leur travail doit impérativement faire sens à leurs yeux. Pour pouvoir donner leur 110%, il leur est essentiel de bien saisir le pourquoi et le comment de chacune de leurs tâches. Ce qui signifie qu’en tant que leader il vous faut prendre le temps nécessaire pour leur expliciter tout cela.

Voilà. Il ne s’agit là que de quelques exemples concrets. Des exemples limités, je dois le reconnaître en toute humilité : par exemple, tous les Français ne sont pas pareils, si bien qu’il se peut très bien que vous tombiez sur un numéro particulier pour qui il est déplacé de rigoler au travail ; en conséquence, ce serait une grave erreur que de l’inciter à faire des blagues «politiquement incorrectes», ou pis, de vous forcer à en faire vous-même, dans l’espoir de le mettre à l’aise, de le décoincer un peu. Idem, bien entendu, avec les autres : tous les Chinois et tous les Arabes ne sont pas les mêmes ; loin de là.

Toutefois, l’infographie est bel et bien un atout formidable pour qui entend faire (enfin) triper tous ses employés. Pourquoi ? Parce qu’elle vous fournit des pistes on ne peut plus précieuses pour faire vibrer les cordes sensibles – voire cachées – de chacun de vos employés. Et donc, de corriger le tir par rapport au fait que vous peinez tant à voir vos employés triper au travail, jour après jour.

Servez-vous-en judicieusement. Je suis sûr et certain que les résultats ainsi obtenus dépasseront tout ce que vous imaginez.

En passant, la psychanalyste française Françoise Dolto disait : «Tout groupe humain prend sa richesse dans la communication, l’entraide et la solidarité visant à un but commun : l’épanouissement de chacun dans le respect des différences».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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