Comment vraiment décrocher du travail?

Publié le 22/08/2017 à 06:18, mis à jour le 04/09/2017 à 09:06

Comment vraiment décrocher du travail?

Publié le 22/08/2017 à 06:18, mis à jour le 04/09/2017 à 09:06

Les vacances peuvent être parfois incroyablement bénéfiques... Photo: DR

Cet été, près de 1 Québécois sur 3 n'ont pas pris de congé. Et ce, notamment parce qu'ils estiment que leurs responsabilités au travail ne le leur permettent pas (32%), que l'état de leurs finances ne le leur permet pas (28%), ou encore que leur santé n'est pas assez bonne pour ça (13%). C'est ce qui ressort d'une récente enquête de CAA-Québec.

Quant à ceux qui sont partis en vacances, la majorité d'entre eux (65%) ont pris un break de seulement deux semaines, ou moins. Et encore, le terme «break» semble exagéré puisque, selon une étude de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés(CRHA), 40% d'entre eux sont alors restés en contact avec le bureau: consultation des courriels, lecture de documents de travail, etc. Ce qui explique en grande partie pourquoi 18% des vacanciers québécois ont avoué être revenus au travail plus stressés qu'ils ne l'étaient avant de partir...

Mon dernier livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement

L'évidence saute aux yeux: les Québécois ne sont pas férus de vacances, loin de là. À cela s'ajoute le fait qu'ils ne parviennent pas, en général, à décrocher lorsqu'ils prennent enfin la décision de partir quelques temps du bureau. Et dire que les congés sont de si bons moyens de booster notre créativité comme notre productivité...

Oui, oui, vous avez bien lu: en ratant vos vacances, vous ratez une occasion en or dynamiser non seulement votre créativité, mais aussi votre productivité au travail! Si, si... C'est ce qui ressort d'un excellent article d'Emma Seppälä, la directrice finlandaise du Centre de recherche et d'éducation sur la compassion et l'altruisme de l'Université Stanford (États-Unis), paru dans le Greater Good Magazine. Regardons ensemble de quoi il retourne.

En s'appuyant sur différentes études scientifiques, Mme Seppälä indique que les vacances sont bénéfiques pour trois raisons principales:

1. Les vacances sont relaxantes

«Une équipe de chercheurs de l'Université de Californie à San Francisco a montré dans une étude que lorsqu'on prend un congé dans un resort on en retire, en général, les mêmes bienfaits que lorsqu'on effectue une retraite axée sur des séances de méditation : cela nous procure de l'énergie, fait diminuer notre niveau de stress et agit même sur notre système immunitaire. Autrement dit, que l'on fasse de manière assidue du yoga ou que l'on passe deux semaines à faire du surf et à se dorer sur la plage, c'est toujours bénéfique pour notre santé physique et psychique», dit-elle.

2. Les vacances nous rendent plus productifs

«Les travaux de Sabine Sonnentag, une professeure de psychologie organisationnelle à l'Université de Mannheim (Allemagne), ont mis au jour le fait que les personnes qui peinent à décrocher du travail sont plus propices que les autres à faire un burnout. Ils ont également montré que ceux qui, eux, parviennent à décrocher se montrent plus résilients face aux situations stressantes ainsi que plus productifs et motivés au travail que les autres. Mieux, ils ont prouvé qu'il nous suffisait de prendre un vrai break de deux jours (par exemple, une fin de semaine) pour voir notre niveau de stress lié au travail chuter d'un coup», poursuit-elle.

3. Les vacances nous rendent plus créatifs

«Des chercheurs de l'Université d'Utah ont découvert dans une étude que des personnes qui avaient passé quatre journées à se promener dans la nature sans aucun gadget électronique (cellulaire, appareil photo,...) avaient vu leur créativité s'apprécier d'un coup de 50%. Autrement dit, ils avaient davantage d'idées neuves et pertinentes à la suite d'un simple break de quatre jours.

«Idem, les travaux de Barbara Fredrickson, professeure de psychologie à l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill (États-Unis), indiquent que les émotions positives qui nous traversent – ce qui survient tout particulièrement lorsque nous sommes en congé – nous rend plus inventifs et plus prompts à penser outside the box», indique-t-elle.

Bien. Les vacances sont de toute évidence bénéfiques pour les employés que nous sommes. Mais voilà, comment réussir nos vacances? Car, vous comme moi, il nous est déjà arrivé de passer des vacances cauchemardesques, où rien ne se passait comme prévu, où nous avons vu fondre toute notre énergie et toute notre joie de vivre. Est-ce que je me trompe? Hum, je sais bien que non...

Fort heureusement, Mme Seppälä y a pensé. Et elle a déniché diverses études scientifiques dévoilant des voies intéressantes à explorer pour qui entend réussir – enfin – ses prochaines vacances, que ce soit une fin de semaine ou plusieurs semaines d'affilée:

> Sortez et livrez-vous à votre passion

«Deux sociologues allemandes ont prouvé dans une étude que l'idéal pour tirer tous les bienfaits de ses vacances consistait à se livrer à une activité qui nous passionne, mais tant que celui-ci n'avait rien d'électronique (pas de jeu vidéo, par exemple!): pratiquer son sport favori, faire de la marche, aller à la messe, etc. Bref, il est impératif de sortir de chez soi le plus souvent possible pour faire ce qu'on aime», dit-elle.

> Entrez en contact avec les autres

«Un nombre grandissant d'études montrent que plus on est connecté aux autres, plus notre santé physique et psychique s'améliore. Cela peut même accroître notre longévité. Pourquoi? Parce que l'être humain est avant tout un animal social, comme le disait Aristote : nous avons besoin des autres pour être nous-mêmes. D'où l'intérêt, pendant les vacances, d'en profiter pour passer du temps avec les nôtres, ou à tout le moins avec des amis chers»,

> Improvisez

«De récentes études indiquent que les vacances que l'on apprécie le plus sont, en général, celles qui sont les moins planifiées. Car une trop grande planification crée un stress qui n'a pas lieu d'être : peur de ne pas avoir le temps de faire telle ou telle visite, comme on l'avait pourtant prévu de longue date, etc. Bref, les activités spontanées qui surviennent lors de nos vacances – un voisin de camping qui propose une sortie en canoë,... – sont celles dont on retire les plus grands bienfaits. D'où l'intérêt d'improviser en congé», dit-elle.

En conséquence, prendre vraiment des vacances est une nécessité absolue. Ne serait-ce que pour la santé de votre carrière. Vous savez, donc, ce qu'il vous reste à faire dès aujourd'hui : louer au plus vite un chouette chalet en Estrie pour la fin de semaine prochaine...

En passant, l'écrivain britannique Arnold Bennett disait : «Rien de tel que des vacances ratées pour vous réconcilier avec une vie de labeur».

Découvrez mes précédents billets

Mon groupe LinkedIn

Ma page Facebook

Mon compte Twitter

Et mon dernier livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement

 

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

Blogues similaires

L’exclusion des cadres des casinos du droit à la syndicalisation serait constitutionnelle

L’Association des cadres de la Société des casinos du Québec a déposé une requête en accréditation syndicale en 2009.

Les salutations de Jacques Ménard... ainsi que les miennes

Édition du 30 Juin 2018 | René Vézina

CHRONIQUE. C'est vraiment la fin d'une époque chez BMO Groupe financier, Québec... et le début d'une nouvelle. ...