Comment savoir si votre interlocuteur vous écoute vraiment?

Publié le 28/12/2020 à 07:00

Comment savoir si votre interlocuteur vous écoute vraiment?

Publié le 28/12/2020 à 07:00

Une astuce à la portée de tous... (Photo: LinkedIn Sales Navigator pour Unsplash)

BLOGUE. COVID-19 oblige, nous devons nous tenir à distance respectable les uns des autres. Pour notre sécurité. Pour celle de notre interlocuteur. Pour toute la société. Résultat? Nos discussions de ces derniers mois ne sont plus aussi naturelles qu’auparavant: vous comme moi, nous ne nous y faisons pas de parler loin des autres lorsque nous les croisons dans la rue ou sur le lieu de travail, de nous empêcher de donner une tape sur l’épaule, de nous retenir de nous faire la bise.

Pis, dans le cadre du travail, il est devenu plus complexe que jamais de “décrypter” les autres, vous savez, les fameux non-dits et autres signes envoyés via le langage corporel. Si bien qu’il nous arrive de peiner à savoir ce que pense vraiment notre interlocuteur: «Comprend-il bien ce que je suis en train de lui dire?», «Est-il d’accord avec moi?», «Se pourrait-il que, là, elle n’ose pas me contredire, qu’elle se retient de parler ouvertement?», etc.

La solution à cet épineux problème? Je crois l’avoir dénichée dans un livre passionnant, «Je suis un chercheur d’or - Les mécanismes de la communication et des relations humaines» (Les Éditions de l’Homme, 2020) de Guillaume Dulude, le fondateur de la firme montréalaise de coaching Psycom et l’aventurier de la série documentaire «Tribal» diffusée sur TV5 (oui, oui, le type qui a failli se faire bouffer par des cannibales lors de son exploration en Papouasie-Nouvelle-Guinée et qui s’en est sorti grâce à son don exceptionnel pour la communication!)

Dans ce livre, M. Dulude raconte comment il est allé à la rencontre de tribus vivant de manière traditionnelle depuis des millénaires dans l’objectif de découvrir les racines originelles de la communication, à savoir ses éléments fondamentaux qui font qu’on parvient à entrer en contact et à se faire accepter par des gens qui n’ont pas la même culture que nous, pas le même langage, pas les mêmes réactions spontanées à la présence d’autrui. Il montre comment il s’y est pris pour comprendre, analyser et expérimenter les fondements de la communication. Et ce faisant, il nous indique comment mieux communiquer avec les autres - avec notre douce, avec un collègue, avec un étranger,... -, oui, comment échanger et partager des moments riches et constructifs avec qui que ce soit.

L’un des passages du livre dévoile un truc subtil pour savoir si notre interlocuteur nous écoute vraiment, ou pas. Pour l’illustrer, il a pris le cas de figure - assez courant au bureau - où les deux personnes sont assises en face l’une de l’autre. Regardons ça ensemble…

«En général, lorsque nous nous plaçons face à une personne, il faut “écouter” sa position de manière à montrer notre désir de communiquer, note-t-il. Pour ce faire, il est important d’adopter une position légèrement plus avancée que celle de notre interlocuteur. Ces quelques degrés supplémentaires - de 87 à 89 degrés - indiquent que nous “écoutons” sa zone de confort, son territoire. Le fait que nous ajustions quelques degrés pour aller vers lui indique notre intention, notre volonté de partager. Il s’agit donc de ne jamais dépasser cette mince ligne de respect:

- Un angle de dos trop vers l’arrière ou en retrait par rapport à l’interlocuteur est souvent une position de désengagement visant à diminuer la vulnérabilité, l’anxiété d’être rejeté.

- Un angle de dos trop avancé par rapport à l’interlocuteur es une position de contrôle qui diminuera l’autonomie de l’autre et qui augmentera son anxiété ou sa colère. L’interlocuteur restera immobile et voudra même se positionner encore plus vers l’arrière.

«À noter que l’effet miroir positif - un angle de dos vers l’avant chez les deux interlocuteurs - est généralement un bon signe: les deux ont la volonté de se vulnérabiliser, et l’anxiété est basse.

«J’ai constaté que l’effet miroir négatif - un angle de dos vers l’arrière chez les deux interlocuteurs - peut dénoter une relation soit négative, soit positive:

- Relation négative. Cette position peut indiquer un désengagement partagé. La volonté de se vulnérabiliser est faible des deux côtés, la relation est faible et négative, et l’anxiété peut être élevée.

- Relation positive. Il est aussi possible que cette position ne soit qu’un indice du confort des deux interlocuteurs. Dans ce cas, la relation est très bonne et très stable. Cette confiance dans la relation leur permet de se détendre et d’adopter une position confortable, à même de maximiser leur attention. Cette posture est fréquente, par exemple, entre amis, avec une connaissance de longue date ou à la fin d’une conversation qui a suscité beaucoup d’émotions (positives comme négatives) et qui exige maintenant une détente.

«Il est important de tenir compte de la position corporelle assise autant dans les contextes personnels que professionnels, car elle envoie assurément des messages à l’interlocuteur qui auront un impact sur le dialogue et la relation. Par exemple, un supérieur hiérarchique qui reste vers l’arrière donnera l’illusion qu’il est en contrôle et calme, mais il s’agit en réalité d’anxiété, celle de ne pas savoir quoi dire ou comment le dire, de se faire reprocher quelque chose, de perdre la face, d’envenimer le conflit, de ne pas savoir comment faire pour aider son employé à s’améliorer.

«Bref, la peur et l’anxiété sont, la plupart du temps, responsables des positions corporelles vers l’arrière dans les postes de cadre, de gestion et d’autorité. Cette stratégie non consciente vise à réduire sa propre vulnérabilité, à utiliser au maximum le bouclier de l’autorité et malheureusement à dominer l’employé et ainsi empêcher une attaque potentielle. Un tel comportement est très commun dans tous les types de conversations qui comportent des enjeux importants et qui suscitent des émotions négatives.»

Voilà. Souvenez-vous maintenant de votre dernier dialogue avec votre boss et essayez de vous souvenir de sa position corporelle durant la discussion. Peut-être allez-vous maintenant mieux saisir pourquoi il a dit «non» à votre idée ou à votre projet. Ou peut-être allez-vous comprendre pourquoi il a été si “facile” de le convaincre.

Mieux, entraînez-vous à avoir vous-même la bonne posture lors de vos prochains échanges en personne, et, le moment venu, prenez le temps d’identifier celle de votre interlocuteur. Car cela vous permettra de savoir s’il vous écoute vraiment, ou pas.

En passant, l’humoriste français Pierre Dac disait, pince-sans-rire: «Écouter les autres, c’est encore la meilleure façon d’entendre ce qu’ils disent».

 

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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