
(Photo: Sebastien Cordat pour Unsplash)
BLOGUE INVITÉ. Comme la plupart d’entre vous, j’ai été extrêmement heureux et surpris de voir nos Canadiens atteindre la série finale de la Ligue nationale de hockey. En effet, chaque année, depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours l’espoir, en début de saison, de voir nos glorieux soulever la Coupe Stanley pour une 25e fois.
Mes souvenirs d’enfance sont inondés de références à la riche histoire de la Sainte Flanelle. Mon grand-père, né en 1909, tout comme les Canadiens d’ailleurs, a suivi les exploits de Richard, Béliveau, Morenz, Bouchard, Dryden et les autres tout au long de sa vie.
Je me rappelle de mon premier match au Forum que l’on avait remporté 4 à 3 contre les Sabres de Buffalo, de mes larmes versées en 1989 en regardant Lanny McDonald et sa légendaire moustache soulever la coupe, d’avoir été sous le choc le soir du 2 décembre 1995, et surtout, de voir ma mère dans le corridor de l’école venir me sortir de ma classe afin d’aller voir le défilé de juin 1993 !
Les Canadiens sont beaucoup plus qu’une équipe de hockey, c’est une grande partie de l’histoire du Québec, un peu comme les Yankees pour New York ou le Santos FC pour le Brésil.
Pour tout vous dire, j’ai eu des frissons lors des dernières secondes du match leur permettant d’éliminer les Golden Knights de Las Vegas. Que l’on soit amateur de sports ou pas, rarement peut-on vivre autant d’émotions profondes que lors d’évènements sportifs.
Rappelez-vous du fameux « Golden Goal » de Sidney Crosby aux Jeux de Vancouver, de la première médaille d’or olympique obtenue par un athlète canadien en sol canadien, Alexandre Bilodeau, ou de celle de Sylvie Bernier en 1984 à Los Angeles.
En tant qu’entrepreneur, les Canadiens de Montréal m’ont toujours fasciné et inspiré. Malgré les différentes périodes creuses des dernières années, ils ont toujours réussi à entretenir la flamme dans le cœur des partisans, remplissant le Centre Bell lors de chacun des matchs, qu’ils soient au sommet ou à la base du classement général. Le Canadien de Montréal est peu souvent cité comme étant un fleuron du Québec inc., bien qu’il mérite entièrement cette mention.
Les 575 millions de dollars (M$) investis en 2009 par la famille Molson et leurs partenaires afin d’en redevenir propriétaires ont triplé de valeur depuis. Aujourd’hui évalué à plus d’un milliard et demi de dollars, le Canadien de Montréal se trouve au troisième rang des équipes les plus chères, derrière les Rangers de New York et les Maple Leafs de Toronto.
Étant une entreprise privée, les réels chiffres sont difficiles à connaître. Cependant, selon le palmarès annuel du magazine Forbes, les Canadiens se tirent très bien d’affaire. Elle est, notamment, l’équipe recevant le plus de redevances tirées des droits de télédiffusion, soit 60 M$, contribuant à un bénéfice d’exploitation dépassant les 100 M$, pré-COVID-19 bien entendu.
Bien que les chiffres parlent d’eux-mêmes, ce qui me fascine le plus est l’amour indéfectible du public envers l’entreprise. Peu importe la « qualité » du produit sur la glace, les résultats ou parfois le manque de résultats, le prix des billets ou de la bière, et les crises qu’elle traverse, l’équipe a réussi au fil des années à faire de ses fans des clients fidèles, passionnés et engagés.
Je ne connais aucune entreprise, incluant la mienne, qui ne souhaiterait jouir d’un amour aussi profond et d’une fidélité aussi sincère qui permet aux Canadiens de Montréal de traverser les époques, les générations et les tempêtes. À bien y réfléchir, c’est très certainement la seule entreprise dans l’histoire du Québec qui a réussi ce magnifique tour du chapeau !