Comment surmonter un obstacle effrayant au travail?

Publié le 05/10/2015 à 06:09

Comment surmonter un obstacle effrayant au travail?

Publié le 05/10/2015 à 06:09

Poursuivons. Garry Kasparov a enchaîné avec la perception que nous avons de l'échec. Une perception, elle aussi, erronée, selon lui. Au jeu d'échecs, on dit qu'il suffit d'un coup raté pour qu'une partie soit perdue : l'erreur ne pardonne pas. Idem au travail : plantez-vous dans un dossier crucial pour l'entreprise, et vous allez vite vous faire montrer la porte de sortie. «Se tromper fait mal. Mais ce qui est le plus douloureux, c'est de refuser de reconnaître ses erreurs», a-t-il dit.

«Lorsque vous échouez, regardez la réalité en face et cherchez à comprendre ce qui a mal tourné. Il est vital d'analyser les batailles perdues. Pour ma part, chaque partie m'a appris quelque chose, et c'est comme ça que je suis parvenu à rester au sommet du jeu d'échecs pendant vingt ans», a-t-il poursuivi.

Autrement dit, il convient d'avoir une certaine tolérance face à l'échec. Car tous les échecs ne sont pas dramatiques. Ils peuvent même être positifs, en ce sens qu'ils peuvent être riches en enseignements. Pourvu, bien sûr, qu'on ait le cran de regarder la réalité en face, le plus objectivement possible. L'important n'est pas de chercher un coupable, mais le facteur qui a fait pencher la balance du mauvais côté. Et d'agir en conséquence à l'avenir. Garry Kasparov, que plus d'un expert considèrent toujours comme le plus grand joueur d'échecs de tous les temps, est le vivant exemple que cela fonctionne à merveille : l'échec est le meilleur socle du succès.

Attention toutefois à ne pas comprendre de travers le propos de Garry Kasparov : il ne célèbre pas ici l'échec, mais la tolérance à l'échec. Nuance. Et mieux, prône carrément la prise de risque. «Ça vaut toujours la peine de prendre un risque. Toujours. Regardez la Finlande lors de la Seconde Guerre mondiale : il a résisté face à la tentative d'invasion de l'URSS de Staline, même si tout le monde la donnait perdante; et pourtant, elle a vaincu, si bien qu'elle a gagné son indépendance; ce que n'ont pas osé faire les pays baltes, qui s'en sont mordus les doigts pendant des décennies», a-t-il illustré, sous les applaudissements de l'audience finlandaise. Et les vivats ont jailli lorsqu'il s'est amusé à citer Han Solo, dans L'Empire contre-attaque : «Quand C-3PO lui a dit 'Sir, la probabilité de traverser un champ d'astéroïdes sans encombre est de 3.720 contre 1', le capitaine du Faucon Millenium lui a rétorqué 'Ne me parle jamais de probabilités!', et il a foncé droit dedans».

Profitant de l'enthousiasme ainsi suscité, il a lancé un vibrant appel à la prise de risque chaque fois que l'occasion se présente à nous : «Prendre un risque, c'est faire un choix. Un choix parfois difficile, certes, mais là n'est pas l'important. L'important, c'est de saisir que la plus grande erreur qui soit, c'est de ne pas prendre de risque. Comme au jeu d'échecs. Si vous attendez passivement que la guerre survienne, elle surviendra forcément. Et elle sera dévastatrice pour vous. En revanche, si vous avez le courage de l'anticiper, vous vous donnerez une vraie chance de connaître le succès».

Il a alors décoché une flèche explosive en plein foule, histoire de leur montrer combien une attaque surprise pouvait faire de dégâts : «Vous avez dans votre poche un cellulaire. Il y a là plus de technologies que toute la technologie qui a permis à l'humanité d'envoyer un être humain sur la Lune. Et avec ça, vous vous contentez... d'envoyer des oiseaux sur des cochons!». Silence général, pour ne pas dire gêné, vu que l'app Angry Birds est le fruit de la start-up Rovio, la grande fierté de la Finlande depuis le déclin spectaculaire de Nokia. «Bon sang! Où est passée votre audace? Votre goût du risque? Votre envie de bâtir un monde meilleur? Moi, je rêve que mon fils marche un jour sur Mars, et non pas de le voir passer son temps à balancer des oiseaux sur des cochons».

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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