Comment triper au travail passé 50 ans?

Publié le 30/08/2018 à 06:06

Comment triper au travail passé 50 ans?

Publié le 30/08/2018 à 06:06

Il suffit de cultiver cinq caractéristiques précises... Photo: DR

Le temps use, c’est bien connu. Surtout au travail. Il suffit de passer quelques années au même poste, ou encore de voir ses tempes grisonner, pour ne plus s’émerveiller de son quotidien, pour sentir faiblir sa motivation à donner son 100%, pour ressentir la routine comme un fardeau de plus en plus pesant, en particulier lorsqu’il faut se lever le matin.

La question saute aux yeux : comment trouver, dès lors, un nouvel élan au travail ? Oui, comment continuer de triper sur le plan professionnel lorsqu'on a franchi, disons, le cap de la cinquantaine ? Eh bien, je pense avoir trouvé une réponse judicieuse à cette interrogation existentielle, au détour d’un livre passionnant, The creative architect – Inside the great midcentury personality study (The Monacelli Press, 2016) de l’architecte Pierluigi Serraino.

Pour commencer, une petite mise en contexte s’impose… Passionné d’innovation et d’architecture, M. Serraino s’est longtemps penché sur les architectes qui évoluaient aux Etats-Unis dans les années 1950, ce qui l’a mis sur la piste d’une étude scientifique de cette époque qui était depuis tombée dans les oubliettes : à la fin de cette décennie-là, des chercheurs de Berkeley s’étaient intéressés à la créativité et avaient invité 40 sommités de l’architecture à participer à trois journées d’expériences à ce sujet ; l’idée était on ne peut plus simple, à savoir vérifier si la créativité était quelque chose d’inné ou d’acquis, et le cas échéant, identifier les traits caractéristiques des personnes considérées comme géniales.

Parmi ces 40 architectes figuraient – tenez-vous bien ! – des créateurs de légende comme :

– Eero Saarinen, l’inventeur de la Gateway Arch de Saint-Louis, du TWA Flight Center au terminal 5 de l’aéroport international John-F.-Kennedy de New York, ou encore de la Chaise Tulipe de Knoll ;

– Philip Johnson, l’inventeur de la maison de verre de New Canaan, du Seagram Building de New York, ou encore de la Puerta de Europa de Madrid ;

– Ieoh Ming Pei, l’inventeur de l’Hôtel de Ville de Dallas, du musée d’art islamique de Doha, ou encore de la pyramide du Louvre de Paris.

Les 40 ont été répartis en quatre groupes de 10, et chaque groupe s’est retrouvé durant une longue fin de semaine de 1958 ou 1959 sur le campus de Berkeley, en Californie, pour passer une série de tests en lien avec la créativité. Par exemple, les participants devaient colorer à leur guise un carré de 80 cases à l’aide de 22 couleurs différentes, ou bien il leur fallait imaginer où serait situé le troisième bras des êtres humains si nous étions en mesure d’en avoir un. Et ce, en détaillant très précisément leur processus créatif.

Résultat ? L’étude a permis de mettre au jour les 10 caractéristiques des gens «hautement créatifs», soit:

1. Passionné. L’hypercréatif ne pense et ne rêve que de son champ de prédilection.

2. Autonome. Il sait expérimenter dans son champ de prédilection, sans nécessairement avoir à se reposer sur autrui pour ce faire.

3. Solitaire. Il préfère innover seul qu’en groupe.

4. Sûr de soi. Il est conscient de ses facultés exceptionnelles, parfois au point de se considérer comme le meilleur dans son champ de prédilection.

5. Intuitif. Ses innovations reposent en grande partie sur l’intuition, et dans une moindre mesure sur la raison.

6. Spontané. Il agit sans tergiverser, n’ayant pas peur de se tromper car il sait qu’il pourra aisément corriger le tir par la suite.

7. Intelligent émotionnellement. Il est sensible à ses émotions et à celles d’autrui, surtout lorsqu’il s’agit d’innover.

8. Courageux. Il ose ce que d’autres n’oseraient jamais.

9. Critique. Il sait prendre du recul par rapport à ses propres idées et à celles des autres.

10. En mode solution. Il cherche sans cesse à résoudre des problèmes ; et ce, poussé par l’envie de trouver la solution «la plus élégante possible».

Bien. Mais le plus intéressant est à venir. Il se trouve en effet que les chercheurs de Berkeley ont eu la drôle d’idée de rendre visite aux participants à l’expérience… vingt-cinq années plus tard. Vingt-sept d’entre eux étaient encore en vie, et 23 ont accepté de les rencontrer.

Qu’est-il ressorti de ces entretiens ? Que leur créativité n’avait aucunement diminué au fil des années, bien au contraire. Ils étaient tous encore considérés comme des architectes de haute volée, la plupart d’entre eux étant même au sommet de la richesse et de la gloire. Et surtout, ils étaient tous totalement absorbés par leur travail.

Ce qui a permis aux chercheurs de mettre au jour les cinq caractéristiques des gens «hautement performants» en dépit de l’âge, ou, si vous préférez, des nombreuses années d’expérience:

1. Engagé et dynamique. L’hyperperformant expérimenté est motivé à donner son 110%, peu importe les difficultés rencontrées.

2. Ultra compétent. Il maîtrise à la perfection les compétences requises pour évoluer dans son champ de prédilection.

3. Esthète. Il trouve de la beauté et de la grandeur dans ce qu’il accomplit quotidiennement au travail.

4. Bon vendeur. Il est un champion peut vendre ses idées neuves et ses projets novateurs.

5. En mode délégation. Il n’hésite pas une seconde à confier à autrui des tâches que d’autres peuvent accomplir tout aussi bien, sinon mieux, que lui.

Par conséquent, si jamais vous voulez triper au travail passé le cap de la cinquantaine, il vous suffit de cultiver ces cinq caractéristiques. Et le tour sera joué !

Que retenir de tout cela ? Ceci, à mon avis :

> Qui entend triper au travail passé 50 ans se doit de viser l’hyperperformance. Il lui faut évoluer dans son champ de prédilection, y mettre en œuvre les compétences qu’il maîtrise le mieux, et ce, dans le but d’apporter une contribution positive à l’embellissement de l’écosystème dans lequel il évolue. Pour ce faire, il peut se percevoir comme un architecte, c’est-à-dire comme quelqu’un dont la mission consiste à trouver des solutions élégantes à des problèmes précis, en veillant à respecter l’harmonie du milieu dans lesquels ceux-ci surgissent. C’est aussi simple que ça.

En passant, l’architecte américain Frank Lloyd Wright a dit lors d’un entretien accordé au journaliste Mike Wallace en 1957, alors qu’il venait de fêter ses 90 ans : «La jeunesse est une qualité ; quand on l’a, on ne la perd jamais».

 

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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