Être positif, ça change vraiment le travail?

Publié le 19/03/2018 à 06:06

Être positif, ça change vraiment le travail?

Publié le 19/03/2018 à 06:06

Ça met en éveil notre curiosité. Et ça, ça change tout... Photo: DR

Aujourd'hui, j'ai envie de m'amuser et de vous soumettre un mot - un seul -, histoire de déclencher une vive émotion en vous. Oui, un seul mot suffira. D'accord? Parfait. Le voici:

Mathématiques.

Vous souvenez-vous de vos chers cours de mathématiques à l'école? Des exercices alambiqués qu'il vous fallait impérativement résoudre, sans trop saisir pourquoi? Hein? Vous voyez, une vive émotion négative commence bel et bien à vous submerger, comme par magie...

Bon. Ne vous inquiétez pas, je ne cherche pas à me montrer méchant. Mais juste à vous conditionner pour ce qui va suivre.

C'est que j'ai mis la main sur une étude passionnante, intitulée Positive attitude toward math supports early academic success: Behavioral evidence and neurocognitive mechanisms et signée par sept chercheurs du département de psychiatrie et de sciences du comportement de l'Université Stanford, à savoir: Lang Chen, Se Ri Bae, Christian Battista, Shaozheng Qin, Tianwen Chen, Tanya Evans et Vinod Menon. Celle-ci met en effet au jour un phénomène aussi étrange que fascinant qui se produit lorsqu'on aborde une tâche rebutante - comme résoudre un exercice de mathématiques - avec une attitude positive. Explication.

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Les sept chercheurs ont demandé à 240 enfants âgés de 7 à 10 ans de donner leur maximum pour résoudre une série de problèmes mathématiques pas trop complexes. Une partie d'entre eux - 47, très exactement - ont accepté de le faire allongés à l'intérieur d'un appareil à imagerie par résonnace magnétique fonctionnelle (IRMf), qui permet de visualiser en direct ce qui se passe dans le cerveau. Et ce, en ayant pris soin de conditionner au préalable chacun des enfants afin qu'ils aient tous une attitude positive à l'égard de ce qui allait leur être demandé (ex.: les rassurer quant à la facilité des exercices qu'il allait leur falloir résoudre, leur marteler le fait qu'ils étaient tout à fait capables de trouver toutes les solutions et même qu'ils allaient avoir du fun à accomplir cette mission plus ludique qu'autre chose).

Qu'ont-ils ainsi découvert? À première vue, rien de transcendant : comme on pouvait s'y attendre, les enfants doués en maths ont affiché une excellente performance, et les moins doués, une moins bonne performance. Mais en scrutant mieux les résultats, les sept chercheurs de Stanford ont fait une belle trouvaille : les images issues du scan des cerveaux ont montré que ceux qui avaient le mieux réussi avaient fait intervenir une petite partie de celui-ci de manière nettement plus active que les autres.

De quelle petite partie du cerveau s'agissait-il? De l'hippocampe, lequel joue un rôle central dans la mémoire et l'apprentissage. Autrement dit, il se produit le phénomène suivant dès lors qu'on adopte une attitude positive par rapport à une tâche qui nous est plus ou moins rebutante:

1. Éveil de notre curiosité. Notre attitude positive active notre hippocampe, ce qui met notre cerveau en mode mémorisation et apprentissage; dit autrement, nous venons d'éveiller notre curiosité, nous voilà prêts à emmagasiner de nouvelles informations et à relever de nouveaux défis.

2. Activation de toutes nos capacités intellectuelles. Motivé à fond, notre cerveau donne son 110% pour accomplir ce qui lui est demandé.

3. Satisfaction et répétition. Une fois une première solution trouvée, notre cerveau en redemande, et s'attelle avec joie à la tâche suivante, convaincu d'aller de succès en succès; et ce, jusqu'à ce que la mission soit totalement accomplie.

Mine de rien, une telle disposition permet d'aborder plus aisément les difficultés qui peuvent survenir en chemin (ex.: un exercice qui nous paraît plus coriace que le précédent). Du coup, nous augmentons nos chances de trouver la bonne solution. «Sans l'ombre d'un doute, le simple fait d'adopter une attitude positive dans une telle situation permet d'être plus efficace dans notre travail», souligne Vinod Menon, l'un des co-auteurs de l'étude.

Voilà donc pourquoi les enfants doués en maths ont réussi à la perfection (ou presque), et les moins bons, en vérité, mieux que d'habitude. Grâce à cela, chacun s'est inséré dans ce que les sept chercheurs de Stanford désignent comme un «cercle vertueux» : notre nouvelle attitude positive éveille notre curiosité, et incite notre cerveau à donner le meilleur de lui-même, y compris si - objectivement - la tâche en question ne nous fait pas triper a priori.

Que retenir de tout cela? Ceci, à mon avis:

> Qui entend se montrer plus efficace que jamais au travail se doit d'adopter une attitude positive, en particulier face à une tâche rebutante. Il lui faut identifier ses talents propres qui vont lui permettre de mener à bien la tâche en question, se réjouir à l'idée de recourir à ceux-ci (par exemple, en se disant que c'est là une splendide occasion d'apprendre et de progresser), se remémorer brièvement la dernière fois que ces talents-là lui ont permis de connaître le succès, et se lancer corps et âme dans l'accomplissement de cette tâche. Car cela lui permettra de s'insérer dans un cercle vertueux, à même de l'aider à réussir mieux que d'habitude.

En passant, le champion de tennis américain Ivan Lendl aimait à dire : «L'important, c'est de transformer l'autocritique en quelque chose de positif».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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