Pas évident d'aller réclamer plus de sous à son boss... Photo : DR.
BLOGUE. Rire vous ferait-il du bien? Oui? Vraiment? Super! Ça me donne l’occasion de partager avec vous un petit livre sur lequel j’ai mis la main hier, dont le seul titre prête déjà à sourire : L’art et la manière d’aborder son chef de service pour lui demander une augmentation (Points, 2010)…
Découvrez mes précédents posts
Suivez-moi sur Facebook et sur Twitter
L’air de rien, cet ouvrage humoristique est un véritable bijou pour qui se pique de management et de leadership. Il décrit les mésaventures d’un employé de bureau quelconque qui a envie d’aller réclamer une augmentation à son boss, mais qui n’a aucune idée de la bonne façon de s’y prendre. Chaque initiative donne lieu à mille tergiversations, si bien qu’il ne sait plus trop ce qu’il doit faire.
L’auteur de ce livre? Son nom dira tout à ceux qui le connaissent déjà : Georges Perec. Son style est à nul autre pareil : dans La Disparition, il s’est amusé à rédiger un roman complet sans jamais utiliser la lettre «e»; ici, dans L’art et la manière…, il n’a utilisé aucun signe de ponctuation (pas de virgule, pas de point, etc.). Il a connu la consécration en 1978, quatre années avant son décès, lorsque La Vie mode d’emploi a remporté la prix Médicis, roman dans lequel il explorait de manière méthodique la vie des différents occupants d’un immeuble.
Là, dans L’art et la manière…, il décrit par le menu chacun des faites et gestes de ce pauvre employé de bureau, et donne à la toute fin du roman un schéma décrivant chaque étape, avec les différentes possibilités qui s’offraient à lui. Commençons par le début, vous allez tout de suite saisir :
L’employé - «vous» dans le texte – se rend au bureau de son chef de service, monsieur X. Deux cas de figure sont possibles : il est à son bureau, ou il n’y est pas. Pérec analyse alors chacun des cas de figure, en parallèle : s’il n’y est pas, l’employé peut décider de retourner à son bureau, ou bien décider de guetter son retour dans le couloir, et dans le dernier cas, finir par décider de retourner à son bureau au bout d’un certain temps, ou bien d’aller faire un tour dans le bureau voisin de Mlle Y, histoire de guetter plus discrètement le retour de M. X ; en revanche, s’il est à son bureau, alors deux possibilités sont envisageables, à savoir que si l’on frappe à sa porte ouverte, soit il lève la tête, soit il ne lève pas la tête pour voir qui vient à son bureau. Etc. Etc. Etc.
Maintenant, un court extrait pour vous montrer l’aspect tout aussi étrange de la forme de ce roman atypique :