Gare à la douce tentation du népotisme!

Publié le 02/11/2011 à 09:10, mis à jour le 03/11/2011 à 14:08

Gare à la douce tentation du népotisme!

Publié le 02/11/2011 à 09:10, mis à jour le 03/11/2011 à 14:08

Ainsi, M. Pérez-González a scruté à la loupe 335 entreprises américaines cotées en Bourse durant des années de transition, à savoir pendant une période de temps où s’effectuait un roulement au poste de PDG. Ces entreprises avaient de surcroît une particularité très spécifique : elles étaient détenues par la famille fondatrice ou bien par un tout petit nombre de propriétaires. De celles-ci, 122 (soit 36%) vivaient le cas d’une relève par la parenté, c’est-à-dire que le PDG sortant avait un lien par le sang ou par le mariage avec la personne qui lui succédait.

Pour commencer, le chercheur a évalué la performance financière de chacune de ces 335 entreprises, en tenant compte de multiples critères. Par exemple, il a analysé les actifs qui permettent de créer de la valeur (operating return on assets (Oroa), en anglais), ce que chaque dollar dépensé rapporte effectivement (net income to assets), ou encore la différence entre ce que valent les actifs sur le marché et ce qu’ils valent dans les livres comptables (book-to-market ratio). Et il a affiné les résultats trouvés de la sorte en les ajustant à ceux en vigueur dans le même type de secteur économique et à ceux d’entreprises comparables.

Résultat? «Les entreprises qui nomment au poste de PDG un membre de la famille de celui qui s’en va enregistrent une performance financière nettement inférieure à celles des autres», indique l’étude. De fait, trois années après la nomination du nouveau PDG, l’Oroa affiche en moyenne une performance inférieure de 14%. Idem pour le book-to-market ratio, cette fois-ci inférieur en moyenne de 16%.

M. Pérez-González ne s’est, bien entendu, pas contenté de ce seul constat. Il a cherché à comprendre ce qui pouvait expliquer une telle différence. Il a notamment considéré qu’on ne pouvait pas mettre dans le même sac tous les PDG liens par le sang ou le mariage au PDG sortant, ce qui l’a amené à étudier leur cursus professionnel. Il a alors vu que certains avaient suivi des études poussées, et d’autres pas.

Cela fait-il une différence? «C’est le jour et la nuit! La performance des entreprises dont le nouveau PDG est issu de la famille et n’a pas beaucoup étudié est catastrophique. L’Oroa comme le book-to-market ratio sont quelque 25% inférieurs à ceux des entreprises dont le PDG n’a aucun lien particulier avec le PDG sortant», indique le chercheur dans son étude, en soulignant que cela concernait 54 cas (soit 45% des entreprises dont le nouveau PDG est issu de la famille du dirigeant sortant).

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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