Comment (re)donner du sens à votre travail?

Publié le 22/03/2018 à 06:06

Comment (re)donner du sens à votre travail?

Publié le 22/03/2018 à 06:06

Tima Gros est Directrice des Richesses Humaines d'Impak Finance. Photo: DR

J’ai eu le privilège d’assister, la semaine dernière, à l’une des toutes premières réunions du tout nouveau du Club-Ideo, une communauté montréalaise de professionnels soucieux du bien-être au travail et du développement harmonieux des organisations. Chacun y partage le fruit de ses expériences et de ses réflexions personnelles sur les meilleurs moyens de favoriser l’épanouissement des individus au travail, et par la suite, de l’entreprise pour laquelle ils oeuvrent et ce, en toute transparence. Ce qui est d’une richesse inestimable, en ces temps où chacun a le réflexe de garder pour lui ses bons coups - de peur qu’un autre en tire profit - au lieu de les partager sans arrière-pensée avec autrui.

Cette réunion m’a permis de faire la rencontre d’une personne formidable, Tima Gros. D’emblée, elle a su attirer mon attention : lorsqu’elle se présente en disant qu’elle est la DRH de la start-up montréalaise Impak Finance, elle précise que l’acronyme signifie «Directrice des Richesses Humaines». Oui, elle a subtilement remplacé «Ressources» par «Richesses», et ce simple changement fait, à mes yeux, toute la différence. Les employés ne sont dès lors plus un capital à faire fructifier ou une ressource à exploiter, mais bel et bien une richesse à faire briller de tous ses feux…

Tima Gros a tenu, à cette occasion, une conférence sur l’importance fondamentale de donner du sens à son travail ainsi qu’à celui des employés dont on a la responsabilité lorsqu’on est manager. Et elle s’est tout naturellement appuyée sur ses différentes initiatives à ce sujet chez Impak Finance. Des initiatives fort intéressantes, dont j’aimerais partager avec vous celle qui m’a le plus frappé : la connexion des 5 sens.

Avant ça, juste une petite mise en contexte. Impak Finance est née en 2016 et s’est donnée pour mission de mettre la finance au service de l’économie ayant un impact social. Pour ce faire, elle a concocté une application permettant à chacun d’utiliser et de gérer son portefeuille d’Impak Coins, la toute première cryptomonnaie ayant reçu l’aval de l’Autorité des marchés financiers (AMF). La fintech a amassé plus de 1,5 million de dollars auprès de quelque 3000 investisseurs grâce à une campagne d’investissement participatif menée en 2017. Elle emploie actuellement 17 personnes à temps plein.

Bref, Impak Finance a à coeur du faire du bien à la société grâce à une utilisation intelligente de la finance, en l’occurence sa propre cryptomonnaie. Et de toute évidence, cette approche se devait d’être la même dans ses pratiques managériales.

Que vient faire la connexion des 5 sens dans tout ça? C’est assez simple, comme vous allez vite le saisir.

«Les 5 sens correspondent à 5 formes d’intelligence que l’organisation gagne à laisser s’exprimer dans le quotidien au travail, a-t-elle dit. Car ils permettent de capter les forces de chacun, et mieux encore, de souder les uns aux autres comme jamais.»

Grosso modo, les 5 sens ainsi perçus reviennent à ceci (Tima Gros n’a pas eu le temps d’aller en profondeur sur ces points, mais je me permets de les développer, sans, je pense, trahir sa pensée):

> Le toucher. C’est tout ce qui passe par la main, par la peau de manière plus générale. C’est ce que l’on sent et ce que l’on ressent en faisant. C’est, donc, le faire, l’agir, le passage à l’action. Autrement dit, pour qu’une personne puisse s’épanouir dans son travail, il faut lui laisser faire elle-même les choses qu’elle sait et aime faire. Il faut qu’elle se sente autonome dans son travail.

> L’odorat. C’est tout ce qui passe par la sensation olfactive, tout ce qui est immatériel dans notre quotidien au travail. C’est tout ce qui est intuitif. C’est, donc, le penser, l’imagination. Autrement dit, si l’on veut favoriser l’épanouissement d’un employé, il convient de le laisser recourir à son intuition (on dit d’ailleurs «avoir du pif», n’est-ce pas?). Il faut qu’il puisse faire preuve d’initiative.

> La vue. C’est tout ce qui passe par nos yeux et nous permet d’avoir une compréhension instantanée de notre environnement. C’est la vision, le point de vue personnel que nous avons de notre réalité, voire de notre futur. Autrement dit, impossible de donner du sens à son travail si l’on n’a pas une bonne vision de celui-ci, une vision à court comme à moyen et long terme.

> Le goût. C’est tout ce qui nous permet de ressentir du plaisir, ou du dégoût, dans ce qui fait notre quotidien. C’est la satisfaction que l’on retire du simple fait de travailler, c’est-dire d’user de nos talents propres dans le cadre de notre travail. D’où l’importance de veiller à ce que chacun puisse bel et bien exprimer et développer ses compétences particulières, jour après jour.

> L’ouïe. C’est tout ce qui concerne l’écoute, la nôtre comme celle d’autrui (ex.: notre boss). C’est ce qui nous permet de bien comprendre ceux avec qui nous travaillons quotidiennement, et ce qui leur permet de bien nous comprendre. C’est ce qui fait que nous sentons que nous faisons oeuvre utile au sein de notre équipe. Autrement dit, l’écoute est primordiale pour le sentiment d’affiliation.

Voilà. Si l’on entend donner du sens à notre travail, il suffit de regarder ça à travers le prisme des 5 sens. Car cela nous permettra de voir quels sens nous utilisons plus que les autres, et par suite, didentifier ceux qu’il nous faut cultiver davantage pour, le cas échéant, redonner du sens à ce qui, à première vue, n’en a pas assez, voire plus du tout. C’est aussi simple que ça. Vous voyez maintenant, j’imagine, pourquoi j’ai été tant séduit par l’approche managériale de Tima Gros : elle brille d’intelligence, tout bonnement.

«Lorsqu’on recourt aux 5 sens, il devient assez facile de s’assurer que chacun trouve sa place au sein de l’équipe, voire de l’entreprise. Car chacun saisit dès lors le sens de son propre travail», dit-elle.

Une dernière astuce, pour finir. Un beau jour, Tima Gros a invité les employés d’Impak Finance à réinventer leur titre, un peu comme elle l’avait fait en remplaçant «Ressources» par «Richesses». Résultat? Si vous cliquez sur l’onglet «Équipe» du site Web de la fintech, vous découvrirez quelques pépites, du genre «Président et chef d’orchestre», «Distillateur d’expériences» et autres «Ninja polyvalent». Des titres, je le souligne, qui sont officiels et témoignent, selon moi, de la place laissée à la créativité de chacun. Inspirant, n’est-ce pas?

Que retenir de tout cela? Ceci, à mon avis:

> Qui entend (re)donner du sens à son travail se doit de recourir à la connexion des 5 sens. Il lui faut identifier la manière dont il utilise chacun de ses sens dans son quotidien au travail, puis trouver le moyen de davantage utiliser ceux qui ne sont que trop peu mis en oeuvre. Car cela lui permettra de développer à la fois compétences, affiliation et autonomie; et par suite, de trouver tout simplement un nouveau sens à son quotidien au travail.

En passant, l’écrivain français Stendhal a dit dans ses Lettres : «Il faut secouer la vie; autrement elle nous ronge».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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