Comment redonner espoir à vos employés?

Publié le 28/11/2016 à 05:16, mis à jour le 28/11/2016 à 05:16

Comment redonner espoir à vos employés?

Publié le 28/11/2016 à 05:16, mis à jour le 28/11/2016 à 05:16

L'espoir, c'est à la fois beau, fragile et aérien... Photo: DR

Les temps sont durs, les affaires vont mal, le moral est tout au fond des chaussettes... Rien ne va depuis la crise financière de 2007, nous avons beau faire, personne ne parvient vraiment à s'extraire de la crise économique qui semble ne jamais vouloir finir. Du coup, l'espoir voit ses ailes rognées, lentement mais sûrement. Jour après jour, semaine après semaine, mois après mois.

Que faire? C'est pourtant simple : redresser la tête, bomber le torse, prendre une grande inspiration, puis... oser! Oui, oser fixer le soleil, oser rebattre des ailes, oser se lancer dans l'inconnu! Et revoler de plus belle!

Bon. Plus facile à dire qu'à faire, n'est-ce pas? Eh bien, si telle est votre pensée en ce moment-même, détrompez-vous. En effet, je crois avoir mis la main sur un truc ultrasimple pour renouer avec l'espoir, en dépit du fait que les nuages noires semblent stagner au-dessus de notre tête depuis trop longtemps à notre goût. Une astuce efficace que j'ai dénichée dans une étude passionnante, intitulée Hope as aspirations, agency, and pathways: Poverty dynamics and microfinance in Oaxaca, Mexico. Celle-ci est signée par : Travis Lybbert, professeur d'économie des ressources naturelles et de l'agriculture à l'Université de Californie à Davis (États-Unis); et Bruce Wydick, professeur d'économie à l'Université de San Francisco (États-Unis). Regardons ensemble de quoi il s'agit...

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Les deux chercheurs américains se sont demandé si le fait d'être animé par l'espoir permettait, en général, d'être plus efficace que lorsqu'on se contentait de faire son travail comme il faut, voire lorsqu'on faisait preuve de pessimisme. Plus précisément, ils voulaient savoir si cela faisait une différence dans la performance financière d'un commerçant. C'est que l'impact de l'espoir a déjà été évalué en ce sens d'un point de vue macroéconomique (ex.: à l'échelle d'un pays) – soit dit en passant, cet impact est globalement positif –, mais pas, à leur connaissance, d'un point de vue microéconomique (ex.: à l'échelle d'un groupe de personnes, voire d'un individu); et ils étaient curieux de relever ce défi les premiers.

Pour commencer, il ont donné une définition précise au mot «espoir», c'est-à-dire utilisable dans le cadre d'une étude de science économique. Ils se sont appuyés sur les travaux du psychologue américain Charles Snyder, une référence en matière de psychologie positive qui considérait que l'espoir était toujours caractérisé par trois éléments :

1. But. Lorsqu'on est animé par l'espoir, on a au moins un but bien défini.

2. Voie. Lorsqu'on est animé par l'espoir, on a aussi une idée de la voie à emprunter pour atteindre le but visé.

3. Volonté. Lorsqu'on est animé par l'espoir, on a enfin la ferme volonté d'emprunter la voie pouvant mener au but visé.

Ensuite, les deux chercheurs ont pris la direction de l'État mexicain d'Oaxaca, situé au sud du pays. Et ce, afin d'y rencontrer les dirigeants de l'organisme sans but lucratif Fuentes Libres, lequel vient en aide aux femmes défavorisées, notamment par la création de banques communautaires promptes à faire du microcrédit : une femme peut ainsi se sortir de la misère, grâce à un emprunt auprès d'une telle banque, laquelle accorde plus d'importance au soutien ainsi donné à la personne en difficulté qu'à un éventuel retour sur son investissement.

Leur projet? Procéder à une petite expérience auprès des femmes qui se sont lancées en affaires grâce à un microcrédit supervisé par Fuentes Libres : certaines bénéficieraient d'un programme spécial visant à booster leur espérance en l'avenir, et pas d'autres; puis, on regarderait qui s'en était sorti le mieux sur le plan financier.

Simple comme bonjour. l'organisme mexicain a, bien entendu, dit oui.

