Comment voler de succès en succès au travail?

Publié le 08/09/2015 à 05:20

Comment voler de succès en succès au travail?

Publié le 08/09/2015 à 05:20

1. Oubliez les experts

La Red Army est née au milieu du XXe siècle de la volonté-même de Joseph Staline, mais n'a vraiment pris son envol international qu'à partir du moment où l'entraîneur Anatoli Tarasov en a pris la tête, en 1958. Celui-ci n'avait aucune idée de la manière dont on jouait au hockey en Amérique du Nord, toute information à ce sujet étant bloquée en Union soviétique à cette époque reine de la Guerre froide. Un manque qu'il a su tourner en précieux avantage : il n'avait, du coup, aucun a priori sur la façon de jouer en équipe avec des bâtons et une rondelle!

Qu'a-t-il alors fait? Il s'est mis à apprendre deux disciplines : le jeu d'échecs et la danse. Oui, vous avez bien lu : les échecs et la danse. L'explication était simple : les échecs, pour apprendre les notions de base en matière de tactique et de stratégie ; et la danse, pour apprendre à virevolter sur la glace. Autrement dit, pour apprendre à faire des miracles dans une arena, aussi bien à l'aide de combinaisons de jeu hyper efficaces que de prouesses de patinage individuelles.

Ainsi, les joueurs soviétiques ont développé un jeu basé non pas sur la performance individuelle, mais sur le jeu collectif : la priorité de chacun était de passer la rondelle à un joueur mieux placé que lui, le plus vite possible, quitte pour cela à reculer, ce qui était l'exact contre-pied du jeu américain de l'époque, qui consistait grosso modo à amener la rondelle le plus près possible du but adverse pour ensuite miser sur une prouesse d'une des stars de l'équipe pour inscrire un but.

«Tarasov était, par la force des choses, un visionnaire. Il a inventé de toutes pièces une façon de jouer qui s'est révélée être géniale et magnifique, pour ne pas dire magique», estime M. Polsky.

Résultat? Ce qu'il a inventé a permis aux Russian Five de surpasser le jeu de tous leurs adversaires étrangers : de 1958 à 1972, soit durant le règne de Tarasov, la Red Army a empoché 10 titres mondiaux (sur 11 participations) et trois médailles d'or aux Jeux olympiques d'hiver de 1964, 1968 et 1972 (ceux de 1960 avaient été boycottés par l'URSS).

En conséquence, on peut en tirer comme leçon qu'il est faut de croire que seuls les experts peuvent permettre à une équipe ou une entreprise d'atteindre des objectifs ambitieux. Ou encore, que seuls ceux qui ont plus de 10 000 heures d'expérience en un domaine - comme le veut la théorie du psychologue suédois Anders Ericsson popularisée par le journaliste et auteur américain Malcolm Gladwell - maîtrisent celui-ci au point d'être en mesure d'innover radicalement. Il y a en effet un clair avantage à être naïf, à savoir naturel, spontané et authentique. Car de cette seule fraîcheur peut naître l'inattendu, voire l'inespéré.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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