L'hyper stress, ce tout nouveau fléau invisible

Publié le 31/01/2018 à 06:09, mis à jour le 31/01/2018 à 09:40

L'hyper stress, ce tout nouveau fléau invisible

Publié le 31/01/2018 à 06:09, mis à jour le 31/01/2018 à 09:40

L'hyper stress touche particulièrement les employés hautement performants... Photo: DR

Au Québec, près de 1 employé sur 3 (29%) avoue, sous le couvert de l'anonymat, qu'il souffre au travail d'«hyper stress», c'est-à-dire d'un stress à la fois «trop élevé» et «chronique», selon une étude du cabinet-conseil en ressources humaines Morneau Shepell. Ce stress-là présente des risques non seulement pour le bien-être et la productivité de l'employé, mais aussi – et surtout –pour sa santé physique et mentale:

– Symptômes physiques : douleurs (coliques, maux de tête, tensions musculaires,...); troubles (du sommeil, de l'appétit, de la digestion,...); sensations d'essoufflement ou d'oppression; sueurs inhabituelles; etc.

– Symptômes mentaux : sensibilité et nervosité accrues; crises de larmes; vagues d'angoisse; excitation inusitée; tristesse; sentiment de mal-être; etc.

– Symptômes cognitifs : trouble de la concentration; erreurs et oublis inhabituels; difficulté à prendre une décision; etc.

Le danger provient surtout du fait que ce stress agit dans la durée. En France, l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Ineps) a d'ailleurs lancé récemment une alerte à ce sujet : «Si la situation d'hyper stress se prolonge, les symptômes s'installent ou s'aggravent, entraînant des altérations de la santé qui peuvent devenir irréversibles», a-t-il affirmé. Quelles altérations, au juste? Hypertension artérielle, obésité abdominale, maladies cardiovasculaires, dépression, anxiété, troubles musculosquelettiques, et même cancers... Autrement dit, ce stress peut bel et bien avoir des conséquences d'une extrême gravité.

Autre impact, mis en évidence par l'étude de Morneau Shepell : 20% des managers et 18% des employés souffrant d'hyper stress se disent enclins à donner leur démission en raison de leur souffrance quotidienne au travail. «Il y a plus de salariés que jamais qui vivent avec des niveaux de stress extrêmes, ce qui est particulièrement alarmant pour les employeurs. Car cela fait peser sur l'organisation un risque considérable concernant la fidélisation des employés, outre les risques d'absence et d'invalidité que nous connaissons déjà», souligne Stephen Liptrap, président et chef de la direction, de Morneau Shepell.

Et d'ajouter : «Il est clair que le milieu de travail traditionnel est en train de disparaître, et les organisations n'ont aujourd'hui d'autre choix que de faire du mieux-être et de l'engagement des employés une priorité absolue», dit-il.

Le hic? C'est que l'hyper stress est un fléau invisible : 32% des managers et 27% des employés disent qu'ils sont tout à fait capables de suivre leur routine quotidienne, en dépit du mal qui les accable, révèle l'étude.

«Les organisations doivent prendre conscience que l'hyper stress fonctionnel existe, et qu'il touche souvent les personnes hautement performantes. Ces dernières sont susceptibles de longtemps retarder le moment où elles finiront par demander de l'aide, ce qui entraîne des retards de diagnostic et augmente dramatiquement le risque de crise de santé mentale», estime M. Liptrap.

La question saute aux yeux : «Comment faire pour prendre le problème à bras-le-corps dès à présent?» Pour s'en faire une idée, il convient d'identifier les sources précises du stress en question. Or, l'étude de Morneau Shepell indique que :

– 1 manager sur 2 (47%) considère que son stress provient principalement du milieu de travail. Quant aux employés, la proportion est de 2 sur 5 (42%).

– 1 employé sur 4 (27%) considère que son stress provient principalement de facteurs personnels. ce qui est nettement moins le cas (20%) pour les managers.

Par conséquent, le noeud du problème concerne avant tout... la culture organisationnelle! Il convient de changer de vielles habitudes stressantes pour en adopter de toutes nouvelles, à même de favoriser l'épanouissement professionnel de chacun. C'est aussi simple que ça.

Concrètement, qu'est-ce que ça peut signifier? Une fois de plus, l'étude apporte des éléments de réponse fort intéressants:

> Un milieu de travail plus positif. Mine de rien, nombre d'employés disent souffrir d'isolement au travail : personne n'est vraiment à l'écoute de leurs idées, ou ne prête attention à leurs talents propres. Du coup, ils souhaiteraient une communication à la fois plus fréquente et plus positive; l'idée, c'est qu'il y ait un véritable dialogue entre le manager et les employés, au lieu de l'habituelle attitude du «petit boss» qui passe son temps à commander et contrôler.

> Davantage de soutien. Nombre d'employés en ont assez d'être maternés et rêvent d'avoir davantage les coudées franches dans leur travail. Cela étant, ils n'entendent pas pour autant être victimes de l'excès inverse, à savoir une trop grande liberté d'action. Non, ce qu'ils souhaitent, c'est un manager qui les comprend, les conseille et les soutient dans leurs initiatives, étant bien entendu que le but commun est de contribuer au mieux à l'atteinte des objectifs de l'organisation.

L'ennui dans tout ça? C'est que très peu d'employés croient que leur entreprise est en mesure se lancer dans un tel changement de culture organisationnelle : «Seulement 16% des employés sentent leur organisation assez solide pour s'attaquer à l'hyper stress», dit Paula Allen, vice-présidente, recherche et solutions analytiques, de Morneau Shepell.

Bref, il y a du pain sur la planche...

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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