Êtes-vous trop familier de vos collègues?

Publié le 18/01/2012 à 09:46, mis à jour le 19/01/2012 à 13:41

Êtes-vous trop familier de vos collègues?

Publié le 18/01/2012 à 09:46, mis à jour le 19/01/2012 à 13:41

Jordan : c’était sa 6e saison chez les Bulls ; il avait joué 2 200 minutes cette saison-là.

Pippen : 2e saison ; 2 000 minutes de jeu;

Rodman : 1ère saison ; 1 500 minutes de jeu;

Total des deux sommes : 8 100 points

Total divisé par 3 (le nombre de joueurs considéré dans le cas présent) : 2 700 points. Un score énorme.

Qu’a fait alors le chercheur avec tous ces calculs? Il a regardé s’il y avait une corrélation entre le nombre d’erreurs commises par une équipe et son degré de familiarité. Et devinez ce qu’il a trouvé : oui, il y a bel et bien une corrélation. Mais pas n’importe laquelle, une corrélation en forme de U.

En forme de U? Ça signifie qu’au tout début d’une équipe, quand les joueurs ne se connaissent pas bien et apprennent à se connaître, ils commettent de moins en moins d’erreurs. C’est la partie descendante du U. Mais voilà, il arrive systématiquement un moment où la tendance s’inverse : plus les équipiers jouent ensemble, plus ils se mettent à faire d’erreurs. C’est la partie ascendante du U. Et la progression est alors stupéfiante.

Comment cela est-il possible? Comment expliquer un tel phénomène contre-intuitif? «On peut avancer l’idée que lorsque la familiarité s’installe dans une équipe, elle s’accompagne d’un début de routine dans les interactions entre les équipiers. Tel joueur sait alors d’avance où vont se positionner les siens et ce qu’ils vont faire. Tant mieux pour l’efficacité de l’équipe. Mais le hic, c’est que cela représente aussi un grand désavantage compétitif, car les adversaires finissent, eux aussi, par identifier les gestes routiniers de l’équipe où règne une grande familiarité, et donc par anticiper les passes qui vont être faites. Du coup, ils vont les pousser à l’erreur plus facilement qu’auparavant», explique M. Sieweke.

D’ailleurs, signe qui ne trompe pas : le chercheur a également constaté que plus la familiarité était grande dans une équipe, plus sa performance diminuait. C’est qu’en devenant prévisible, une équipe de basket perd grandement en efficacité. Pour revenir à l'exemple du trio magique Jordan-Pippen-Rodman, sa performance s'est mise à décliner dans les saisons suivantes, jusqu'à ce que Michael Jordan prenne sa retraite en 1998 et que l'entraîneur des Bulls, sentant qu'il fallait tourner la page, a refusé de resigner Dennis Rodman.

Ce n’est pas tout! M. Sieweke est allé plus loin dans son analyse, et a regardé si l’entraîneur de l’équipe avait la moindre influence dans ce phénomène. Pour cela, il a considéré grosso modo qu’il convenait d’introduire dans ses calculs le nombre de saisons où celui-ci avait dirigé l’équipe en question et de regarder si cela influençait, ou pas, le nombre d’erreurs commises par l’équipe. Et là encore, une surprise l’attendait : la même corrélation en forme de U.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

Blogues similaires

Les salutations de Jacques Ménard... ainsi que les miennes

Édition du 30 Juin 2018 | René Vézina

CHRONIQUE. C'est vraiment la fin d'une époque chez BMO Groupe financier, Québec... et le début d'une nouvelle. ...