Fascinant, n’est-ce pas? Face à une bonne surprise, nous avons tendance, vous comme moi, à sous-estimer l’importance de celle-ci. Et face à une mauvaise surprise, nous lui accordons beaucoup plus d’importance qu’elle n’en a en réalité. Plus fort encore : après cinq minutes, à savoir une fois l’effet de surprise estompé, nous réussissons à reprendre tous nos moyens et à agir adéquatement.
Vous voyez certainement où je veux en venir. La meilleure stratégie pour résister à l’effet de surprise consiste par conséquent à :
1. Prise de conscience. Avoir conscience que lorsqu’un événement important se produit et nous touche directement, nous allons forcément mal réagir sur le coup.
2. Zen. Au moment précis où l’événement se produit, le mieux est… de ne pas réagir!
3. Temps mort. Ce n’est pas pour autant qu’il faut fermer les yeux comme si rien ne s’était passé. Non, il faut se dire que nous avons cinq minutes pour glaner le plus d’informations possible sur l’événement qui vient de survenir, en résistant à l’envie de sauter à des conclusions.
4. Saine réaction. Une fois les fatidiques cinq minutes écoulées, alors là, oui, vous pouvez enfin vous demander ce qu’il convient de faire. Vous aurez alors mis toutes les chances de votre côté, surtout par rapport à ceux qui ont commis l’erreur de réagir à chaud.
Bon, certains me diront que nous ne pouvons pas toujours avoir le luxe de prendre cinq minutes pour réfléchir. Lors d’un entretien d’embauche, par exemple, c’est difficilement envisageable. Pourtant, je maintiens qu’il est presque toujours possible de… temporiser. Regardez les politiciens quand ils se font poser une question piège en direct à la télévision : ils font une savante digression sur un sujet connexe («Votre question me fait justement penser à…»), en fait, le temps de trouver une réponse appropriée. Cette stratégie n’est pas idéale, j’en conviens, mais elle leur évite au moins de prononcer une énorme bourde, qu’ils traîneront des mois durant comme un boulet…
En passant, Boris Vian aimait à dire : «À quoi bon soulever des montagnes quand il est si simple de passer par-dessus?»…