Cela me surprend chaque fois que je consulte Linkedin ou Facebook. Je ne sais pas si c’est un hasard, ou si je les attire, mais grande majorité des gens qui veulent joindre mes réseaux se disent entrepreneurs. C’est à croire que 95% de la population mondiale sont des… mais où sont les employés ?
Depuis quelques années, l’entrepreneuriat est tendance. On veut tous se lancer en affaires, on a tous des cartes professionnelles, on est tous patrons. Pourtant, toutes les études le démontrent, nous n’avons pas assez d’entrepreneurs. Alors dans la vraie vie, qui donc est réellement un entrepreneur ?
Il m’est déjà arrivé de mettre un pansement sur le doigt de ma fille, suis-je infirmier ? J’ai déjà changé l’huile de ma voiture, suis-je garagiste ? Pour moi, les mots sont importants et je tiens à ce que l’on utilise les bons termes afin de respecter l’effort de tous.
Quoi de plus insultant pour quelqu’un qui travaille d’arrache-pied pour atteindre ses objectifs de voir quelqu’un s’autodéfinir comme chanteur, boucher ou ingénieur. Traitez-moi de vieux jeu, mais on ne s’octroie pas les titres, on les mérite.
Je me rappelle de mon premier cours de science politique à l’Université de Montréal. J’ai alors découvert que j’étais dans la pire des sciences, soit celle où tout le monde mélange opinions et faits. La science pure est plus simple. Une suite logique qui mène à une conclusion logique. 1 + 1 = 2. Point final, pas d’opinion, pas de divergence de vues, pas de discussion.
Derrière la science de l’entrepreneuriat se cache un monde beaucoup plus complexe. Pour certains, il suffit de vouloir pour l’être. Pour d’autres, il faut avoir entrepris ne serait-ce qu’un début de plan d’affaires. Mais pourquoi avons-nous autant de difficulté à trouver la définition de l’entrepreneur ?
C’est bien dommage, car comme pour tout abus, ça enlève le côté noble de la tâche colossale qu’il faut accomplir pour accéder à ce rang. On ne naît pas dentiste, graphiste ou architecte, on le devient à force de travail, de talent, de persévérance et d’efforts. Alors, pourquoi accepter autre chose pour le titre d’entrepreneur.
Après tout, je pourrais laisser les gens faire ce qu’ils veulent, mais c’est plus fort que moi. J’ai mérité le titre d’entrepreneur au fil des années. Je suis un entrepreneur aujourd’hui, car j’ai bûché fort. Je suis un entrepreneur, car j’ai eu une idée et j’ai tout fait, et même plus, pendant des années pour le devenir. Je suis un entrepreneur, car je prends des risques chaque jour, car je n’abandonne pas devant une porte fermée, car j’ai décidé que c’est ce que je voulais être, pas ce que j’étais d’emblée.
On pourrait facilement dire la même chose de tous les entrepreneurs de la planète qui ont tous, d’une manière ou d’une autre, navigué à travers les multiples défis du parcours entrepreneurial.
Bien sûr, l’entrepreneuriat peut cependant prendre plusieurs formes. Entrepreneuriat social, repreneuriat, intrapreneuriat et j’en passe.
Je ne veux pas m’approprier le titre d’entrepreneur ni imposer ma définition de celui-ci, cependant, je tiens à protéger cette appellation tout comme les avocats et médecins protègent la leur. Trop d’heures, de sacrifices et de travail ont été mis par des milliers d’entrepreneurs du Québec et d’ailleurs pour que l’on puisse accepter que tous s’approprient ce titre convoité.