La question saute dès lors aux yeux : mais comment s'y sont-ils pris pour booster l'espoir de certaines des participants à l'expérience? Voici le secret, en trois étapes :

1. Un documentaire inspirant. Ils ont sélectionné quatre femmes parmi celles qui avaient connu, grâce au microcrédit, un franc succès dans leurs affaires. Et ils ont tourné un petit documentaire sur elles, sachant que son objectif était d'agir comme un stimulant, pour ne pas dire une source d'inspiration, pour les spectatrices. Une fois ceci fait, ils ont organisé une séance de projection pour les participantes dont ils voulaient booster l'espoir en l'avenir. (Un sondage mené à l'issue de la projection a confirmé que le but visé avait été atteint).

2. Un aimant à frigo inspirant. Ils ont distribué aux participantes un aimant à frigo effaçable comportant trois parties. Dans la première, un espace pour rédiger son objectif de ventes pour la semaine à venir. Dans la deuxième, un espace pour inscrire la somme d'argent qu'elle a réussi à déposer, la semaine passée, sur son compte de la banque communautaire. Dans la troisième, un espace pour noter un objectif à long terme (les plus fréquents ont été : la location d'un stand sur le marché local, le financement des études d'un enfant, ou encore l'agrandissement du logement d'une pièce supplémentaire).

3. Une réunion positive hebdomadaire. Ils ont organisé une réunion hebdomadaire d'une demie-heure, durant un mois. Celle-ci visait à booster les émotions positives des unes et des autres. Ce qui se traduisait par, entre autres, le soulignement des bons coups, la prodigation de conseils pratiques pour être plus heureux et plus efficace dans son quotidien au travail, ou encore la visualisation de ce que serait l'avenir si chacune atteignait son objectif à long terme.

Résultats? Tenez-vous bien, voici ce que l'expérience a donné :

> Un moral à tout casser. Les participantes qui avaient bénéficié du programme ont vu leur moral atteindre des sommets. C'est bien simple, les chercheurs ont noté dans leur étude que celui-ci avait eu «un impact fort et net»; et ce, à de nombreux points de vue :

– Les participantes ont redoublé d'optimisme;

– Elles se sont mises à avoir moins peur de prendre des risques;

– Elles ont eu une vision plus claire de leur avenir;

– Elles se sont dites globalement plus heureuses qu'auparavant.

> Un succès financier. Les participantes qui avaient bénéficié du programme ont vu leurs affaires fleurir comme jamais :

– Leurs ventes ont progressé d'en moyenne 17,7%;

– Leurs profits ont crû d'en moyenne 19,1%;

– Leurs dépôts à la banque communautaire ont augmenté d'en moyenne 14,2%.

À noter, toutefois, qu'il faut prendre ces pourcentages avec des pincettes : les deux chercheurs soulignent dans leur étude qu'il ne s'agit que de résultats préliminaires, après seulement un mois d'expérience; pour les valider (voire les corriger), ils poursuivent actuellement l'expérience, leur idée étant de tirer de véritables conclusions chiffrées au bout de 12 mois. Cela étant, ils sont d'ores et déjà convaincus que le simple fait de redonner espoir à autrui se traduit par une meilleure performance au travail de celui-ci.

Impressionnant, vous ne trouvez-pas? Être animé par l'espoir, c'est payant! Oui, ça rend bel et bien plus efficace et plus heureux dans son quotidien au travail. À tel point que l'employeur en bénéficie, lui aussi, au premier chef. Ni plus ni moins.

Que retenir de tout ça? Ceci, à mon avis :

> Qui entend redonner espoir à ses employés se doit de mettre en place un programme boostant à la fois leur optimisme et leur confiance en soi. Il lui faut prodiguer de l'écoute, du conseil et des ressources à même de remonter le moral des uns et des autres. Par exemple, en s'inspirant de la manière dont s'y sont pris concrètement MM. Lybbert et Wydick avec leur partenaire Fuentes Libres; et en l'adaptant, cela va de soi, à la réalité de sa propre entreprise. Soit procurer à chacun :

– Une source d'inspiration;

– Un moyen simple de se rappeler quotidiennement ses objectifs à court, moyen et long termes;

– Un feedback fréquent et constructif.

En passant, la chanteuse et militante américaine Joan Baez aime à dire : «L'espoir est contagieux, comme le rire».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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