Comment créer une ambiance de travail chaleureuse?

Publié le 06/02/2020 à 06:06

Comment créer une ambiance de travail chaleureuse?

Publié le 06/02/2020 à 06:06

Une rare occasion de se faire du bien... (Photo: Trent Szmolnik/Unsplash)

BLOGUE. J’ai une petite question à vous poser, aujourd’hui : lorsque vous pensez à votre lieu de travail, quel est le qualificatif qui vous vient tout de suite à l’esprit? Pensez-y fort, là, maintenant, sans réfléchir.

Ça y est? Vous en avez trouvé un? Je croise les doigts pour que ce ne soit pas quelque chose du genre «stressant» ou «ennuyant», mais plutôt du genre «plaisant» ou «convivial». Mais, bon, je sais bien qu’en vérité deux qualificatifs vous ont sauté à l’esprit en même temps, un positif et un négatif. Car j’ai déjà fait le test en conférence, et j’ai noté que les opinions émises allaient presque toujours par paire de qualificatifs opposés. C’est qu’aucun milieu de travail ne peut être parfait.

Pourquoi cette interrogation, vous demandez-vous sûrement? Parce qu’un curieux détail a attiré mon attention : personne, à ma connaissance, n’a jamais utilisé le qualificatif «chaleureux». D’ailleurs, posez-vous vous-même la question : mon lieu de travail est-il chaleureux? Je vois d’ici votre petite grimace, comme si c’était là un qualificatif incongru... Pas vrai?

Pourtant, ce serait chouette de travailler dans un lieu chaleureux. C’est ce que j’ai réalisé l’autre jour en lisant la chronique que George Orwell – l’un de mes auteurs fétiches, tant ses propos pétillent d’intelligence et d’ironie – a signé dans l’édition du 12 janvier 1946 de l’Evening Standard. Son titre : «A nice cup of tea». Voici de quoi il s’agit…

Pince-sans-rire, George Orwell note qu’aucun livre de recettes de cuisine britannique n’indique comment bien préparer le thé. Ce qui est fort étrange pour un pays dont la dégustation de ce breuvage est l’une de ses principales caractéristiques aux yeux du monde entier, souligne-t-il.

Ni une ni deux, il se propose donc de pallier cet horrible manque, en donnant sa propre recette, en 11 étapes précises et minutieuses. Ce qui m’a souvent fait sourire – il voue aux gémonies ceux qui prennent du thé chinois, alors que pour lui les seuls bons thés viennent nécessairement d’Inde et de Ceylan –, mais aussi ce qui m’a fait découvrir que – curieusement – je prenais mon thé exactement comme lui, au détail près! Je n’avais jamais saisi à quel point j’étais maniaque dans ma préparation du thé – 11 étapes, tout de même ! –, mais surtout – et c’est là où je veux en venir – à quel point ce rituel quotidien… me faisait du bien.

George Orwell l’affirme catégoriquement : «Boire un bon thé permet de se sentir plus sage, plus courageux et plus optimiste». Et c’est vrai. Je peux en attester.

Mais pourquoi donc? Vous me connaissez, j’ai creusé un peu le sujet…

Lawrence Williams est professeur de marketing à l’École de commerce Leeds de l’Université du Colorado à Boulder (États-Unis). Et John Bargh, professeur de psychologie et de management à l’Université de Yale. Ensemble, ils ont mené en 2008 une drôle d’expérience : ils ont fait boire un bon café chaud à certaines personnes et un bon thé froid à d’autres, puis ils ont demandé à chacun d’eux ce qu’ils pensaient de ceux qu’ils côtoyaient au quotidien, en particulier au travail.

Résultat? Je vous le donne en mille : ceux qui avaient bu le breuvage chaud étaient plus prompts à considérer les autres comme «généreux» et «bienveillants» que ceux qui avaient bu le breuvage froid. Autrement dit, le simple fait de savourer un breuvage chaud rend plus chaleureux. C’est comme si la chaleur de ce qu’on boit se transmettait à notre intelligence émotionnelle.

Dans leur étude, les deux chercheurs avancent une explication à ce phénomène : la chaleur d’un délicieux breuvage nous ferait revenir à notre tendre enfance, cette période magique où nos parents comblaient tous nos besoins essentiels (sécurité, confort…) sans qu’on ait rien à demander, et cela ouvrirait toutes grandes les portes de notre intelligence émotionnelle.

Ce n’est pas tout. Les travaux des chercheurs Francesca Gino et Michael Norton, tous deux de la Harvard Business School, montrent que les rituels – comme celui qui consiste à se servir un bon thé – sont riches en bienfaits insoupçonnés. Ainsi, un rituel permet de se sentir plus calme face à l’incertitude. Ou encore, il permet d’atténuer la pénibilité d’une douleur psychologique récurrente.

Fascinant, n’est-ce pas? Une simple tasse de thé chaud, et le monde devient plus beau. D’où ma suggestion pour rendre votre lieu de travail plus chaleureux : faites un rituel quotidien de vous servir une tasse de thé; mieux encore, de préparer une théière que vous partagerez avec des collègues qui, sans en avoir vraiment conscience, manquent un peu de chaleur au travail. Car, vous comme les autres, vous deviendrez dès lors «plus sage, plus courageux et plus optimiste».

En passant, l’humoriste français Pierre-Jean Vaillard aimait à dire : «Je sais maintenant pourquoi les Anglais préfèrent le thé : je viens de goûter leur café».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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