Comment enfin analyser (au lieu de toujours juger) vos erreurs?

Publié le 01/08/2017 à 06:09, mis à jour le 01/08/2017 à 08:43

Comment enfin analyser (au lieu de toujours juger) vos erreurs?

Publié le 01/08/2017 à 06:09, mis à jour le 01/08/2017 à 08:43

Rien ne sert, en vérité, de se morigéner... Photo: DR

La bourde. Oui, vous venez de commettre une bourde monumentale au travail. Deux pensées se mettent aussitôt à tourner en boucle dans votre cerveau, comme deux hamsters fous dans une même roue : «Quel con! Non mais quel con! C'est pas possible d'être aussi con!» et «Comment est-ce que je viens pouvoir récupérer le coup, cette fois-ci?»

Bref, c'est l'horreur...

La question saute aux yeux : «Comment parvenir à mettre fin à ce sempiternel dysfonctionnement de votre cerveau?». Et par suite : «Comment enfin réussir à analyser froidement la situation, au lieu de toujours la dramatiser et, par la même occasion, vous juger vous-mêmes?» Hum, pas évident de répondre à ça, pensez-vous sûrement. Eh bien, si tel est le cas, j'ai une sacrément bonne nouvelle pour vous. Si, si...

C'est que j'ai trouvé un truc fantastique pour y parvenir. Une astuce dénichée dans une étude intitulée Alternation between different types of evidence attenuates judgments of severity et signée par trois professeurs de science cognitive : Jennifer Whitman, de l'Université Northwestern à Evanston (États-Unis), ainsi que Jiaying Zhao et Rebecca Todd, tous deux de l'Université de Colombie-Britannique à Vancouver (Canada). Regardons ça ensemble...

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Les trois chercheurs se sont demandé s'il y avait moyen d'atténuer la sévérité de nos jugements face à une catastrophe, c'est-à-dire de moins nous laisser gagner par l'émotion et de davantage recourir à la raison dans une telle situation. Pour s'en faire une idée, ils ont procédé à trois expériences complémentaires visant à regarder comment chacun de nous réagissait d'une part lorsque nous étions brutalement confrontés à un drame – en l'occurrence, il s'agissait pour les participants de s'imaginer qu'ils étaient un agriculteur à l'instant-même où il découvrait la dévastation de son verger (ex.: moisissure, insectes,...) –, et d'autre part lorsque nous étions plutôt incités à considérer les différentes facettes de la catastrophe.

Résultat? Il est limpide :

> Avantage à l'approche raisonnée. Dès lors qu'on considère le problème sous ses différents aspects, la sévérité de notre jugement est grandement atténuée. Et cela peut aller jusqu'à l'analyse froide et raisonnable de la situation au lieu des sempiternels apitoiement sur son sort et dénigrement de soi-même. Comment s'explique ce phénomène? Tout bonnement par le fait que l'approche immédiate du problème sous l'angle de la raison permet de faire taire – en grande partie, voire en totalité – nos émotions.

Bon. Facile à dire, impossible à faire concrètement, me direz-vous. De fait, comment peut-on ordonner à notre cerveau de rester calme et raisonnable face à une situation de crise, pour ne pas dire face à un drame? Hein?

Eh bien, les trois chercheurs ont fouillé dans leurs données et ont ainsi mis au jour quelque chose de passionnant, à ce sujet. Ils ont en effet vu que le meilleur moyen pour aborder froidement un problème qui nous concerne au premier chef est de se dire que celui-ci a nécessairement plusieurs aspects et que la priorité des priorités consiste à identifier le maximum d'entre eux, puis à analyser chacun d'eux en profondeur (ex.: son importance, sa dangerosité,...).

L'idée n'est pas de tenter de se mettre en mode solution (c'est beaucoup trop tôt pour ça), mais plutôt en mode identification du problème. Ce que l'on peut très bien faire en s'imaginant, par exemple, que le problème qu'on a correspond, disons, un dé à six faces : les faces de devant et du haut sont celles qui nous sautent aux yeux, ce sont les plus évidentes, mais il y en a d'autres, notamment celles des côtés, ainsi que celles de dessous et de derrière, les plus complexes à percevoir, mais qu'il nous faut impérativement considérer pour pouvoir être réellement en mesure d'évaluer la gravité de la situation. D'où la nécessité de nous mettre sans tarder à étudier le problème, au lieu de monopoliser notre cerveau avec des pensées inutiles comme «Quel con! Non mais quel con! C'est pas possible d'être aussi con et de ne pas avoir pensé à prévenir mon verger des moisissures!» et autres «Comment est-ce que je viens pouvoir récupérer le coup, cette fois-ci?»

Voilà. Que retenir de ça, maintenant? Ceci, à mon avis :

> Qui entend enfin réussir à analyser ses erreurs au lieu de s'apitoyer vainement sur son sort se doit de percevoir son nouveau problème comme... un dé à six faces. Il lui faut faire une priorité d'identifier toutes les facettes du problème en question, puis analyser l'importance, pour ne pas dire la dangerosité réelle, de chacune d'entre elles. Pourquoi? Parce qu'une telle approche du drame vécu va lui permettre d'écarter les émotions de son cerveau pour laisser la place à la raison. Ce qui lui permettra de faire preuve d'efficacité – dans la mesure du possible, bien entendu –, au lieu de se morigéner comme à son habitude.

En passant, le physicien helvético-américain Albert Einstein aimait à dire : «Un problème sans solution est un problème mal posé».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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