
Sacrer un proche peut se révéler dangereux. Photo : DR.
BLOGUE. Tout créateur est attaché à son œuvre comme s’il s’agissait d’une partie de son être. Oui, comme si c’était son bébé. C’est physique, c’est psychique, c’est complètement irrationnel, c’est plus fort que lui. Et ce, que l’on soit un écrivain, un peintre, un musicien, ou encore… un entrepreneur. Pas vrai?
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Alors quand survient le moment où il faut se détacher de son œuvre – parce qu’on aura beau travailler encore dessus, cela ne l’améliorera plus guère -, le créateur vit un profond déchirement. Il doit laisser sa création évoluer sans lui, pour ne pas dire voler de ses propres ailes, et sentir, impuissant, son cœur se déchirer en mille morceaux. Certes, il aura la fierté de constater que ce qu’il a fait est grand et beau, mais à l’intérieur de lui, tout va se nouer d’un coup, comme s’il allait mourir sur place de cette séparation. Et il aura un dernier réflexe, quasi-incontrôlable, de préserver un lien, même ténu, avec son œuvre. D’un moyen ou d’un autre.
Comment cela se traduit-il pour l’entrepreneur qui part à la retraite? Bien souvent, par l’envie de confier les rênes de son entreprise à l’un de ses enfants. Pour plein de raisons : son fils chéri ou sa fille adorée est une personne exceptionnelle; cet enfant a grandi avec l’entreprise et en connaît tous les ressorts; il a de l’ambition, et c’est justement ce qu’il faut pour développer l’entreprise dans les prochaines années; etc. Mais voilà, toutes ces raisons sont-elles bonnes? La réponse est «non, pas franchement».
Comment puis-je être aussi catégorique? Parce que je m’appuie sur une étude solide, intitulée Inherited control and firm performance et signée par Francisco Pérez-González, professeur de finance à Stanford. La conclusion de celle-ci est lapidaire : «Confier le poste de PDG à l’un des membres de sa famille a souvent un effet désastreux pour l’entreprise elle-même»…