Comment résister à une pression écrasante?

Publié le 29/11/2011 à 09:25, mis à jour le 01/12/2011 à 13:43

Comment résister à une pression écrasante?

Publié le 29/11/2011 à 09:25, mis à jour le 01/12/2011 à 13:43

Denis Robert fait figure de héros dans la profession. Photo : DR.

BLOGUE. J’ai eu le privilège de rencontrer, cette fin de semaine, Denis Robert, un journaliste français devenu célèbre pour avoir déclenché ce qu’on a appelé «L’affaire Clearstream». À la suite d’une minutieuse enquête, il a montré que Clearstream, une chambre de compensation luxembourgeoise que l’on peut présenter comme «la banque des banques», agissait comme «la meilleure lessiveuse d’argent sale du monde». Une bombe. Qui lui a explosé dans les mains : il a vécu par la suite une saga judiciaire longue de 10 années, marquée par une soixantaine de procédures judiciaires et quelque 400 visites d’huissiers.

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Dix années d’une pression incroyable – il a été traîné dans la boue par d’autres médias français; il s’est retrouvé bien malgré lui au milieu des flèches destructrices de Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, chacun cherchant à «tuer» l’autre pour pouvoir briguer la présidence de la République; etc. – qui se sont terminées par un coup de théâtre : en février dernier, la Cour de cassation française, l’équivalent de la Cour suprême du Canada, a confirmé «le sérieux de l’enquête et l’intérêt général du sujet traité», renversant tous les jugements précédents qui avaient condamné le journaliste. Ce qui a définitivement cloué le bec de la haute-direction de Clearstream et de sa nuée d’avocats.

Comment un homme a-t-il pu tenir le coup? Seul face au colosse financier que représente Clearstream, qui au début de 2011 avait dans ses coffres l’équivalent de 11 400 milliards de dollars américains (c’est grosso modo l’équivalent de la dette publique des Etats-Unis…), surtout en obligations, mais aussi en actions et en or? «Je n’ai jamais vraiment craqué, car je savais que j’avais raison. Mon travail avait été bien fait, et j’étais convaincu qu’un jour ou l’autre, tout le monde le reconnaîtrait», a dit Denis Robert, à l’une des conférences du congrès de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).

«Bien entendu, ça n’a pas été facile tous les jours. Avant 2006, je remportais tous les procès qui étaient intentés contre moi. Mais après ça, j’ai commencé à en perdre, pour des enrtrevues accordées à des médias, ici et là. Et des journalistes ont commencé à dire des bêtises sur moi», a-t-il poursuivi.

Le jugement de la Cour de Cassation a tout changé. «J’ai été soulagé d’un poids énorme. C’était la fin de 10 années de combat judiciaire. C’était une décision historique, qui fait jurisprudence, car la Cour a reconnu qu’un journaliste pouvait commettre de petites erreurs si, comme moi, il est de bonne foi. «L’intérêt général du sujet traité et le sérieux constaté de l’enquête, conduite par un journaliste d’investigation, autorisaient les propos et les imputations litigieux», ont noté les magistrats. Depuis, Denis Robert fait figure de héros dans la profession…

Outre sa conviction d’être dans le vrai, deux autres choses l’ont aidé à résister à la pression : d’une part, ses proches, et d’autre part, ses hobbies. «Mes amis m’ont toujours soutenus, et ont même créé un comité de soutien pour les fonds nécessaires à ma défense en justice. Et je me changeais les idées facilement, en me lançant corps et âmes, des semaines durant, dans ma passion pour la peinture et la bande dessinée», a-t-il dit.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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